28 juillet 2011

La Symbolique Du Labyrinthe, Quelques Aspects...



Thésée Et Le Minotaure – Mosaïque Romaine De Rhétie 

Le Labyrinthe Ce Tracé Complexe, Se Retrouve À L’état De Nature, Dans Les Couloirs D’accès De Certaines Grottes Préhistoriques, Il Est Donc Ainsi Apparu Dès La Préhistoire. Il Se Retrouve Par Ailleurs, Dans De Très Nombreuses Civilisations, Mais Aussi Sous Différentes Formes.

Le labyrinthe dans la mythologie grecque, est le palais crétois de Minos où était enfermé le Minotaure, et où Thésée ne put sortir qu’à l’aide du Fil d’Ariane. Elle représente la série complexe de galeries construites par Dédale pour enfermer le Minotaure.

Au Moyen Âge, le labyrinthe se retrouve dans les Eglises et cathédrales ; il est dansé de la Grèce à la Chine, il était connu en Egypte, et on l’a rapproché du Mandala Bouddhiste.

Labyrinthe De La Cathédrale D’Amiens

Le principe du labyrinthe est de circonscrire dans le plus petit espace possible l’enchevêtrement le plus complexe de sentiers pour masquer et retarder la découverte du centre d’intérêt. 

Le labyrinthe inspire aussi l’idée d’épreuves, ou de difficultés rencontrées dans un cheminement. 

Le Mythe Du Labyrinthe

Le cercle dans lequel s'inscrit le labyrinthe symbolise l'unité, la perfection : il renvoie à la finitude de la vie. Il s'agit d'une double représentation de l’Homme et de sa condition :

Il représente l’Homme obscur à lui-même, qui se perd en essayant de se connaître. Il symbolise l’âme humaine dans sa complexité, en proie au mal, incarné par le Minotaure, l’être monstrueux, dont la rencontre se révèle fatale.

Il représente aussi l’Homme face à l’univers, perdu, ne sachant d’où il vient, qui il est, ni où il va, il cherche à sortir de cet état, en trouvant les réponses à ses questions.

Symbole Initiatique

Le labyrinthe est un archétype de la Connaissance. Il représente les épreuves initiatiques discriminatoires, préalables au cheminement vers un centre occulté. 

Le labyrinthe permet l'accès à cette finalité du Centre, grâce au voyage initiatique, interdit à ceux qui n'ont pas les « qualités » requises. Le passage d'un univers à l'autre s'effectue au prix de cette traversée, qui s'accomplit selon les directives consignées dans les rites et traditions.

Symbole Kabbalistique Et Alchimique

Dans la tradition kabbalistique reprise par les alchimistes, le labyrinthe remplit une fonction magique. Il serait l’un des secrets attribués à Salomon il est défini comme le « travail entier de l’Oeuvre ». Le parcourir signifie affronter les innombrables détours intérieurs de ses émotions et apprivoiser son intuition pure. C'est pourquoi le labyrinthe des cathédrales serait appelé labyrinthe de Salomon.

Aux yeux des alchimistes, il serait une image du travail entier de l'œuvre avec ses difficultés majeures. Celle de la voie qu'il convient de suivre pour atteindre le centre, où se livre le combat des deux natures ; celle du chemin que l'artiste doit tenir pour en sortir.

L'aller et le retour dans le labyrinthe seraient le symbole de la mort et de la résurrection spirituelle.

Le Labyrinthe Symbolique

Le labyrinthe est un puissant symbole. Il est insaisissable et son aura fascinante repose sur le flou symbolique qui l’entoure. Figure originelle, géométrique, sacrée ou magique, il est d’abord la représentation d’une philosophie humaine. Les civilisations le manipulent comme une incarnation de leurs conceptions du monde et de la vie. 

Un sens profond se cache peut-être à l’intérieur de l’homme.


L’étymologie nous livre quelques pistes pour tenter de résoudre cette énigme. Labyrinthe ou « laborintrus » comporte la racine latine « labor » qui signifie travail dans le sens d’effort.

