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16 août 2024

La Gare d’Oran, Je M’en Souviens…

 


Je me souviens fort bien, tout est encore vivace dans ma mémoire. Prés de la Gare d’Oran, non loin de l’École des Beaux-Arts que je fréquentais les jeudis, se trouvait le club bouliste du Plateau Saint-Michel dont mon père était membre. C’était le seul loisir qu’il s’offrait, Il en profitait dès qu’il le pouvait, c’est-à-dire essentiellement les dimanches et les jours fériés. 


La construction de la gare d’Oran a fait l’objet d’un arrêté ministériel du 4 février 1857. Les travaux du bâtiment ont débuté en 1908 et se sont achevés en 1913, date de son inauguration, elle fut bâtie par l’entreprise des frères Perret.


De style néo-mauresque, elle s’inscrit dans la volonté du gouverneur de l’Algérie de l’époque, Charles Célestin Jonnart (1857-1927). Elle est l’œuvre de l’architecte Albert Ballu qui dessinera également la cathédrale du Sacré-Cœur d’Oran.


La Compagnie des chemins de fer PLM «Paris à Lyon et à la Méditerranée» a créé puis exploité la ligne Alger-Oran à partir de 1871, les concessions furent rachetées par l'État en 1921 et l’ensemble des lignes nationalisées et rattachées en 1938 à la SNCF «Société Nationale des Chemins de fer Français». 


En 1900, le département d'Oran construit une ligne ferroviaire entre Oran et la station de Damesme en la rattachant à la ligne reliant Arzew à Colomb Béchar. 


Oran devient alors le point de départ de la ligne Oran-Colomb Béchar. 


Le 30 juin 1959 fut créé la SNCFA «Société Nationale des Chemins de fer Français en Algérie» qui devint en 1963, après l’Indépendance, la SNTF «Société Nationale des Transports Ferroviaires».


La gare d’Oran est un bâtiment à l‘œcuménisme élargi aux trois religions monothéistes, Israélites, Chrétiennes et Musulmanes.


 L’aspect extérieur est celui d’une mosquée, où l’horloge a la forme d’un minaret les grilles des portes, fenêtres et plafonds portent l’étoile de David,  et les peintures des plafonds étalent des croix chrétiennes.



— Mardi 6 août 2024



Aron O’Raney —



15 août 2024

La Méditerranée et moi

 


La Méditerranée et moi sommes reliés…


Depuis l’enfance, de près ou de loin et en toile de fond, que ce soit d’un côté ou l’autre de sa rive, la présence de la Méditerranée a toujours fait partie intégrante de ma vie.


Je ne suis pas fou des bains de mer, ou amateur de séances de bronzage, mais j’aime par-dessus tout sentir la présence du soleil et de la mer, qui selon moi forment un couple indissociable d’amoureux.


En ce 15 août il est rendu hommage à la vierge Marie, en célébrant son «assomption» la mère de Jésus est montée au Ciel corps et âme.


Nombreux sont les chrétiens qui ignorent, oublient ou négligent une tradition catholique qui se perpétue au fil des ans; je fais partie de ceux qui oublient et négligent.


Je me souviens pourtant de mon enfance, c’était ce jour-là à Oran qu’avec mes parents nous gravissions la montagne des lions, pour rendre hommage à la vierge de Santa Cruz.


Un sentier pierreux parfois raviné, mais assez large serpentait sur le flanc de la montagne. 


Une végétation sauvage, et de grands arbres bordant le chemin protégeaient des ardeurs du soleil brulant, les pèlerins qui étaient là pour remercier la vierge de ses bienfaits.



— Jeudi 15 août 2024



Aron O’Raney —



08 août 2024

Étienne Daho, Souvenirs…


L’Algérie, Nous Sommes En 1962, Quelques Mois Avant L'indépendance. Oran N'est déjà Plus Oran. 


«On va aller tout brûler chez les Daho.» La clameur vient du palier. 


Dans l'appartement, serrée tout contre la porte, Lucie, la mère, attend, debout, un martinet à la main pour défendre ses trois enfants, cachés derrière elle. L'immeuble est vide. 


La plupart des Français ont quitté l'Algérie depuis plusieurs semaines. 


