20 mai 1999

L’Égrégore, Sous l’Angle Maçonnique

 



En latin, egregius signifie « remarquable, illustre, exceptionnel ».


Le mot égrégore a été introduit dans la langue française par Victor Hugo dans La Légende des siècles où il est utilisé comme adjectif au sens étymologique, puis avec un sens abstrait, légèrement cabalistique, comme substantif.


À cette graphie, s’ajoute la variante « eggrégore » et l’on trouve aussi des pseudo-latinismes tels « egrigor » ou « égrigore ».


Selon une définition ésotérique, l’égrégore est une Forme-Pensée générée et maintenue par l’attention convergente d’un groupe d’individus ayant une finalité commune, vers laquelle ils tendent passionnément.


Il s’agirait en fait d’un champ d’énergie à la fois mentale, émotionnelle et spirituelle.


Les membres du groupe engendrent l’égrégore par lequel ils sont adombrés (1) à mesure qu’il se constitue.


L’action devient alors réciproque ; car les membres alimentent l’égrégore et celui-ci agit sur eux, avec une puissance proportionnelle au nombre de participants et à l’intensité de leur engagement dans le « But » commun.


Il s’agit d’une force vivante agissant comme une entité autonome.


Pour la philosophie occidentale et pour la Révélation chrétienne, l’intelligence est une faculté spirituelle, c’est-à-dire une faculté qui transcende radicalement la matière.


Nous pouvons admettre que l’on parle des passions de l’âme en termes « d’énergie ».


L’occultisme la qualifiera d’« astrale » puisque les sentiments et émotions sont étroitement liés à notre dimension physique.


Dans le sens Maçonnique du terme, 


L’égrégore se définit comme une « entité spiritueuse » issue d’un travail commun, et de la conscience collective.


L’égrégore traduit l’essence de ce que l’esprit du groupe doit révéler, c’est-à-dire l’énergie cohérente et collective d’une pensée unifiée.


Il s’agit d’une Communion spirituelle partagée.


Elle se révèle notamment avec une grande force, après l’invocation de clôture de la Loge, dans la Chaîne d’Union qui regroupe les frères formant le cercle, mains enlacées, pour évoquer le lien indéfectible qui unit les maçons du monde entier, à ceux qui les ont précédés et à ceux qui les suivront.


L’égrégore est ainsi le champ d’énergie créé par les frères de la loge unis dans un même but, empruntant le même chemin spirituel, et vivant les mêmes émotions.


Il s’agit d’une énergie unifiée, par la voie commune à tous les frères participants, c’est l’interaction coordonnée entre ses membres, qui génère l’égrégore.


Quelle serait l’utilité de la chaîne d'union sans l'égrégore ? 


A rappeler la fraternité que doivent pratiquer les maçons ? 


Certainement pas, car celle-ci se trouve déjà symbolisée par la présence de la houppe dentelée sur les murs ou le tableau du grade.


Or, rien dans la Maçonnerie ne fait double emploi et l'égrégore apparaît comme le seul « véhicule » de la communion spirituelle collective.


Tout comme les pratiques religieuses traditionnelles :


Des Musulmans en prière tournés vers La Mecque, Des chrétiens communiant ensemble dans les églises, ou encore Des Fidèles de toutes religions, dans leurs temples, et monastères.


Celui qui conteste cette réalité ne peut le faire sans remettre en cause la nature même de sa démarche maçonnique, et s'enfoncer dans les voies d’un matérialisme ténébreux.



(1) Dans la terminologie de la théosophie et plus particulièrement de la magie blanche, l'adombrement, ou action d'adombrer, est un processus par lequel un être spirituellement très avancé — le plus souvent un Maître de Sagesse — utilise le véhicule physique d'un disciple (généralement un initié de niveau assez élevé) afin de transmettre des enseignements.


— Jeudi 20 mai 1999



▲ Aron O’Raney —