Plusieurs mots découlent de ce terme. « Labrum » peut se traduire comme « le sillon ouvert » par le « labrus » qui est le nom donné à une hache à double tranchant. 

Cette arme servait à séparer les antagonismes que sont le Bien et le Mal, le haut et le bas, le profane et le spirituel.

Le labyrinthe s’apparente à une frontière invisible. Il s’agit d’un champ de bataille où des forces contraires luttent pour imposer leur souveraineté à la surface du monde.

Labyrinthe végétal au parc Schönbusch à Aschaffenburg – Allemagne

Pour mieux appréhender le mystère du labyrinthe, il faut comprendre que son voyage dans le temps l’a rendu polysémique. 

Les différentes civilisations, l’ont chargé du symbolisme propre à leur époque et à leur façon d’être.

Le labyrinthe souterrain de Crète est un élément à part entière de la naissance de l’homme. Sa forme d’utérus accueillait les cultes consacrés à la Terre, la Déesse mère, fécondée par une Déité indifféremment baptisée Zeus ou Dieu. Trois enfants possédant les trois qualités originelles de l’homme naquirent de l’union. 

Le labyrinthe est la matrice où l’homme fut conçu et vit le jour. Il se forma physiquement et spirituellement dans le ventre maternel avant de s’épanouir au soleil.

Pour les Hopis, ce peuple amérindien, le labyrinthe ou « tāpu’at » est un symbole ancien et fort. De forme carrée ou circulaire, il figure « la mère et l’enfant » et représente la renaissance spirituelle en tant que concept fondamental de leur pensée religieuse. Aujourd’hui, il décore encore la production artisanale de ce peuple.

Le labyrinthe-Utérus de l’antiquité grecque est remplacé par le labyrinthe-cerveau et aérien au Moyen-Âge.

Le dédale concrétise l’essence de la vie selon le précepte ecclésiastique. La forme circulaire est inspirée du cheminement spirituel vers Dieu. 

Une pensée dissidente relie les méandres labyrinthiques aux égarements existentiels. Elle postule que la voie du Christ et de la Vierge est l’unique voie du Salut. La Purgation survient pendant l’accession au Centre, et l’union consiste à sortir du labyrinthe, uni à Dieu.

Labyrinthe Moderne De Pierre Sur Eau À Nimègue – Pays-Bas

Apparenté, au labyrinthe Le mandala du bouddhisme se décline sur une multitude de supports.

La franc-maçonnerie privilégie l’image de la recherche du centre individuel.

La voie unique sur les pavements des cathédrales n’égare pas le voyageur, mais le conduit, elle est la voie à suivre.

Le labyrinthe où l’on se perd est une épreuve fondatrice, le voyageur est formé par son errance et ses choix d’orientation. Le Centre du labyrinthe reste mystérieux il s’enrichit des aspirations propres à chacun.

Léonard de Vinci le saisit comme la combinaison de la spirale et de la tresse qui exprime l’infini. La géométrie labyrinthique est sacrée et renvoie à des nombres irrationnels et symboliques.

La division de l’édifice en quatre secteurs suggère par exemple les croix chrétiennes ou druidiques; elle rappelle aussi les quatre saisons, les quatre éléments, et les quatre points cardinaux.

Symbole de défense, Le labyrinthe a été utilisé, pour la défense d’un territoire, d’une ville, d’un village, d’un tombeau, d’un trésor, contre les menaces humaines, ou les influences maléfiques.

Dans le jeu de l’Oie, le labyrinthe est la représentation miniature de la vie et des règles qui la régissent.

Le labyrinthe s’insinue dans le quotidien et l’inconscient individuel. Dans un rêve, il est généralement annonciateur d’une révélation. Le sens caché du labyrinthe est peut-être enfoui dans l’homme, et La solution se trouve alors dans l’aventure intérieure si l’on accepte de se perdre.


— Jeudi 28 juillet 2011


▲ Aron O’Raney —