08 octobre 2012

Intuition, Foi, Ou Fatalisme…


La Vie Et La Mort Luttent En Nous, Et Dès L'instant De Notre Naissance, Nous Commençons En Même Temps À Vivre Et À Mourir. ■ Thomas Merton (1915-1968) —

L’Intuition est une connaissance spontanée, soudaine, et non raisonnée; l’évidence vraie ou fausse, injustifiable. L’instantanéité de l’intuition, peut néanmoins trouver son essence dans le labyrinthe de l'inconscient ou du subconscient. 
La Foi n'est pas la forme spécifique de l'intuition, que l’on associe trop souvent à une religion, ce mot a bien au contraire d’autres significations très éloignées dans le langage courant. La foi religieuse est quant à elle, l’intime et profonde adhésion à une doctrine spirituelle, appliquée au sein d’une communauté humaine.
Le Fatalisme est un courant de pensée exprimant la thèse que tous les évènements, circonstances, ou phénomènes de la vie terrestre, sont déjà déterminés irrévocablement, par une puissance extra-terrestre ou surnaturelle. 
Il Y A L’absolue Certitude…
Nous sommes des mortels, et sans nourrir de pensée obsessionnelle sur le grave sujet qu’est la mort, notre destin est déjà scellé, puisque nous devons tous quitter un jour ou l'autre, ce monde terrestre.
Ainsi, d’innombrables hommes et de femmes, sont intimement persuadés que leur voyage terrestre est déjà bien « organisé », et qu’il se trouve écrit et signé dés leur naissance.
S'il n'est évidemment pas question pour eux de hâter leur mort en prenant des risques inconsidérés, ils agissent cependant en se laissant le plus souvent guider par l’intuition, tout au long de la Vie.
La vie fourmille d'exemples qui abondent dans le sens de la philosophie du « C'est DéjàÉcrit », et ceci ne fait que conforter davantage encore, l’intime conviction de ses pratiquants.
L’intuition Des Philosophes…
— Spinoza déclare… l’intuition est la connaissance immédiate et certaine de l'essence des choses à partir de la compréhension nécessaire de leur cause par la raison (Éthique, II, 40), c'est l'unique source de vérité qui s'oppose à la connaissance vague par le langage ou l'expérience corporelle.
— Bergson affirme… C’est la saisie de l'esprit par lui-même au sein de la durée, qu'il définit comme « la sympathie intellectuelle ou spirituelle par laquelle on se transporte à l’intérieur d’un être pour coïncider avec ce qu’il a d’unique et par conséquent d’inexprimable ».
— Descartes édicte… l'intuition est la connaissance immédiate et certaine de la vérité d'une idée par sa nécessité intrinsèque, comme on le saisit dans les mathématiques, et plus encore, dans l'intuition que la conscience a d'elle-même d'être une « chose pensante » à travers l'expérience du cogito.
— Jean Paul Sartre affirme… Il n’est d’autre connaissance qu’intuitive. La déduction et le discours, improprement appelés connaissance, ne sont que des instruments qui conduisent à l’intuition.  
— Henry énonce… l'intuition est la propriété que possède la vie de se sentir elle-même hors de toute idée, représentation phénoménologie matérielle).
— Platon affirme… l'intuition est la saisie instantanée de la vérité de l'idée par l'âme indépendamment du corps.
— Épicure énonce au contraire… l'intuition est la saisie immédiate de la réalité du monde par le corps indépendamment de l'âme.
« Il n’y a pas d’autres voies qui s’offrent aux hommes, pour arriver à une connaissance certaine de la vérité, que l’intuition évidente et la déduction nécessaire ».
— Pour bon nombre de philosophes, le fatalisme se perçoit avec une connotation péjorative dans la culture philosophique, ce qui l’oppose au déterminisme comme croyance superstitieuse à l’idée scientifique.
Le Fatalisme…
Chaque individu, dans le respect de l'Autre, est libre de ses opinions et croyances, et l'on ne saurait blâmer les tenants, de tel ou tel autre système de pensée…
Contrairement aux affirmations de certains esprits étriqués, le croyant de la doctrine fataliste ne réfute pas le libre arbitre; de même qu'il ne s'estime, ni résigné ou impuissant, face aux circonstances de sa vie.
Il n'est pas davantage dans la négation de la Loi de « Cause À Effets ». 
Toutefois, s'il pense que tout acte et sa conséquence appartiennent en propre à l'homme, il est intimement convaincu que la Réalité ultime, et la finalité des actes lui échappent absolument.
Et Qu’en Disent Les Religions?
— Au sujet de l'Islam, Diderot s’exprimait ainsi en l’an 1759, dans une de ses lettres adressées à son amie Sophie Volland :  
« Mahomet prêcha le dogme de la fatalité, qui inspire l'audace et le mépris de la mort; le péril étant aux yeux du fataliste, le même pour celui qui manie le fer sur un champ de bataille et pour celui qui repose dans un lit; l'instant de périr étant irrévocable, et toute prudence humaine étant vaine devant l'Éternel qui a enchaîné toutes choses d'un lien que sa volonté même ne peut ni resserrer ni relâcher ».
— Dans le Christianisme la croyance, en la liberté et la faculté de l’homme à maîtriser les événements, demeure toujours aussi omniprésente. Le fatalisme se rejette en bloc car profondément négatif. Celui-ci est décrit, comme un comportement passif et paresseux glorifiant la résignation qui s’oppose au volontarisme.
Nous notons toutefois que dans le catholicisme, a vécu un courant de pensée, se rapprochant du fatalisme. Ainsi, les jansénistes affirmaient l'impossibilité pour l'homme d’expurger sa tentation au mal, sans le recours à la divine grâce. Cette approche est encore partagée aujourd'hui par certains membres du culte protestant.

— Mardi 9 octobre 2012

Aron O’Raney —