23 avril 2019

Symbolisme De l’Arbre




Depuis Des Lustres L’homme Accorde À L’arbre Un Statut Incomparable En L’assimilant Au Monde De L’esprit, C’est Ainsi Qu’il Apparait En Tant Que Tel À Travers Le Temps, Dans Bon Nombre De Religions Et Au Sein De Cultures Ancestrales.

Dans ce fort contexte symbolique, l’arbre de vie se retrouve ainsi immergé dans plusieurs domaines ayant trait à la mythologie, à la science, aux religions, et à la théologie.

Pointant Vers Le Ciel, Il Est Le Symbolisme De La Verticalité. Ses Feuilles S’étiolent, Tombent, Et Re Bourgeonnent, Ce Qui Évoque Le Cycle De La Mort Et De La Renaissance.

L’arbre est considéré aussi comme le symbole du lien et des rapports existant entre Terre et Ciel. 

Synonyme de l’Axe du monde, il met en relation les trois niveaux du cosmos :

Le souterrain, par ses racines enfouies dans les profondeurs
La surface terrestre, par son tronc
Les hauteurs, par sa cime attirée par l’astre solaire. 

Il Est Le Lien Indissoluble Entre Le Monde Chthonien Des « Dieux De La Terre » Et Celui Du Monde Ouranien Des « Dieux Du Ciel ». 

L’arbre Réunit aussi Les Quatre Éléments :

L’eau circule avec la sève
La terre s’incorpore à lui par ses racines
L’air nourrit ses feuilles
Le feu jaillit de son frottement. 

Il est, le chemin montant emprunté par ceux qui passent du visible à l’invisible, il évoque aussi bien « l’échelle de Jacob », que le « Poteau chamanique », ou le « Poteau-Mitan » vaudou. 

Il est le pilier central soutenant le temple ou la maison, dans la tradition chrétienne, et la colonne vertébrale qui maintient le corps humain, ce temple de l’âme.

Dieux, esprits et âmes empruntent le chemin de l’arbre du monde, entre Ciel et Terre. 

L’arbre central, qui du cosmos à l’homme, couvre le champ de la pensée de sa présence et de sa puissance, est aussi, l’arbre de vie, qu’il soit à feuilles persistantes, tel le laurier, symbole d’immortalité, ou à feuilles caduques dont la régénération exprime le cycle des morts et renaissances.

Ainsi en est-il des fruits de l’arbre de vie de l’Eden, au nombre de douze, signe du renouvellement cyclique, et de celui de la Jerusalem céleste, des pommes d’or du jardin des Hespérides et des pêches de la Si-Wang Mou, de la sève du Haoma iranien, sans parler des résines de conifères. 


En Chine, l’arbre Kien-Mou « Bois Dressé », marque le centre de l’univers où devait se trouver la capitale parfaite. 

L'on dit qu'à midi rien de ce qui se tient à ses côtés ne donne d'ombre, rien n'y fait écho.

Par son tronc descendent les souverains, soleils des hommes, médiateurs entre Ciel et Terre. De part et d'autre de Kien-Mou, se dressent au levant P'an-Mou, un immense pêcher, dont les fruits confèrent l'immortalité, et au couchant l'arbre Jo, sur lequel les Dix Mille soleils viennent se percher le soir. 

Chez Les Musulmans chiites du rite ismaéliens, l’arbre, nourri de la terre et de l’eau, et dépassant le septième ciel symbolise la Hakikat, (Vérité) un état de béatitude où le mystique dépasse la dualité des apparences pour rejoindre la réalité suprême, l’unité originelle où l’Être coïncide avec Dieu.

Chez les Indiens Pueblo, le grand sapin du monde souterrain reprend le symbolisme ascensionnel de la migration des âmes, en fournissant l’échelle par laquelle les ancêtres, en ce temps-là, purent grimper jusqu’à la terre du Soleil. 

Dans Le Bouddhisme, L’Arbre de la Boddhi, où Bouddha parvint à l’illumination, est Arbre du monde et Arbre de Vie; dans la tradition ancienne, il est le Bouddha lui-même. 