Mais eux sont restés. Et pour cause : Étienne Daho père a abandonné le foyer en larguant femme et enfants en pleine guerre. Il est parti avec tous les papiers, sans avoir divorcé; or, à l'époque, aucun mineur ne peut voyager sans l'autorisation du chef de famille.  


Étienne apprend à se baisser en passant devant les fenêtres, se baisser en voiture, se baisser en courant dans la rue. Quand lui et ses copains vont à l'école, leurs parents forment une haie pour qu'ils ne voient pas les femmes abattues jetées dans les poubelles, les trottoirs éclaboussés de cervelle et barbouillés de sang.


Mais les enfants les voient quand même. Et dans la cour de l'école, ils ramassent les douilles de tout ce qui a été tiré dans la nuit.  


Le pire, c'est quand le couvre-feu éteint la ville.


L'appartement est à quelques mètres au-dessus de la rue, on entend la guerre : les sirènes, les balles sifflantes, les rafales d'armes automatiques, les explosions et les youyous des femmes dans le lointain.


Et puis il y a les zébrures des tirs de bazooka qui balaient la nuit, d'un immeuble à l'autre. L'odeur âcre des meubles qui brûlent sur le trottoir en faisant crépiter les persiennes.


Le refuge au Cap Falcon


Un matin, la famille embarque pour la petite station balnéaire du Cap Falcon, à 20 kilomètres d'Oran. Là-bas, la grand-mère a tout organisé. Elle et son mari louent une maison pas très loin de la plage et, pour assurer la subsistance du clan, ils ont ouvert une petite épicerie et un débit de sodas et de glaces. 


Côté épicerie, c'est le bonheur. Un vrai bazar, avec des bocaux de bonbons, de sucre Candy et des piroulis, ces sucettes effilées multicolores. 


Il y a même un juke-box! Étienne en devient immédiatement le gardien. Il sait à peine lire, mais il chante tous les tubes en anglais. Dès qu'un client s'apprête à glisser une pièce dans la fente de la machine, il se faufile et appuie sur le bouton du titre qu'il a décidé d'écouter. Ce qui oblige ses tantes à rembourser les grincheux qui tiennent mordicus à passer Dario Moreno plutôt que les Beach Boys. 


Au bout de deux ans, en juin 1964, toute la famille remonte à Oran. 


Mais Étienne, lui, ne s'y arrête pas, il continue vers l'aéroport avec en poche, un aller simple pour Paris et des papiers plus ou moins falsifiés. Il a huit ans et prend l'avion pour la première fois.  Assis près du hublot, il est seul avec sa tante Francine. Il laisse sa mère et ses deux sœurs, et un pays qu'il ne reverra jamais. 


«Tous derrière, lui devant», comme dans la chanson du petit cheval blanc que chante Brassens et qu'il connaît par cœur. Dans son album «L’Invitation», Etienne parle de ces plages qu'il n'a jamais revues. La chanson s'appelle Cap Falcon. 



— Extraits choisis d’une publication de l’Express


— 20 mai 2018



Édité Par Aron O’Raney —



20 juillet 2024

Vague À L’âme…


J’ai grandi près de la mer, et même quand je ne la voyais pas, je la sentais toujours bien présente en moi


La condition modeste de ma famille n’a pas empêché l’insouciance et le bonheur d’accompagner ma jeunesse, puis est venu le mauvais temps, j’ai perdu la mer, et arrachée aux palmiers de la rive, ma vie s’est obscurcie.


J’ai Découvert Alors Le Monde De L’après.


À peine abordé, le pays du refuge m’a montré son hostilité, mes jours ont alors été tristes et souvent insupportables.


Depuis, J’attends.


J’attends je ne sais quoi ni qui d’ailleurs, mais j’attends seulement en vivant au gré des événements et des nécessités de l’instant.


Réfugié Et Replié En Moi-même J’attends.


Je patiente, et souvent m’impatiente puis résigné ne sachant que faire d’autre, je patiente encore. J’ignore jusqu’à quand ma vie sera ainsi faite. On me voit passer à pied dans ces rues le matin, ou arpenter le boulevard côtier, d’où je contemple le bleu d’une mer qui n’est pas la mienne.



Si parfois absent je souris, croise une connaissance, et échange quelques propos, ce n’est pas moi qui parle. 


