05 février 2025

≡ Isis, La Vierge D’Égypte

La Vierge de l'Apocalypse (XVIIIe siècle) huile sur toile de Michel A. Barlejo. Musée de Querétaro au Mexique. La vierge sur le point d’enfanter, entourée de la Lune, du Soleil et des Étoiles, est menacée par le dragon voulant dévorer l’enfant.



« Voici Venu Le Dernier Âge De La Cuméenne Prédiction; Voici Que Recommence Le Grand Ordre Des Siècles Déjà Revient Aussi La Vierge, Revient Le Règne De Saturne. Déjà, Une Nouvelle Race Descend Du Haut Des Cieux. Cet Enfant Dont La Naissance Va Clore L’âge De Fer Et Ramener L’âge D’or Dans Le Monde Entier; Protège-Le Seulement, Chaste Lucien : Déjà Règne Ton Cher Apollon. » Virgile (70-19, Av. J. – c), Quatrième Bucolique



L'histoire d'Isis, légende racine de l'Égypte ancienne, qui ne cessera de hanter l'imaginaire de l'Occident, tant la déesse partage de traits avec la Vierge Marie, s'inscrit-elle aussi dans ce scénario : 


Après deux quêtes opiniâtres, la déesse favorite des Égyptiens finit par retrouver et rassembler les morceaux épars de son frère-époux assassiné par Seth, le dieu du désordre. Transformée en milan, elle parvient, seule, à réveiller les ardeurs génésiques du défunt, assimilé à la première momie. 


Isis vole au-dessus du phallus d'Osiris et, par sa puissance créatrice, par la force de son amour, elle parvient à « extraire la semence » du « dieu au cœur défaillant » afin de mettre au monde un fils.



La conception « Post Mortem » d'Horus, fils solaire né le 25 décembre de celle qui a tous les attributs d’une « Vierge Mère », est mentionnée très tôt dans les Textes des Pyramides, un corpus gravé sur les parois des caveaux de certaines pyramides, « vers 2380-2200 avant notre ère » et considéré comme la plus ancienne des compositions funéraires de l'humanité.


Mais il faut lire le fameux papyrus du Louvre n° 3079 pour comprendre que ce qu'a accompli Isis — considérée en Égypte comme « la grande magicienne » — est tout à fait exceptionnel : 



« O, Osiris, je suis ta sœur Isis. Il n’y a ni Dieu ni déesse qui puissent faire ce que j’ai accompli. J’ai fait l’homme, bien que je sois une femme, pour que ton nom perdure sur la Terre; quand ton germe divin fut en moi, je le déposai à terre afin qu’il protège ton corps, qu’il guérisse tes blessures et rende le mal à son auteur. »



C’est Justement D’Égypte Que Provient Le Traité De La Bibliothèque Copte De Nag-Hammadi Intitulé Le Tonnerre, Intellect Parfait. 



Ce discours autodéclaratoire, écrit deux cents ans après le Christ, met en scène une entité divine féminine, envoyée comme émissaire par la « Grande Puissance ». Complexe à interpréter, cet écrit est néanmoins passionnant, puisque les textes anciens dont l'instance narrative est un personnage féminin, sont très rares dans l'Antiquité.


Mais plus rares encore sont ceux dans lesquels un personnage féminin joue un rôle central dans la révélation du salut. L'autodescription de ce Féminin spirituel se fait à l'aide d'oxymores pour choquer l'auditoire par le non-conformisme des énoncés et l'inciter à chercher un sens nouveau : 



« Car c'est moi la première et la dernière. C'est moi celle qui est honorée et celle qui est méprisée. C'est moi la prostituée et la vénérable. C'est moi la femme et la vierge. C'est moi, la mère et la fille. (…) C'est moi, celle dont les mariages sont multiples et je n'ai pas pris mari. » 




— Le Monde Des Religions (H.S)

— Extrait De « Les Grands Mythes De L’humanité »




 Florence Quentin —