20 novembre 2024

Japon, « Silence Obligatoire » Les Commerces S’adaptent…

 

À l’intérieur du restaurant phare Kura Sushi Harajuku. (Tokyo, le 21 septembre 2022.) Getty Images


« Silence Obligatoire » Au Japon, Des Commerces S’adaptent Aux Personnes Qui Ne Tolèrent Plus Aucune Interaction.



Dans une société nippone de plus en plus individualiste, les enseignes proposent désormais des services sans la quelconque interaction.


Le Japon est connu pour ses animés, ses mangas et son high-tech. Mais aussi pour être le pays où la solitude est reine. En effet, là-bas, de plus en plus de personnes vivraient seules. Forts de ce constat, certains commerces ont commencé à proposer des services où l’interaction sociale est réduite, voire totalement absente. Ce modèle innovant de « commerces silencieux » permet à chacun, qu’il vive seul ou non, de bénéficier de services sans l’obligation d’échanger avec le personnel. 


À Tokyo, les salons de coiffure ont été parmi les premiers à intégrer ce nouveau type de service. Le salon Hair Works Credo propose notamment à ses clients de choisir le niveau de conversation souhaité, et ce, dès la prise de rendez-vous. Ils peuvent opter pour une conversation normale, un échange minimal ou bien pour un service sans aucun échange verbal. Cette dernière option est plébiscitée dans six cas sur dix, en majorité donc. 


« En 2014, aucun autre salon de coiffure au Japon n’offrait cette option unique », se souvient Takahiro Noguchi, propriétaire du salon, au Japan Times. « Au début, je pensais m’adresser exclusivement aux introvertis, mais au fil des ans, j’ai appris que certaines personnes ont simplement envie de passer une journée qui leur est réservée. (…)


Ils sont sur leur smartphone, travaillent sur leur ordinateur portable, portent des écouteurs, lisent un livre, se regardent dans le miroir ou écoutent simplement le doux bruit des ciseaux. »


Dans un sondage réalisé en avril par la Hot Pepper Beauty Academy au Japon, 52,9 % des 2.000 personnes interrogées (des clientes et clients de salon âgés de 20 à 49 ans) ont déclaré qu’elles préféraient rester assises en silence plutôt que de bavarder pendant leurs rendez-vous. 


Beaucoup d’entre elles (43,5 %) affirment ne pas être friandes des conversations de comptoir parce qu’elles ne sont pas douées pour cela et qu’elles se sentent forcées.


Café Sans Paroles


La tendance n’a en tout cas pas échappé à certaines enseignes de prêt-à-porter. Au Japon, la marque de vêtements Urban Research permet ainsi à ses clients de signaler leur préférence à l’aide de sacs de shopping spécifiques. Ceux qui choisissent un sac transparent bleu indiquent qu’ils préfèrent ne pas être sollicités par les vendeurs, tandis que ceux qui optent pour un sac sans couleur peuvent recevoir des conseils. Cette initiative a trouvé un écho auprès des consommateurs : environ 10 % d’entre eux utilisent désormais le sac bleu pour éviter le stress que pourrait générer une interaction avec le personnel. 


Du côté des restaurants, même chose. Chez Kura Sushi, une grande chaîne japonaise de sushis, la commande se fait intégralement via un smartphone en scannant un QR code, et les sushis sont livrés directement à la table sur un tapis roulant. Le client peut ainsi dîner sans avoir besoin d’échanger avec le personnel. 


Le concept a été poussé encore plus loin dans certains cafés, où le silence est littéralement imposé. À Osaka, un café a mis en place une règle stricte de non-parole. Dès l’entrée, les clients reçoivent un carton leur demandant de ne pas parler. Si une communication est absolument nécessaire, elle se fait via des plaquettes avec des pictogrammes.


« Les appareils peuvent également afficher le contenu en anglais, éliminant ainsi les problèmes de communication », fait savoir Akihiro Tsuji, porte-parole de Kura Sushi, toujours au Japan Times. Autant de nouvelles règles qui sont particulièrement appréciées dans un pays où la pression sociale est forte et où l’individualisme prend une place grandissante. 



