Méditez donc, mon cher Ménecée, et ne négligez rien de tout ce qui peut vous mener à la félicité.
• Heureux celui qui s’est fixé dans cette situation tranquille !
• Il n’a plus de souhaits à faire, puisqu’il est satisfait de ce qu’il possède ; et s’il n’a pu encore s’élever à ce degré d’excellence, il doit faire tous ses efforts pour y atteindre.
• Suivez donc les préceptes que je vous ai donnés si souvent, mettez-les en pratique, qu’ils soient les sujets continuels de vos réflexions, parce que je suis convaincu que vous y trouverez, pour la règle de vos mœurs, une morale très régulière.
—■ La base sur laquelle vous devez appuyer toutes vos maximes, c’est la pensée de l’immortalité et de l’état bienheureux des Dieux :
• Ce sentiment est conforme à l’opinion qui s’en est répandue parmi les hommes ; mais aussi prenez garde qu’en définissant la divinité, vous ne lui donniez aucun attribut qui profane la grandeur de son essence.
• En diminuant son éternité ou sa félicité suprême ; donnez à votre esprit sur cet Être divin tel essor qu’il vous plaira, pourvu que son immortalité et sa béatitude n’en reçoivent aucune atteinte.
• Il y a des Dieux, c’est une connaissance consacrée à la postérité ; mais leur existence est tout à fait différente de celle qu’ils trouvent dans l’imagination des hommes.
• Celui-là donc n’est point un impie téméraire qui bannit cette foule de divinités à qui le simple peuple rend des hommages ;
• C’est plutôt cet autre qui veut donner à ces êtres divins les sentiments ridicules du vulgaire.
— Lettre à Ménécée.
— Traduction : Jacques Georges Chauffepié.
— Lefèvre, 1840 (pp. 487-493).
■— Épicure —