02 mars 2016

Voir Le Monde Tel Qu’il Est


Impermanence Et Interdépendance, Ou Voir Le Monde Tel Qu’il Est 


Le bouddhisme propose une méthode qui nous rendra meilleurs en reflétant la nature véritable des choses, sans nous laisser duper par les apparences. 


Les Phénomènes, Qui Se Manifestent À Nos Facultés De Perception, N’ont Pas De Réalité Ultime. 


Prenons l’exemple d’une montagne. Elle semble être pareille aujourd’hui à ce qu’elle était hier. Formée il y a des milliers d’années, elle représente une continuité dans le monde des phénomènes. 


Si l’on constate une stabilité relative dans son apparence au niveau grossier, il faut pourtant admettre que chacune de ses particules, à un niveau très fin, se transforme d’instant en instant. 


Le changement, au plan infinitésimal, s’accompagne dans notre esprit d’une apparence de continuité. 


Or la continuité ainsi perçue est illusoire. Car rien ne perdure à l’identique, il n’y a pas deux instants consécutifs qui soient semblables


Après l’exemple de la montagne, prenons celui de la fleur dont la fragilité et le caractère éphémère sont évidents.

La fleur, aujourd’hui éclose, fut d’abord graine, puis bourgeon. 

Ces changements d’état illustrent l’impermanence subtile de chaque instant qui est la véritable nature de la fleur, vouée à une destruction rapide. 

Qu’il s’agisse d’une montagne ou d’une fleur, il faut nous habituer à comprendre qu’à l’instant où un phénomène apparaît, il porte en lui la cause de sa propre fin. 


L’impermanence Des Phénomènes Dépend De Causes Et De Conditions Extérieures. 


Dire que toutes choses sont interdépendantes signifie qu’elles n’ont pas d’existence inhérente.

Le potentiel même de transformation, à l’œuvre dans les phénomènes, signale la réciprocité fondamentale de la vie. 

Peut-on déterminer qu’une entité « fleur » existe en soi ? La réponse est non.

La fleur est seulement une collection de caractéristiques, forme, couleur et parfum, mais il n’existe pas de fleur indépendante de ses apparences. 


Notre Perception Du Temps Repose Également Sur Une Appréhension Erronée De La Réalité.

Qu’est-ce en effet que le passé ?
Le passé n’est pas une réalité, c’est seulement un concept.

Le futur correspond à des projections, des anticipations qui n’ont pas non plus de réalité. Le passé est déjà advenu, le futur ne l’est pas encore. 

Ces notions nous affectent comme des réalités, sans avoir pourtant aucune substance. 

Le présent est la vérité que nous vivons ici et maintenant, mais c’est une réalité insaisissable qui ne dure pas. 

Nous nous trouvons dans une situation paradoxale où le présent constitue une frontière, une limite entre un passé et un futur sans réalité concrète. 


Le présent est ce moment insaisissable, entre ce qui n’est plus et ce qui n’est pas encore advenu


Ces Notions Que Nous Prenons Pour « La Réalité » Sont De Pures Fabrications Intellectuelles Qui Ne Recouvrent Pas Une Réalité Indépendante, Existant En Soi. 


Selon le Bouddha, les phénomènes perçus n’existent que du point de vue de leur désignation, des noms et des concepts que nous leur attachons. 

Le fonctionnement des phénomènes ne révèle pas une entité palpable qui leur serait propre. On peut les comparer à un mirage. Plus on s’en approche, plus il s’éloigne et disparaît. 

De même, devant l’esprit qui les analyse, les phénomènes s’évanouissent. 

Il convient donc de distinguer deux vérités : une vérité relative, qui concerne l’apparence des phénomènes, leur émergence, leur manifestation et leur cessation ; et une vérité ultime, qui recouvre l’absence de réalité propre des phénomènes. 

En disant que les phénomènes sont vides d’existence intrinsèque, on ne déclare pas leur non-existence, mais leur interdépendance, leur absence de réalité concrète. 

Et la vacuité des phénomènes, loin d’être une construction mentale ou un concept, correspond à la réalité même du monde phénoménal. 

Le Bouddha ne nie pas que les choses apparaissent, mais pose l’union des apparences et de la vacuité. 

Ainsi la fleur existe, ses formes et ses caractéristiques s’inscrivent dans notre esprit. Mais sa nature est dénuée d’existence intrinsèque. 


2 Mars 2016



Aron O’Raney —