Dans L’Hindouisme, l’Arbre représente la Trimurti Hindoue, les racines sont Brahma le Dieu créateur, son tronc Shiva le Dieu destructeur, et ses branches Vishnu le Dieu protecteur du monde. 

Dans La Tradition Chrétienne, il y a analogie, et reconduction du symbole entre l’arbre de la première alliance, l’arbre de vie de la Genèse, et l’arbre de la croix, ou arbre de la Nouvelle Alliance, qui régénère l’Homme. 

Dans la Bible, L’arbre de Jessé symbolise la chaîne des générations, et l’on peut mentionner le mythe biblique de l’arbre de Jessé : 

Un rameau sortira de la tige de Jessé, et de sa racine montera une fleur et l’esprit du Seigneur se reposera sur lui; l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’esprit de conseil et de force, l’esprit de science et de piété; l’esprit de la crainte de Dieu le remplira. 

Dans ses représentations, l’arbre émerge du nombril, de la bouche ou du flanc de Jessé. Le tronc porte parfois des branches sur lesquelles apparaissent les rois de Juda, ancêtres du Christ.

Dans Ezéchiel le pharaon est comparé à un cèdre du Liban. 


De grands arbres, comme les térébinthes, figurent parfois dans les psaumes. La Clameur de Yahvé, secoue les térébinthes, et dépouille les futaies. Isaïe dénonçait les tyrans qui veulent, comme les cyprès et les cèdres, escalader les cieux; et sont abattus. 

Aspect négatif du symbolisme de ces grands arbres, ils sont aussi l’ambition démesurée des grands de la terre, qui veulent toujours étendre et consolider leur pouvoir, et sont foudroyés.

C’est La Croix, Instrument De Supplice Et De Rédemption, Qui Rassemble En Une Seule Image Les Deux Signifiés Extrêmes De Ce Signifiant Majeur Qu’est L’arbre : Par La Mort Vers La Vie; Per Crucem Ad Lucem, Par La Croix Vers La Lumière.

En Orient Comme En Occident, L’arbre De Vie Est Souvent Renversé.

Suivant Les Textes Védiques, ce renversement viendrait du rôle du soleil et de la lumière dans la croissance de l’être. De là, ce renversement des images, la ramure est les racines, qui deviennent branches. La vie venant du Ciel, pénètre la Terre.

Le Symbolisme Hindou, de l’arbre renversé exprimé dans la Bhagavad-Gitât, signifie que les racines sont le principe de la manifestation et les branches la manifestation qui s’épanouit.

Pour L’Ésotérisme Hébraïque, l’arbre de vie s’étend du haut vers le bas et le Soleil l’éclaire entièrement. (Zohar) La Kabbale, parle d’un arbre de mort, il fournit à Adam les feuilles dont il couvre sa nudité, et le Zohar voit en lui le symbole du savoir magique, qui est une des conséquences de la chute. Elle est liée à l’existence du corps physique privé du corps de lumière.

Dans l’Islam, les racines de l’Arbre du Bonheur plongent dans le dernier ciel et ses rameaux s’étendent au-dessus et au-dessous de la Terre.

Dans Le Folklore Nordique, Les Lapons sacrifient chaque année un bœuf, au profit du dieu de la végétation, à cette occasion, un arbre est posé près de l’autel, les racines en l’air et la couronne par terre.

Dans Certaines Tribus Australiennes, les sorciers avaient un arbre magique qu’ils plantaient renversé; après en avoir enduit les racines de sang humain, ils le brûlaient.

Dans Les Upanishad, l’univers est un arbre renversé, qui plonge ses racines dans le Ciel en étendant ses branches au-dessus de la Terre entière. 

L’idée D’évolution Biologique Fait De L’arbre De Vie Un Symbole De Fertilité, Dont On Observe De Nombreux Témoignages.

Chez Certaines Tribus Nomades Iraniennes, les jeunes femmes s’ornent le corps d’un arbre tatoué, dont les racines partent du sexe, et les frondaisons s’épanouissent, sur les seins. 

