17 octobre 2025

≡ Le Jardin d’Éden

« L’Expulsion du jardin d’Éden » par Thomas Cole (1828) via Wikipédia


⛲️Le jardin d’Éden a-t-il existé ?


Des archéologues le pensent et en traquent les vestiges dans le monde entier



— Du Tigre et de l’Euphrate jusqu’au Nil, en passant par des rivières disparues d’Arabie saoudite, les chercheurs n’ont cessé de traquer l’éden biblique. Pourtant, après des millénaires d’hypothèses, la quête peine à fournir des preuves concrètes.



Le jardin d’Éden a-t-il vraiment existé ? La question, vieille de plusieurs millénaires, continue de diviser archéologues et exégètes. Au fil des siècles, le récit biblique a séduit : « Un fleuve sortait d’Éden pour irriguer le jardin et, de là, il se divisait en quatre bras, dont le Tigre et l’Euphrate », décrit la Genèse. Cette précision géographique a longtemps ancré l’idée d’un lieu réel, niché quelque part entre les terres de l’Orient ancien, résume un papier du National Geographic.


Pour de nombreux spécialistes, le témoignage biblique répond d’abord à une quête symbolique : Éden serait moins un repère cartographique qu’un paysage archétypal, inspiré par les splendides jardins royaux de Mésopotamie. « Les auteurs de la Genèse ont puisé dans l’imaginaire du Croissant fertile, dont les plaines irriguées ont fait naître l’agriculture et les premières cités », note l’historienne Francesca Stavrakopoulou. La région du Tigre et de l’Euphrate, au sud de l’Irak actuel, reste la zone favorite des aventuriers de l’Éden perdu.


Des générations d’archéologues ont sillonné la zone, scrutant le moindre lit de rivière asséché. Le Pishon et le Gihon, les deux rivières manquantes du récit, ont suscité d’intenses spéculations : certains pensent qu’il s’agit de cours d’eau disparus ou saisonniers, comme le Wadi al-Batin dans l’actuelle Arabie saoudite. D’autres y voient des allusions à des régions mythiques n’ayant jamais existé, quant aux traditions associant le Gihon au Nil ou à ses affluents, la correspondance géographique ne colle pas assez pour être crédible.


Un jardin englouti ?


Dans les années 1980, l’archéologue Juris Zarins a proposé une hypothèse audacieuse : selon lui, le jardin d’Éden se cacherait aujourd’hui sous les eaux du golfe Persique, englouti par la montée du niveau marin après la dernière glaciation. Des images satellites révèlent effectivement d’anciens lits fluviaux vers cette embouchure, mais l’absence de vestiges ou d’artefacts rend la piste fragile — et contestée par une grande partie de la communauté scientifique.


En parallèle, quelques voix minoritaires proposent des alternatives plus aventureuses : pour le Dr Konstantin Borisov, le jardin biblique se trouverait non pas en Irak, mais en Égypte, sous la pyramide de Gizeh, s’appuyant sur d’anciennes cartes et une relecture des textes égyptiens et mésopotamiens. D’autres chercheurs placent Éden en Iran, dans l’actuelle région du lac d’Urmia, certains allant même jusqu’à évoquer des racines sud-américaines ou Caucasiennes.


Mais la quête archéologique est vite confrontée à ses limites : « Les preuves sont bien minces, et aucune fouille n’a exhumé un arbre de la connaissance ou des vestiges du paradis perdu », concède Joël Baden, théologien à Yale. Les sites supposés ont tous de bons arguments à apporter, mais aucun n’a pu s’imposer de façon définitive.


Pour une nouvelle génération de chercheurs, Éden est avant tout une invention littéraire, le reflet des jardins idéalisés d’Asie occidentale qui ont inspiré le récit biblique. « Le jardin d’Éden, c’est le symbole du vaste monde connu de l’époque, de la Méditerranée aux frontières de l’Assyrie et de Babylone », explique Mark Leutcher, spécialiste du judaïsme ancien. Le texte n’est donc pas un mode d’emploi archéologique, n’en déplaise aux chercheurs les plus chevronnés.


Peut-être, la vérité se cache quelque part dans la quête elle-même. 


— Qu’on le cherche en Mésopotamie, en Égypte ou sous l’océan, Éden reste, par essence, insaisissable, un paradis toujours invoqué, évoqué, mais jamais tout à fait retrouvé.



— Jeudi 25 septembre 2025

— Source documentaire : Slate France




Clément Poursain —