07 avril 2025

≡ Symbolisme Du Thé


Origines De La Cérémonie Du Thé…


Contrairement aux idées reçues, la Cérémonie du Thé n’est pas seulement japonaise. Originaire de Chine lors du règne de la dynastie des Song (960 – 1279), la Gong Fu Cha Iqui « Le temps de Prendre le Thé » est toujours pratiquée aujourd’hui.


C’est au Pays du Soleil Levant qu’elle devint un rituel subtil, complexe et raffiné. Elle se nomme Chanoyu « Eau bouillante pour le thé » ou Sadō, si elle est la voie spirituelle qui conduit à maîtriser cet « art ».


C’est à un moine bouddhiste venu de Chine, où le thé était cultivé depuis des siècles, que l’on doit son introduction sur la terre des Sakuras au IXe siècle. Faisant florès de prime abord dans les sphères religieuses, la préparation et la dégustation du matcha fut, dès le XIIIe siècle, fortement apprécié des Samouraïs.


La Bourgeoisie de ce temps y opposa quant à elle l’esthétique du « Wabi », visant la sobriété et l’élégance. L’imperfection fut montée au pinacle comme étant, à l’instar de la vie même, le nouvel étalon du beau. L’admiration des bols en poterie, encore actuelle, de leurs ébréchures et défauts remonte à cette époque.


Portée Symbolique Et Signification



≈ Derrière son aspect codifié, la Cérémonie du thé recèle une très forte dimension symbolique. 


En effet, elle encense la rencontre comme étant « le trésor qui ne peut jamais se reproduire». Cette pensée fut introduite au XVIe siècle par Sen-No-Rikyū, figure tutélaire du Sadō, qui l’a mise en mot avec l’axiome ichi-go ichi-e « une fois, une rencontre ». 


Quiconque désire suivre le rituel de la Cérémonie du thé tend ainsi à faire siennes les quatre valeurs cardinales, Harmonie «wa», Respect «kei», Pureté «sei» et Tranquillité «jaku», spécifiques à la culture japonaise.


—La conversation n’a pas sa place durant la Cérémonie. 


Les convives sont invités à savourer le calme et apprécier la quiétude de la nature. Tout y concourt : les odeurs suaves de l’encens et du thé, les sons apaisants de l’eau et du feu, la simplicité, l’épure du cadre et les objets utilisés. La décoration y est pensée et finement travaillée pour entretenir une atmosphère de beauté et de délicatesse.


Selon les puristes, une vie ne saurait suffire à maîtriser la voie du Sadō. Il est cependant possible de s’en instruire en fréquentant assidument les « Cercles » d’initiés, qui se transmettent ce savoir séculaire.


La cérémonie du thé japonais ne relève pas seulement d’une esthétique, fût-elle parfaite, même si la pureté du décor, les instruments et les gestes peuvent, la faire apparaître comme telle. 


« La première cérémonie du thé, disent les Taoïstes, est l’offrande de la coupe par Yin-hi à Lao-Tseu, qui allait lui remettre le Tao-te King. »


Le théier, disent les bouddhistes du Zen, est né des paupières de Bodhidharma, qu’il avait coupée et jetée au loin pour s’interdire la somnolence durant la méditation.



Si la cérémonie du thé a les apparences d’un rite « communiel », qu’elle a probablement été pour atténuer la rudesse des mœurs, discipliner les passions, surmonter l’antagonisme guerrier, et établir la paix – sa caractéristique essentielle reste la sobriété, et le dépouillement de l’acte, qui vise au dépouillement de l’individualité. 


Comme Dans Tous Les Arts Du Zen, Le But À Atteindre Est Que L’acte Ne Soit Pas Fait Par L’ego, Mais Par La Nature Propre Ou Par La Vacuité. 


Ainsi, le thé est finalement le symbole de l’Essence à laquelle participe le Soi; mais cette participation n’est pas Vacuité dans le sommeil; elle est Veille intense et active dans le Silence contemplatif.



—Mardi 1er avril 2025




Aron O’Raney —