Très Ancienne Coutume, de la Méditerranée à l’Inde on trouve, isolés dans la campagne, souvent près d’une source, des arbres garnis de mouchoirs rouges, noués sur les branches par des femmes stériles pour conjurer le sort.

Au Sud De L’Inde Et Au Sri Lanka, la coutume dravidienne du mariage mystique entre arbres et humains est destinée à renforcer la capacité de procréation de la femme. Cette coutume marie aussi entre eux les arbres, substituts des hommes. 

Un couple ne pouvant avoir d’enfants se rend au bord de la rivière sacrée, le matin d’un jour favorable. Les époux, enfouissent dans la terre côte à côte, deux plants d’arbres sacrés, l’un mâle, l’autre femelle, et enlacent la tige droite et rigide de l’arbre mâle avec la tige souple de l’arbre femelle.

Des Traditions Apparentés existent au Pendjab et dans l’Himalaya. A Bombay, chez les Kudva Kunbis, si le mariage présente des difficultés, on marie avant la jeune fille à un arbre fruitier.

En Amérique Du Nord Chez Les Sioux; Et En Afrique, Chez Les Boshimans Et Les Hottentots, Le Mariage D’arbres Associé Au Mariage Humain existe aussi.

Chez les Yakoutes, ce peuple turcophone sibérien de Russie, il se dit qu’au nombril de la terre se dresse un arbre florissant à huit branches... La couronne de l’arbre répand un liquide divin qui lorsqu’on le boit, dissipe la fatigue, et fait disparaitre la faim...

Les Altaïques en Eurasie, disent qu’avant de venir sur Terre, les âmes résident dans le Ciel ou sont perchées sur les cimes célestes de l’arbre cosmique, sous forme de petits oiseaux.

La Tribu Warramunga, du nord de l’Australie, croit que l’esprit des enfants, petit comme un grain de sable, se trouve à l’intérieur de certains arbres, d’où il se détache parfois pour pénétrer par le nombril dans le ventre maternel. 

Les Croyances Évoquées Mettent En Évidence, Un Symbolisme Sexuel Ambivalent De L’arbre. L’arbre De Vie À L’origine Peut Être Considéré Comme Une Image De L’androgyne, Mais, Le Tronc Pointé Vers Le Ciel, Symbole De Force Et De Puissance Solaire, Est Bien Le Phallus, Cette Image Archétypale Du Père. 

Un Arbre Peut Être Considéré Comme Mâle, Ou Femelle. 

Chez les Tchouvaches, le tilleul sert à la fabrication de poteaux funéraires pour l’office des femmes décédées, et le chêne est utilisé pour l’office des hommes morts. Ces deux polarités s’additionnent parfois, ce qui peut conduire à l’interprétation hermaphrodite du symbole.

Cette ambivalence du symbolisme de l’arbre à la fois phallus et matrice se manifeste plus encore dans l’arbre « double » qui symbolise le processus d’individuation des contraires en nous qui s’unissent.

Dans la légende des peuples, l’abondance des Pères-Arbres et des Mères-Arbres amène tout naturellement à « l’Arbre-Ancêtre » dont l’image hors du mythe nous conduit tout naturellement à l’arbre généalogique. 

Enfin, Symbole De La Croissance Humaine, Et De Pouvoir, L’arbre De Vie Peut Inverser Sa Polarité Et Devenir « Arbre de Mort ». 

Il y a ainsi le cas des songes du Roi Nabuchodonosor, et l’interprétation faite par le Prophète Daniel : 

J’ai eu un rêve effrayant dit le Roi... Un grand arbre au centre de la Terre croissait, sa hauteur atteignait le Ciel. Son feuillage était beau, abondants étaient ses fruits; et chacun trouvait sa nourriture... Mais apparut un vigilant, un saint du Ciel descend; criant : détruisez l’arbre, brisez les branches, jetez ses fruits... 

L’arbre que tu as vu haut et fort, atteignant le Ciel, c’est toi, ô roi, devenu grand et puissant, mais tu seras chassé d’entre les hommes.

Source Documentaire
Dictionnaire des symboles
Jean Chevallier-Alain Gheerbrant


— Mardi 23 avril 2019


Aron O’Raney —