Ces masques peuvent coûter plusieurs centaines, si ce n’est milliers d’euros.
— Natalia Blauth Unsplash+
⚕️Enfiler un terrifiant masque de lumière rouge est à la mode, mais est-ce que ça marche vraiment ?
≈ Née d’un hasard scientifique dans les années 1960, la photothérapie connaît aujourd’hui une seconde jeunesse. Des laboratoires aux salons de beauté, ses promesses de régénération et de cicatrisation fascinent, malgré des résultats encore inégaux.
•Dans les années 1960, le docteur Endre Mester s’est dit qu’il serait intéressant de tester l’impact de la lumière sur une tumeur. Mais en pointant un laser de faible énergie sur la peau rasée d’une souris, ce médecin hongrois est devenu malgré lui un pionnier de la photothérapie. Il constata en fait que la lumière rouge facilitait la pousse des poils et la cicatrisation. Soixante ans plus tard, la tendance de la thérapie par la lumière ne se dément pas, elle semble même connaître un second souffle. Des cliniques spécialisées au canapé, le pouvoir de la diode électroluminescente (LED) séduit de plus en plus.
•Également réalisable avec le laser froid, la photothérapie se base sur la faible intensité de la lumière émise, mesurée en milliwatts par centimètre. Elle s’applique aujourd’hui à l’aide de masques LED pour le visage, voire pour tout le corps, ou encore avec des petites baguettes portables.
— Sa promesse: cicatriser, repousser les effets de l’âge et même rajeunir. Mais ces appareils, qui coûtent parfois des sommes à quatre chiffres, valent-ils leur prix ?
•Les résultats de la recherche scientifique sont prometteurs, rappelle le National Geographic. Dans les décennies qui ont suivi la découverte d’Endre Mester, la photothérapie a démontré toute une panoplie d’effets positifs. Sans que l’on sache parfaitement pourquoi, la lumière bleue permet par exemple de traiter l’acné et de soulager d’autres problèmes de peau, comme la réduction des inflammations.
•Quant à la lumière rouge et proche infrarouge, ses longueurs d’onde plus amples peuvent cibler les cellules cutanées ou pénétrer plus profondément dans le corps. « Cela déclenche une réaction en chaîne dans les mitochondries », indique Daniel Barolet, chercheur en dermatologie laser, praticien et professeur à l’université McGill à Montréal (Canada). Un effet domino qui stimule la santé production de collagène et la circulation sanguine. À la surface, il accélère aussi la cicatrisation — notamment de brûlures et d’ulcères — et réduit les signes du vieillissement, comme les rides et les taches brunes.
≈ Des effets à long terme mal connus
•Alors comment ça marche ? La photothérapie par LED, ou plus précisément la photobiomodulation (PBM), utilise une lumière douce et de faible intensité dans le spectre visible, généralement bleu, rouge ou proche infrarouge, pour stimuler les processus physiologiques naturels. « On se sert de la lumière pour donner un coup de pouce aux cellules dans la bonne direction », résume Daniel Barolet.
•Il faut dire que nous sommes déjà censés recevoir ces bénéfices par le Soleil. Pour la première fois de l’histoire humaine, nous passons désormais plus de temps en intérieur, loin de la lumière naturelle. Un « petit coup de boost » peut donc s’avérer utile. Les tissus qui ont le plus à gagner de la PBM sont ceux qui souffrent d’un état d’épuisement, comme une peau brûlée par le Soleil, détaille Alexander Wunsch, médecin et expert en photothérapie.
≈ Attention aux belles promesses
•Néanmoins, la photobiomodulation est loin de pouvoir résoudre tous les problèmes de peau. « Il y a une vraie science derrière tout ça et la photothérapie fonctionne cliniquement, explique Zakia Rahman, professeure de dermatologie à l’Université Stanford (États-Unis). Mais elle n’aura pas l’effet spectaculaire que d’autres traitements médicaux plus profonds peuvent avoir. »
•Les LED ont beau être indolores, une exposition prolongée à la lumière bleue (proche du spectre ultraviolet) peut engendrer des lésions cutanées, un vieillissement prématuré ou des irritations. Tout l’inverse de ce que cherche la thérapie initiale, donc, sans compter que la recherche scientifique sur les effets à long terme reste limitée. La lumière rouge et proche infrarouge, quant à elle, comporte moins de risques. Seules les allergies au Soleil et des yeux particulièrement sensibles seraient à craindre, selon Daniel Barolet.
•Quand on choisit la photothérapie à domicile plutôt qu’en clinique, un autre risque entre en ligne de compte: celui des appareils de mauvaise qualité. Les experts conseillent de regarder avant tout l’intensité de la puissance lumineuse. « Il y a beaucoup d’arnaques… La plupart du temps, l’énergie est très très basse », remarque Glynis Ablon, professeur de dermatologie à l’université de Californie à Los Angeles (États-Unis).
•Pour les masques LED à lumière rouge, Glynis Ablon recommande des appareils qui émettent 105 milliwatts par centimètre. En lumière bleue, l’intensité peut être plus basse. « Si ça tourne autour des 40, pourquoi pas, mais si on atteint les 10, ça ne sert probablement à rien », dit-elle.
• Dans certains cas, la photobiomodulation marche mieux quand elle est combinée à d’autres traitements. « C’est le cas du duo lumière rouge et crème antiâge », conclut Daniel Barolet. La photothérapie ne remplace évidemment en aucun cas les autres produits, comme la crème solaire ou les rétinoïdes sur ordonnance. Que vous choisissiez la clinique ou le masque LED, les experts conseillent de n’abandonner aucun autre traitement et de ne pas s’attendre à des résultats immédiats.
— 21 octobre 2025
— Source documentaire :Slate France
■— Matthias Troude —
