La Statue De Jeanne D’Arc À Nice : Au Cœur Du Conflit Entre Le Maire Et Le Préfet, L’atelier Missor Menacé De Faillite ?
Tout en bronze, cette grande statue de onze tonnes
avait été dévoilée en grande pompe
Le 23 octobre 2024, à Nice. Ville de Nice
≈ Saisi par le préfet, le tribunal administratif a estimé que la commande publique avait été passée sans publicité ni mise en concurrence. Par conséquent, il a ordonné le démontage de l’œuvre et le remboursement des 170.000 euros versés à Missor.
• « Notre atelier va faire faillite » a annoncé vendredi sur le réseau social X l’atelier Missor, quelques jours après la rupture de son contrat avec la ville de Nice pour la réalisation d’une statue monumentale de Jeanne d’Arc.
• Dans une ordonnance rendue le 14 janvier, le tribunal administratif, saisi par le préfet, a estimé que le marché avait été passé sans publicité ni mise en concurrence. Dès lors, la ville est contrainte de démonter sa statue et le prestataire de rembourser la somme qui lui a été versée : 170.000 euros hors taxes.
• Si la collectivité a immédiatement indiqué faire appel de cette décision, le jugement doit être exécuté sans délai, car il n’est pas suspensif. « Après cinq ans à tout donner, pour que notre atelier de sculpture réussisse sa mission de réenchanter notre monde gris, nos ennemis auront réussi à être les témoins de notre mort », s’est ainsi désolé le collectif composé d’artistes niçois engagés, dans sa publication sur X.
• Des propos qui rappellent ceux de Christian Estrosi dans sa contre-attaque au préfet Hugues Moutouh.
≈ Une commande publique mal ficelée
• « Quand la France peine à trouver son cap dans une période d’instabilité inédite, voilà que son représentant s’en prend à la figure de Jeanne d’Arc que nous avons souhaité incarner par l’installation d’une statue de bronze face à l’église dédiée à l’héroïne », avait lâché le maire de Nice par voie de communiqué après la publication de l’Ordonnance du tribunal administratif. « Point d’appel, le sort de notre nouvelle Jeanne d’Arc, déjà appropriée par nos concitoyens, est descellé », avait-il dénoncé. Et, provocateur : « Les ‹ déboulonneurs › de notre grand destin national peuvent passer leur chemin ».
• Ce n’est pourtant pas la figure de Jeanne d’Arc qui est remise en cause et sanctionnée, pas l’Histoire non plus, mais la faute commise dans le cadre d’une commande publique bien mal ficelée.
• « Les obligations de publicité et de mise en concurrence, imposées par la loi aux collectivités dans le cadre de la commande publique, sont des règles qui servent à garantir à la fois la transparence des procédures et la probité des opérations financières menées avec l’argent public », rappelait récemment dans nos colonnes un fonctionnaire de la préfecture.
• « Ces principes fondamentaux sont tellement importants que le Conseil constitutionnel en a fait des principes de valeur constitutionnelle », insistait-il.
• Mais Missor n’en démord pas, pas plus que la collectivité de Christian Estrosi.
« Cette dernière année, nous avons tout donné pour construire cette statue, et ceux qui ont réussi à faire annuler le contrat que la ville de Nice avait passé auprès de nous seront les témoins de notre faillite », a encore appuyé l’atelier sur le réseau social. Voulant malgré tout « accomplir sa mission »,
Ce dernier a appelé ses sympathisants à participer à la collecte en ligne lancée par André Barthe, ancien adjoint à la culture de Nice, et le prince descendant Joachim Murat, qui se présente sur son compte X comme « Gaullo-Bonapartiste ».
• La ville elle-même a appelé « tous les concitoyens de Nice et d’ailleurs » à participer à cette cagnotte, qui avait collecté lundi soir un peu plus de 21.000 euros sur les 170.000 espérés.
— Le Figaro Fr
— Mardi 28 janvier 2025
— ■ Nicolas Daguin —