03 juillet 2011

La Bataille De Mers El Kebir


La Bataille De Mers El Kebir1
3 Juillet 1940,
Une tragédie occultée
En mémoire des 1927 marins français morts sous le feu « allié »

le Souvenir De Ces Morts Dérange Tout Le Monde Parce Que L’évènement Échappe À La Logique. Il Est À Part Des Tragédies De La Guerre. Personne N’a Intérêt À Ce Que L’on En Parle Trop. ( amiral Marcel Gensoul )

L’armistice franco-allemand du 18 juin 1940 consacre l’échec de nos armées sur terre; notre flotte, une des plus puissantes qui n’avait pas été vaincue, est libre. Ni l’amiral Darlan, ni le général Weygand n’ont l’intention « … de livrer à l’ennemi une unité quelconque de notre flotte de guerre » et de Gaulle le dira, le 16 juin à Churchill en ces termes « La flotte ne sera jamais livrée, d’ailleurs, c’est le fief de Darlan; un féodal ne livre pas son fief. Pétain lui-même n’y consentirait pas ».

Les Anglais, de leur côté, désirent que notre flotte, riche en unités lourdes et légères, se rende dans leurs ports. Elle aurait pu le faire, le 16 juin 1940, mais personne ne lui en donne l’ordre et la Marine reçoit l’assurance, « qu’en aucun cas, la flotte ne sera livrée intacte », mais qu’elle se repliera probablement en Afrique ou sera coulée précise l’Amiral Darlan. Hitler ne demande pas livraison de notre flotte ( le projet d’armistice ne le prévoyant d’ailleurs pas ), pas plus que de nos colonies, sachant qu’il n’est pas dans nos intentions d’accepter de telles exigences.

Les 18 et 19 juin, sont sabordées ou détruites, des unités en construction à Cherbourg, celles en réparations à Brest, Lorient, La Pallice et au Verdon. Les bâtiments capables de prendre la mer appareillent partie pour Plymouth, partie pour Casablanca, même le cuirassé Jean Bart inachevé.

Le 22  juin  1940, la France signe l’armistice avec l’Allemagne.

Une partie de la flotte française se concentre en Algérie, dans le port de Mers El Kébir, pour échapper à toute main mise de l'Allemagne.

Le premier ministre britannique, Winston Churchill, décidé à poursuivre le combat, craint malgré tout que les Allemands ne mettent la main sur la puissante marine française. Il veut donc obliger les marins français à gagner les ports britanniques en Méditerranée (Gibraltar, Alexandrie), ou en Angleterre.

Le 27 juin, Churchill, en dépit des assurances données par le gouvernement Français, décide, dans le plus grand secret, de mettre « hors d’état de nuire » la marine française. Cette opération aura pour nom Catapult.

En cas de refus des Français, le bombardement de la flotte stationnée à Mers El Kébir et Alexandrie est prévu.

Dans la nuit du 2 au 3 juillet, l’opération « Catapult », destinée à neutraliser la marine française est ainsi lancée.

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À Plymouth et Portsmouth, les Anglais investissent près de 200 bâtiments français. En quelques minutes, les marins français sont arrêtés puis envoyés dans des camps de prisonniers.

À Alexandrie, un accord entre les Amiraux français et anglais permet d’éviter le pire, la force navale française X est neutralisée en attendant la conclusion d’un accord de désarmement.

Au large d’Oran, la force navale britannique « H », composée notamment de trois cuirassés et d’un porte-avions menace la « force de raid » française stationnée dans le port de Mers El Kébir.

L’Amiral britannique Somerville adresse au Vice amiral français Gensoul un ultimatum. Il doit choisir entre se rallier à la Royal Navy, se rendre dans un port britannique, rejoindre les Antilles pour y être désarmé, ou bien se saborder.

Décidé à se défendre, l'Amiral Gensoul donne l’ordre de préparer les bâtiments au combat. 

Le 3 juillet à 16 h 56, la force navale britannique attaque la flotte française.

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Amarrés dans le port, les bâtiments français ne peuvent se défendre.

Rapidement, le croiseur Dunkerque et le cuirassé Provence sont touchés. Les tirs atteignent ensuite le contre-torpilleur Mogador.

Le cuirassé Bretagne est touché par une salve et coule avec 1 012 membres de son équipage. Gensoul demande le cessez-le-feu à 17 h 15.

En 19 minutes, un millier de marins sont tués. Seul le cuirassé Strasbourg accompagné par des contre-torpilleurs réussit à s’échapper.

Le 6 juillet, une seconde attaque est menée par le porte-avion « Ark Royal », qui achève le cuirassé Dunkerque et coule le patrouilleur Terre Neuve.

Les attaques des 3 et 6 juillet causent la mort de 1297 marins français.

Ce drame exacerbe les sentiments anglophobes d’une large partie de l'opinion française, encore traumatisée par la défaite.

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Que reste-t-il des marins tombés à Mers El Kébir

Il contribue à resserrer la cohésion de l’Empire et surtout de l’Afrique du Nord autour du maréchal Pétain.

Les représailles du gouvernement de Vichy se limitent toutefois au bombardement de Gibraltar.

Le maréchal Pétain et l’Amiral Darlan, secrétaire d’État à la marine, se refusent, malgré tout, à déclarer la guerre à la Grande-Bretagne.

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Le Dernier Survivant De Mers-El-Kébir

Dans ses mémoires, Churchill n’a pas caché son embarras. Il a comparé Mers El-Kébir à une tragédie grecque : ‘ Ce fut une décision odieuse, la plus inhumaine de toutes celles que j’ai eues à partager ’, écrira-t-il.

Les historiens, les politiques, les ‘ moralistes ’ et les censeurs qui ont eu à juger des hommes, des gouvernants, et à écrire l’Histoire, ont dédaigné de prendre en considération le traumatisme dévastateur que cet événement tragique avait produit dans les esprits…

Aujourd’hui encore, le souvenir de cette lâche agression britannique contre une flotte au mouillage et désarmée demeure vivace dans la Marine et, paraphrasant Talleyrand, on peut affirmer que ‘ Mers El-Kébir a été pire qu’un crime, une faute ’.

À l'occasion du 70e anniversaire des combats de Mers El Kébir, en juillet 2010, Français et Britanniques, représentés notamment par l'Ambassadeur de Grande-Bretagne en France, se sont retrouvés pour marquer un premier hommage commun à la mémoire des victimes, à Kerfautras en Bretagne, où en juin 2000, le corps d'un marin inconnu a été relevé de l'ossuaire de Mers El Kébir et inhumé en terre française pour permettre aux familles de disposer d'un lieu de recueillement.



Aron O’Raney
Dimanche 3 juillet 2011