Une Fois Qu'un Bavardage Intérieur A Commencé, Et Que L'homme Lui A Accordé Crédit Et S'y Est Identifié, S'il Tente De S'en Détacher Pour Y Mettre Fin, Quelque Chose En Lui S'y Refusera Obstinément, Insistant Pour D'abord Terminer L'histoire Qu'il Est Occupé À Se Raconter Avant D'accepter De Lâcher Prise.
Toutefois, ce processus incontrôlé se déroulant en lui ne s'arrêtera pas à ce stade.
En effet, à moins d'être suffisamment avisé pour appréhender les dégâts à long terme que ce discours involontaire peut causer en son être et pour tenter d'y mettre un terme sans plus tarder, il voudra à nouveau recommencer son histoire pour ajouter un détail supplémentaire à ce qu'il voulait dire initialement, et qu'il lui semblait avoir oublié... et ce, interminablement.
En s'examinant attentivement, peut-être un aspirant sérieux découvrira-t-il que la majeure partie de ce bavardage intérieur, qui est fréquemment associé à toutes sortes d'imaginations, s'avère non seulement chimérique, sans but et futile, mais constitue très souvent une tentative de justification destinée à apaiser un sentiment de culpabilité conscient ou inconscient résultant d'une action ou d'une parole irréfléchie
— justification qui peut n'avoir aucun rapport avec la réalité ou la situation d'origine.
Peut-être le chercheur ne réalise-t-il pas, au départ, ce qu'une telle aventure spirituelle implique comme travail et comme étude tenace de lui-même nécessaires pour lui permettre d'avancer sans défaillance dans ce difficile voyage intérieur vers l'aspect Céleste de sa double nature.
Afin de pouvoir se dégager de ces entraves nuisibles qu'il rencontre en lui, il a besoin, au commencement, de disposer de certains supports sur lesquels s'appuyer ; et parmi ces différents supports,
Il lui est possible d'utiliser le «Nada», ce son particulier audible à l'intérieur des oreilles et de la tête, auquel il a été fait référence précédemment, pour se mettre à l'abri de ces voix indésirables en lui.
Par une étude approfondie de lui-même, l'aspirant arrivera à constater, non seulement la futilité de ce bavardage intérieur, mais également son caractère souvent négatif.
En effet, lorsqu'il se trouvera dans la situation ou en présence de la personne qu'il a imaginée pendant que se déroulaient en lui ces commentaires intérieurs, il découvrira, trop tard, que l'action ou le discours qu'il avait préparé ne correspond plus à la réalité du moment, et lui causerait même des problèmes par la suite s'il s'obstinait à vouloir le mettre en œuvre.
Si ce bavardage intérieur tourne autour de sujets négatifs, il risque, si l'homme y cède continuellement, de finir par devenir une obsession autodestructrice, comme on peut le constater assez fréquemment chez certaines personnes âgées, et une source de souffrance pour lui-même ainsi que pour ceux qui partagent sa vie ou qui travaillent avec lui et qui, d'une manière mystérieuse et incompréhensible d'ordinaire, sont touchés par les pensées ou les sentiments les plus intenses qu'il peut secrètement porter en lui à un moment donné.
Toutefois, quel que soit le genre de bavardage intérieur qui se déroule en l'aspirant, qu'il soit de nature négative ou même positive, il lui faut trouver la force de s'en détacher rapidement.
Car, durant les moments où ce bavardage continue sa manifestation en lui, il le maintient prisonnier dans le «temps», l'empêchant de s'élever vers des plans de conscience supérieurs en son être pour rejoindre son État Primordial — Un État Saint qui, lui, est indépendant du temps et de l'espace.
—Extrait de «Les obstacles à l'Illumination et à la Libération» — Ch VII —
— Éditions Guy Trédaniel —
—■ Salim Michaël —