05 février 2025

〓 Cherchez Le Recueillement


Méditez donc, mon cher Ménecée, et ne négligez rien de tout ce qui peut vous mener à la félicité.



Heureux celui qui s’est fixé dans cette situation tranquille!



Il n’a plus de souhaits à faire, puisqu’il est satisfait de ce qu’il possède; et s’il n’a pu encore s’élever à ce degré d’excellence, il doit faire tous ses efforts pour y atteindre.



Suivez donc les préceptes que je vous ai donnés si souvent, mettez-les en pratique, qu’ils soient les sujets continuels de vos réflexions, parce que je suis convaincu que vous y trouverez, pour la règle de vos mœurs, une morale très régulière.



La base sur laquelle vous devez appuyer toutes vos maximes, c’est la pensée de l’immortalité et de l’état bienheureux des Dieux :



Ce sentiment est conforme à l’opinion qui s’en est répandue parmi les hommes; mais aussi prenez garde qu’en définissant la divinité, vous ne lui donniez aucun attribut qui profane la grandeur de son essence.


En diminuant son éternité ou sa félicité suprême; donnez à votre esprit sur cet Être divin tel essor qu’il vous plaira, pourvu que son immortalité et sa béatitude n’en reçoivent aucune atteinte.



Il y a des Dieux, c’est une connaissance consacrée à la postérité; mais leur existence est tout à fait différente de celle qu’ils trouvent dans l’imagination des hommes.



Celui-là donc n’est point un impie téméraire qui bannit cette foule de divinités à qui le simple peuple rend des hommages; 


C’est plutôt cet autre qui veut donner à ces êtres divins les sentiments ridicules du vulgaire.



— Lettre à Ménécée.

— Traduction : Jacques Georges Chauffepié.

— Lefèvre, 1840 (pp. 487-493).




Épicure —