Si l’on me toise du regard, j’affronte et défis, et si d’apparence on me craint, je n’en suis pas surpris, cela m’étonne à peine.


Je n’oublie pas ma Terre, et je n’ai de mémoire que pour les seules et belles images du cher et vieux passé de l’autre rive.


Nul Ne Sait Qui Je Suis, Et Je L’ignore Aussi.


Il me reste les souvenirs qui parfois comblent le manque en moi, ils m’aident à oublier que je suis ici, hors de ma Terre, hors de ma Mer, dans l’attente et la patience.


Je Rêve…


Cap Falcon, L’épicerie de la grande plage, la barque de l’oncle amarrée prés du cabanon, les folles descentes des dunes, le sable brulant sous mes pieds, le canoë dansant sur l’eau, les méduses échouées sur le rivage, la fontaine sur le sentier à flanc de falaise.

Sous L’ardent Soleil D’été, Je Suis Reparti Là-bas.




Aron O’Raney —



Témoignage… Oran, Juin 1962


Le Général Franco Et Les Pieds Noirs; Une Page Peu Connue De Notre Histoire...


Les 29 et 30 juin 1962, l’Espagne du général Franco vint secourir des Oranais malmenés par les sbires du général Katz, en affrétant deux ferrys, «le Victoria »  et « le Virgen de Africa ».


Pour accoster le long des quais d’Oran, il fallut longuement parlementer avec les autorités françaises plus que réticentes et oser l’ultimatum à la France, en risquant ainsi un grave incident diplomatique…



Le 30 juin, à dix heures du matin, malgré l’opposition de Charles De Gaulle, le général Franco donna l’ordre à ses capitaines d’embarquer la « Misère Humaine » qui attendait depuis des jours sous un soleil torride, et sans la moindre assistance, un hypothétique embarquement vers la France.


Franco prévint de Gaulle qu’il était prêt à l’affrontement militaire, pour sauver ces pauvres gens sans défense abandonnés sur les quais d’Oran et menacés d’être exécutés à tout moment par les barbares du FLN; joignant le geste à la parole, il ordonna à son aviation et à sa marine de guerre de faire immédiatement route vers le port d’Oran.


Finalement, face à la détermination du Général Franco et craignant un conflit armé, De Gaulle céda. Le samedi 30 juin, à treize heures, les deux ferrys espagnols purent accoster et embarquer deux mille deux cents passagers hagards, quatre-vingt-cinq voitures et un camion.



Lors de l’embarquement, les courageux capitaines espagnols durent cependant, s’opposer à la montée sur les bateaux d’une compagnie de CRS, qui voulait répertorier et identifier tous les passagers, et interpeller aussi les membres fichés de l’OAS.


Les deux capitaines expliqueront plus tard n’avoir jamais compris l’attitude arrogante et inhumaine des autorités françaises, dans une situation dramatique qui relevait essentiellement de «l’assistance à personne en danger de mort ».


Finalement, contre vents et marées à quinze heures trente, les quais du port d’Oran, noirs de monde se vidèrent et les bateaux espagnols très surchargés prirent enfin le large, à destination du port espagnol d’Alicante.


Pendant cette traversée se mêlèrent les larmes de détresse, de chagrin, et de joie de ces pauvres gens en route vers leur nouvel exil, mais bien conscients d’avoir échappé au pire qui soit…


Quand, enfin, la côte espagnole fut en vue, une liesse générale s’empara de ces « réfugiés » qui s’époumonèrent à crier avec des sanglots dans la voix « Viva España !»… « Viva, Franco !».


Ils avaient, pour bon nombre d’entre eux, échappé à une mort initiée par les autorités françaises. 


Jamais ils ne l’oublieront !


En Mémoire De Jean Lopez, Coiffeur À Aïn-El-Turck (Corniche Oranaise), Qui Devait Assurer Mon Embarquement Et Mon Accompagnement Jusqu’en Métropole Car J’avais quinze Ans À Cette Époque.


Jean Lopez Fut Enlevé Précisément Au Port D’oran Par Des A.T.O, ces Auxiliaires de Police du F.L.N Égorgeur. Nul ne le revit jamais…


A son épouse et à ses deux filles, avec toute ma reconnaissance et mon affection.




 José Castano —

Publié le 30 juin 2018