— Publié le 12 novembre 2024



 Ségolène Forgar —




Vous Avez Dit Vampires ?

 

Des archéologues découvrent des cadavres de vampires mutilés lors de leur inhumation en Irlande. — Capture d'écran Unearthed History via YouTube




Qui Étaient Ces « Vampires » Dont Les Squelettes Ont Été Retrouvés Et Pourquoi Les A-T-On Enterrés Ainsi ?



Après le dernier adieu à l'être cher, la suite de certains rites funéraires du passé était quelque peu… sinistre.


Pendant plus de 1.000 ans, à travers l'Europe, des pratiques funéraires intrigantes ont été organisées, suggérant une crainte viscérale : celle que certains défunts puissent se hisser hors de leur tombe et revenir semer la panique. Si le nom officiel de ces pratiques est celui de « rites funéraires apotropaïques » (c'est-à-dire « qui conjurent le mauvais sort »), d'un point de vue informel, elles portent un nom bien plus effrayant : « enterrement vampirique ».


Tous les experts ne s'accordent pas à dire que ce type de rituels implique une croyance dans les vampires. L'historien et archéologue David Barrowclough a rédigé en 2014 un article dans lequel il affirme que d'autres interprétations sont valables, puisque certaines sépultures sont antérieures à l'idée de mort-vivant telle que nous la connaissons. ScienceAlert revient sur quelques-unes de ces sépultures, et les mesures prises pour s'assurer que le corps de l'être aimé repose en paix… ou plutôt qu'il y reste.


Le vampire de Lugnano


À Lugnano, en Italie, se dresse la triste « Nécropole des enfants », un cimetière datant du Ve siècle de notre ère où reposent les jeunes victimes – tous morts avant l'âge de 10 ans – d'une épidémie dévastatrice : le paludisme. Mais une tombe attire particulièrement l'attention, c'est celle d'un enfant enterré avec un caillou logé délibérément dans sa mâchoire, comme le laissent penser les traces de dents sur la pierre. Aussi horrible soit-il, il s'agissait d'empêcher à son âme de s'échapper et de revenir hanter les vivants, selon les chercheurs.


Le vampire de Venise


Il y avait peut-être d'autres raisons de placer une pierre à cet endroit du corps d'un mort. C'est ce que suggère la découverte du squelette d'une femme avec une pierre dans la bouche retrouvée à Venise, et datant du XVIe ou XVIIe siècle. Les anthropologues pensent qu'il s'agit d'une sépulture de vampire, la brique étant placée de manière à empêcher le corps de manger les cadavres qui l'entourent et de retrouver suffisamment de vitalité pour quitter la tombe et propager la peste (qui faisait fureur à l'époque). Cependant, il se pourrait que la brique soit simplement tombée dans la bouche du cadavre, celle-ci s'ouvrant au fur et à mesure que le tissu conjonctif se décompose.


Le vampire de Pień 


La Pologne possède un folklore riche en « vjesci » et en « upiór », des mythes sur les vampires, et de tels rites funéraires étaient courants au Moyen Âge. À Pień, une jeune femme du XVIIe siècle a été enterrée avec une faucille tranchante placée en travers de son cou. De fait, plusieurs sépultures de cette époque, dans le cimetière de Drawsko, ont révélé des corps enterrés avec des faucilles ou des pierres placées contre la gorge et l'abdomen, pour empêcher les cadavres de se relever.


Selon les experts chargés de l'étude de ces squelettes, « les individus au physique étrange, ceux nés hors mariage, non baptisés, et tous ceux dont la mort était inhabituelle – prématurée, violente, suicide, ou même le premier à mourir lors d'une épidémie – étaient tous considérés comme susceptibles de se réanimer après la mort ». En réalité, si elle se traduit différemment de ces horribles funérailles, aujourd'hui encore, la peur du retour des morts est sans aucun doute inscrite dans nos sociétés (en partie) à travers les meilleurs films de zombies.



— Slate FR

— Mardi 5 novembre 2024



Solveig Blakowski —