03 septembre 2018

Symbolisme Du Sel


Le Symbolisme Du Sel 1

❝ Le Sel Indispensable À La Vie, Est Étroitement Lié À Ses Origines, Mais Il Peut Aussi La Détruire. ❞


Le sel purifie, la Bible mentionne que les villes de Sodome et Gomor l’ont été avec du sel. On change aussi les pécheurs en statues de sel, on éloigne le mauvais sort, et l’on repousse les étrangers indésirables en répandant du sel.

Le porte-parole du Christ comme sel de la terre (Matt, 5, 13) en est certes la force et la saveur, mais aussi le protecteur contre la corruption. C’est à cette propriété sans doute qu’il faut imputer son usage purificateur dans le Shintô, lorsque la divinité Izanagi, à son retour du royaume des morts, se purifié dans l’eau salée de la mer.

C’est pourquoi l’alliance du sel désigne une alliance que Dieu ne peut briser (Nombres, 18,11 ; Chron., IL 5). 

Le Lévitique (2,1 .3) fait allusion au sel qui doit accompagner les oblations ; en tant que sel de l’alliance, tout sacrifice doit en être pourvu.

Selon l’évangile de Matthieu, Jésus a identifié ses disciples au sel de la terre ; ainsi par extension, être le sel de la terre, c’est représenter l’intégrité et la pureté originelles, c’est appartenir à l’élite morale.

❝ Est-ce Un Hasard Si, Dès La Formation Du Monde Au Sens Biblique De La Genèse, L’histoire Du Sel Se Confond Avec Celle De L’homme ? ❞

Condiment essentiel et physiologiquement nécessaire à la nourriture, l’aliment du sel est évoqué dans la liturgie baptismale ; sel de la sagesse, il est par là même le symbole de la nourriture spirituelle.

Le caractère pénitentiel qu’on lui attribue quelquefois en la circonstance est, sinon erroné, du moins secondaire. On partage le sel, comme le pain.

Les exorcistes emploient le sel en tant que Symbole de pureté. Les sorciers l’utilisent aussi pour ses qualités bénéfiques et maléfiques. On dit que le diable ne met jamais de sel dans ses plats ! C’est pour cela que le sel exorcise du Mal.

Pour les alchimistes, le sel est le principe neutre issu des noces philosophales du Soufre et du Mercure. Ce qui brûle, c’est le Soufre ; ce qui fume, c’est le Mercure ; les Cendres, c’est le Sel.

Chez les Hébreux, le sel était aussi un élément important du rituel, toute victime devait être consacrée par le sel ; par ailleurs, la consommation en commun du sel a parfois la valeur d’une communion, ou d’un lien de fraternité.

Les divers aspects du symbolisme du sel, résultent de ce qu’il est extrait de l’eau de mer par évaporation, c’est, dit Louis-Claude de Saint-Martin, un feu délivré des eaux, à la fois quintessence et opposition.

C’est à l’aide du sel extrait des eaux primordiales, barattées par sa lance, que Izanagi divinité du Shintoïsme co-créateur du monde et du Japon, constitua la première île centrale de « Onûgurujirna ».

Á l’inverse, le grain de sel, mêlé à l’eau et qui fond en elle, est un symbole tantrique de la résorption du Moi dans le Soi universel.

❝ Le Sel Est Conservateur Des Aliments Et Destructeur Par Corrosion. Son Symbole S’applique Ainsi À La Loi Des Transmutations Physiques Et À Celles Des Transmutations Morales Et Spirituelles. ❞

Le Symbolisme Du Sel 2
Combinaison, et partant neutralisation, de deux substances complémentaires, il est, outre leur produit final, formé de cristaux cubiques : c’est l’origine du symbolisme hermétique.

Le sel est la résultante et l’équilibre des propriétés de ses composants. A l’idée de médiation s’ajoutent celles de cristallisation, de solidification, et aussi celle de stabilité, que précise la forme des cristaux ; Le sel symbolise aussi l’Incorruptibilité.

Consommer ensemble le pain et le sel signifie, pour les Sémites, une amitié indestructible, un sens identique se trouve dans Philon, quand il décrit la nourriture des Thérapeutes lors du Sabbat ; celle-ci est composée de pain, de sel d’hysope et d’eau claire.

Les pains de proposition étaient accompagnés de sel. En raison de son caractère rituel, l’usage du sel sera adopté par les chrétiens lors des jeûnes, du baptême, etc.

Le sel peut avoir un tout autre sens symbolique et s’opposer à la fertilité. Ici, la terre salée signifie la terre aride, durcie. Les Romains répandaient du sel sur la terre des villes qu’ils avaient rasées, pour rendre le sol à jamais stérile.

Les mystiques comparent parfois l’âme à une terre salée ou, au contraire, à une terre fertilisée par la rosée de la grâce ; que se retire ta salure de l’antique condamnation écrit Guillaume de Saint-Thierry, en s’inspirant du Psaume 106, 34.

La terre est infertile parce que salée, dira encore Guillaume, en citant un texte de Jérémie, 17, 6. Tout ce qui est salé est amer, l’eau salée est donc une eau d’amertume, elle s’oppose à' l’eau claire fertilisante.

― Au Japon, la vertu purificatrice et protectrice, du sel s’exerce dans la vie courante, et dans les cérémonies shintoïstes ; sa récolte est l’objet d’un rituel important. En petits tas près de l’entrée des maisons, sur la margelle des puits, ou sur le sol après les cérémonies funéraires, le sel a le pouvoir de purifier les lieux et les objets qui pourraient, être souillés.

Certains Japonais mettent du sel dans leur maison après le départ d’une personne détestable. Les champions de lutte traditionnelle Sumo, en répandent sur le ring avant le combat, en signe de purification et de loyauté au combat.

Le grand Kami Izanaki-no-Mikoto, s’étant souillé en voulant revoir sa femme aux enfers, alla se purifier par des ablutions dans l’eau de mer au petit détroit Tachibana, situé dans l’ile Kyushyu. Son nom et celui de sa femme signifient : qui se séduisent mutuellement.

Au Japon, on l’a noté, le sel est considéré comme un purificateur puissant, en particulier dans l’eau de mer. Dans le plus ancien livre shintoïste japonais, le Kojiki, on peut lui découvrir une origine mythologique.

― Les Romains donnaient du sel aux nouveau-nés et ainsi la sagesse. Mais ils en jetaient aussi sur le sol des villes conquises et détruites afin que plus rien n’y pousse. 

Car un manque de sel est aussi de mauvais augure signifiant la fin, le manque, la maladie et la précarité, à l’instar du pain sans sel de la ville de Florence qui fut le symbole de la résistance de la ville assiégée.

― Les Egyptiens de haute Egypte en ont échangé à certaines périodes au poids de l’or. Il a été de fait très longtemps une monnaie d’échange, le mot salaire vient du latin « salarium », car les soldats romains étaient payés en sel.

― Chez les Grecs, comme chez les Hébreux ou les Arabes, le sel est le symbole de l’amitié, de l’hospitalité, parce qu’il est partagé, et de la parole donnée, parce que sa saveur est indestructible. Homère affirme son caractère divin. Il est employé dans les sacrifices.

― Au Moyen-Âge, on pensait qu’avoir du sel au fond d’une poche faisait fuir le démon, et qu’en disperser aux quatre coins de sa maison éloignait le mauvais sort.

Source Documentaire : Dictionnaire des symboles 
 Jean Chevalier-Alain Gheerbrant —

— Lundi 3 septembre 2018



▲ Aron O’Raney —