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13 septembre 2024

Connaitre Ibn ‘Arabi


Ibn 'Arabī nait le 7 août 1165, à Murcia (Espagne) il décède le 16 novembre 1240 à Damas (Syrie). C’est un ouléma, théologien, juriste, poète, soufi, métaphysicien et philosophe arabe andalou.


Reconnu dans le soufisme comme le plus grand Maître (ash-Shaykh al-Akbar). Ibn 'Arabi est un moniste intégral qui théorise l'Unicité de l'Être. Dans l'ésotérisme islamique, il est considéré comme le «sceau de la Sainteté» Panthéiste, il reconnaît à travers son expérience le visage de Dieu, l'empreinte divine en toute forme et en toute image.


Le monde s'offre à l'homme comme la célébration perpétuelle de la Présence Divine.


Sans chercher à attenter à la Loi islamique, réfutant la posture de révolte d'un Hallàj ce supplicié de l'Islam, Ibn 'Arabi admet l'équivalence de toutes les croyances religieuses. La variété des doctrines, la multiplicité des Lois, la spécificité des rituels ne constituent que des formalisations particulières destinées à verbaliser l'ardeur divine qui habite l'homme.


Situant l'expérience religieuse en dehors de la mesure morale, en dehors du partage entre le châtiment et la récompense, amené de ce fait à nier l'existence des Enfers comme séjour, sinon provisoire, considérant que le Paradis accueillera, pour l'éternité, tout être, Ibn 'Arabi fut souvent combattu par les théologiens sunnites, notamment le Syrien Ibn Tay-miyya (XIIIe s.). 


Doué d'une énergie spirituelle exceptionnelle, il se donne la capacité de convoquer les Prophètes lors des «présences imaginales».


Réfutant l'accusation d'hérésie, Ibn 'Arabi se considère néanmoins l'équivalent des Envoyés de Dieu tout en admettant que la Loi soit parachevée par Muhammad, le sceau des Prophètes.


Si l'homme ne peut plus être dépositaire d'une Loi nouvelle, il peut toutefois retrouver la même proximité avec Dieu.


Outre des accents et références néoplatoniciens, la méthode d'Ibn 'Arabi présente des recoupements avec le taoïsme, surtout dans sa théorisation du coït cosmique, de la solidarité des pôles féminins et masculins ainsi que de l'union des contraires appliquée à la grande question divine, vacillant entre l'anthropomorphisme et la transcendance pure.


Ibn 'Arabi considère que chacune de ces deux postures, l'interdit de représentation ainsi que la légitimité idolâtrique, mérite d'être expérimentée selon ses normes et ses exigences propres.


D'ailleurs, ce genre d'expérimentation, ontologique et esthétique, de l'expression divine, est rapportée dans son divan, «L'interprète des ardents désirs» (Turjumàn al-ashwàq). L'auteur y intériorise aussi bien des figures bibliques ou christiques que coraniques. Ces poèmes sont inspirés par une femme persane rencontrée à La Mecque, sorte de préfiguration de Béatrice. 


Tandis que ses Fuçùs al-Hikam (Les Gemmes de la Sagesse) analysent, dans une langue elliptique, tremblante, superbe, les diverses expériences éprouvées par les Prophètes par le truchement du Verbe.


Cette démarche, soumise à une lecture très hardie et personnelle du Coran, est un prétexte pour élaborer une théorie sophistiquée concernant la scène de la représentation : vision, forme, image, signe, imagination, tels sont les concepts majeurs ici éclairés.


Quant à ses vastes Futùhàt Makkiyya (Conquêtes Spirituelles), elles constituent la plus complète somme encyclopédique du soufisme; c'est une œuvre polymorphe où sont exposés les termes techniques destinés à rapporter l'expérience, le symbolisme des rituels islamiques, des fragments d'autobiographie spirituelle, une vision eschatologique qui aurait inspiré les milieux ésotériques du christianisme occidental, des paysages métaphysiques propres à abriter la hiérarchie créatrice, des notations psychiques d'une tranchante vérité...


Ibn 'Arabi a été admirablement illustré par les lyriques Persans. Sa théorie constitue une des composantes du syncrétisme propre à l'école métaphysique de Perse. Il a inspiré maints glossateurs arabes, dont l'émir algérien 'Abd al-Qadir qui fut son premier éditeur.


En France, Guénon en fut l'admirateur, le commentateur, le disciple, et Henri Corbin, l'attentif vulgarisateur.



— Dimanche 8 septembre 2024



Édité Par Aron O’Raney —