Vénérable Maître,
Le voyage symbolique représente le début de l’initiation maçonnique, et comme candidat, il m’a été permis d’accomplir trois voyages à la recherche de moi-même.
Le feu, l'eau et la terre, sont les trois épreuves successives et indispensables, qui symbolisent les trois voyages initiatiques que j’ai pu accomplir, comme Cherchant, Persévérant, et Souffrant.
Dans la chambre de préparation, chercher, persévérer, et souffrir, sont déjà trois mots que j’ai pu lire au bas du Premier Tableau, découvert par le frère proposant.
Chercher et Persévérer, furent aussi deux mots essentiels, prononcés à trois reprises par le vénérable maître et les frères surveillants, avant mon introduction dans le temple.
La qualité de persévérance, caractérise le second voyage, elle représente la fermeté et la constance, de celui qui doit poursuivre sans relâchement un but clairement défini, ce qui doit être le cas lorsqu’on emprunte la voie initiatique de la Franc Maçonnerie.
Persévérer, c’est pour moi confirmer chaque jour un peu plus, à travers mes pensées, et la concrétisation affichée par mes actes, ma volonté d’aller de l’avant, de progresser, de surmonter les obstacles, de comprendre, et décrypter les apparences pour tenter d’arriver à l’essentiel.
Persévérer, c’est également perfectionner par un travail sur moi, la perception que je ressens, de l’univers où je vis et dans lequel je me dois d’évoluer.
Persévérer en résumé, c’est peut-être la faculté de pouvoir s’insérer, dans la substance même des choses, pour tenter de mieux s’intégrer dans l’harmonie générale qui préside aux destinées de notre monde.
Ma conception du voyage Maçonnique assimile l’expression du mouvement comme un facteur provocateur et stimulateur du mental.
Parfois ressenti comme contraignant, le voyage est un vecteur dynamique et puissant du changement et de l’enrichissement spirituel.
Le voyage me permet de prendre pleinement conscience de ma réalité, de m’interroger sans cesse, de me remettre en cause, et d’apprendre toujours plus encore, au-dedans comme au-dehors, avec au fonds de moi le secret espoir, de pouvoir atteindre peut être un jour, une parcelle de vérité ou la vérité pure.
Le voyage c’est aussi la recherche ininterrompue, et une quête perpétuelle, extérieure comme intérieure.
Le second voyage s’accomplit dans la région du Nord, de l’occident à l’orient en passant par le Midi ; l’élément de l’épreuve est l’eau et il est écrit dans le rituel du grade :
« C'est par la dissolution des choses impures que l'eau lave et purifie ; mais elle recèle leurs influences funestes, et les principes de la putréfaction ».
Je ressens dans cette dernière phrase, comme un avertissement donné, car cela me rappelle à l’évidence, qu’il me faut préalablement et impérativement, arriver à corriger mes imperfections pour être en mesure de recevoir la purification par l’eau.
L'eau joue un rôle éminent car en subissant l'épreuve de l'eau, le profane doit prendre conscience de ses déficiences, et de ses insuffisances ; puisqu’il est supposé accéder à la pureté de l'initié.
La purification par l’eau, nécessite donc préalablement et obligatoirement, une base saine, exempte de toute impureté, ou imperfection.
L'eau est par excellence le symbole de la vie. Elle est l'un des éléments indispensables qui contribuent à rendre l'existence possible.
On ne peut ignorer que c'est dans l’eau, complétée par d’autres propriétés nutritives, que l'être humain passe les neuf premiers mois décisifs de sa vie.
Sans eau, l'homme meurt, sans eau, la végétation périclite, sans eau, la civilisation disparaît.
L’eau est aussi un symbole de renaissance lorsqu'elle dispense généreusement ses bienfaits, car elle redonne la vie, permet la croissance, et engendre l'existence.
L'une des fonctions de l’eau est de laver ; mais par-delà ce besoin physique naturel, l'homme doit acquérir avant tout la force spirituelle qui sera peut-être celle de la purification.
L'eau lave au sens propre comme au sens figuré ; elle purifie autant le corps que l'esprit, sous réserve que l’homme se soit rectifié auparavant, elle peut ainsi devenir alors l’outil d'une intense spiritualité.
C'est l'eau du baptême qui devient bénite après avoir reçue du prêtre la bénédiction, elle fait alors entrer le nouveau-né profane au sein de sa religion.
Ce sont les pluies généreuses qui fécondent et fructifient les cultures pour nourrir l’homme, mais les averses torrentielles sont la aussi présentes, pour laver la cité de ses péchés.
Ce sont les eaux du Gange qui lavent, purifient et assument la mission sacrée d'emporter les cendres du défunt.
L’eau peut être considérée à la fois, comme un symbole de Mort et de Renaissance, et c'est peut-être aussi l’une des raisons, pour laquelle on trouve un vase plein d'eau dans la chambre de réflexion.
Le Second Voyage, se caractérise par la qualité de Persévérance, il est aussi une épreuve comme les deux autres voyages initiatiques.
Les voyages permettent de prendre conscience du monde matériel où nous vivons, et duquel nous devons tenter absolument de nous extirper, en utilisant avec persévérance les préceptes de l’enseignement maçonnique.
Nous devons pour atteindre ce but, rechercher à l’intérieur de nous-mêmes, des ressources enfouies que nous méconnaissons souvent, qui peuvent par la seule force de notre volonté, nous permettre peut être de retrouver la lumière.
Les voyages dans les trois régions élémentaires, ne permettent pas de découvrir la Lumière, les Eléments détruisent l’être corrompu, mais ne peuvent le régénérer, et l’étude de la matière n’apportera ni réponse, ni solution à l’homme dans ses rapports avec dieu et l’univers.
Au terme des trois voyages je conserve en mémoire, la phrase du Vénérable Maître qui dans son dialogue avec le 2e surveillant, lui répond paradoxalement, après avoir constaté mon échec « Puisqu’en traversant les trois régions élémentaires, il a éprouvé leur rigueur, et qu’il n’a pu y trouver la lumière qu’il désire, il est sur la bonne voie ».
J’ai Dit Vénérable Maître.
— Dimanche 3 janvier 2000 — Pyl
▲ Aron O’Raney —
