29 août 2015

Symbolisme Du Crâne




Le Crâne, Partie Dominante Du Squelette, Est La Demeure De L’âme, Principe Spirituel De Vie Et De Pensée. Dissocié Du Corps Humain, Il Symbolise Également La Mort Physique, Ce Chemin Obligé Par Lequel Il Faut Transiter Pour Renaître Au Plan Spirituel Supérieur.

— Le crâne, siège de la pensée, est le dirigeant ultime, des  quatre centres, par lesquels les « Bambaras » cette ethnie africaine du Mali, résume sa figuration du  macrocosme de l’Homme; les trois autres centres étant situés â la base du sternum, nombril et sexe.

Sur les autels de la société initiatique Koré, quatre poteries, remplies d’eau céleste, recueillie à la première et dernière pluie de l’année figurent ces quatre points; la poterie centrale représentant le crâne, contient quatre pierres de tonnerre qui matérialisent le feu céleste, expression de l’esprit et de l’intelligence de Dieu, et son avatar microcosmique, le cerveau humain, forme de l’œuf cosmique et comme lui matrice de la connaissance (Zahb). 

Dans de nombreuses légendes européennes et asiatiques, le crâne humain est considéré comme un homologue de la voûte céleste.

Ainsi dans le Grimnismâl ce poème mythologique Islandais, le crâne du géant Ymir devient à sa mort la voûte du ciel; de même, selon le Rig-Veda, la voûte céleste est formée du crâne de l’être primordial (Hara, 81 — 82), Gilbert Durand (Durs, 143 s) établit justement un parallèle entre la valorisation de la verticalité sur les plans du macrocosme social (les archétypes monarchiques), du macrocosme naturel (sacralisation des montagnes et du ciel) et du macrocosme humain.

Ceci explique aussi bien les innombrables formes du culte des crânes, crânes des ancêtres ou crânes trophées, que les analogies, évoquées ci-dessus. 

De la même loi analogique entre microcosme humain et macrocosme naturel, procèdent les assimilations des yeux, aux luminaires célestes, et du cerveau aux nuages du ciel.
Le culte du crâne n’est pas limité à l’espèce humaine. 

Parmi les peuples de chasseurs, les trophées animaux jouent un rôle rituel important lié à la fois, à l’affirmation de la supériorité humaine, attestée par la présence au village d’un crâne de grand gibier, et au souci de préservation de la vie. 

Le crâne en effet, constituant ce qu’il y a d’impérissable dans le corps donc l’âme, l’individu s’approprie ainsi l’énergie vitale. 
Titus-Livius, raconte que les Gaulois cisalpins qui en 216 av. J.-C avaient surpris et détruit dans une embuscade l’armée du consul romain Postumius, emportèrent les dépouilles et la tête coupée de ce magistrat en grande pompe. 
Son crâne, orné d’un cercle d’or, servit de vase sacré pour offrir des libations dans les fêtes. Ce fut aussi, la coupe des pontifes et des prêtres du temple. Aux yeux des Gaulois, la proie ne fut pas moindre que la victoire. 
Le symbolisme du crâne rejoint celui de la tête, considérée comme trophée guerrier.
Il faut aussi mentionner les crânes des sanctuaires celtiques du sud de la Gaule : Glanum  aujourd’hui Saint-Rémi de Provence, Roquepertuse, et Entremont. 

À Roquepertuse, les alvéoles creusées dans des piliers servaient à recevoir des crânes, et une salle des crânes existait aussi à Entremont. 
Avec sa situation au sommet de la tête, sa forme de coupole, sa fonction de centre spirituel, le crâne est souvent comparé au ciel du corps humain. 
Il est considéré comme le siège de la force vitale du corps et de l’esprit… 
En tranchant la tête du cadavre… En conservant le crâne par-devers lui… le primitif atteint plusieurs buts; d’abord celui de posséder le souvenir direct, et personnel du défunt; puis celui de s’approprier sa force vitale et ses effets bienfaisants. 
En accumulant les crânes, ce soutien spirituel prend de l’ampleur… 
De là tous ces monticules de crânes mis à jour lors de certaines fouilles, et aussi, son utilisation comme réceptacle de vie supérieur, par les alchimistes dans les opérations de transmutation.
Dans la franc-maçonnerie, il symbolise le cycle initiatique de la mort corporelle, précédant la Renaissance à un niveau de vie supérieur, condition du règne de l’esprit. 
Symbole de la mort physique, le crâne est l’analogue de la putréfaction alchimique, comme le tombeau est celui de l’Athanor : l’homme nouveau sort du creuset, où le vieil homme s’anéantit pour se transformer. 
Le crâne est souvent présenté entre deux tibias croisés en X, formant une croix de Saint-André, symbole de l’écartèlement de la nature sous l’influence prédominante de l’esprit et, en conséquence, symbole de perfection spirituelle.

Source documentaire : Jean Chevalier & Alain Gheerbrant
 — Dictionnaire des symboles —


— Dimanche 30 août 2015
▲ Aron O’Raney —