30 avril 1999

Connaitre Les Templiers

 

Après la première croisade, les chrétiens ont conquis des territoires proches des Lieux Saints, en Palestine.


Des chevaliers fondèrent l'Ordre du Temple à Jérusalem en 1118 pour se consacrer à la garde du tombeau du Christ à Jérusalem et à la protection des pèlerins qui allaient le vénérer.


PUISSANCE DE L'ORDRE DU TEMPLE


L'Ordre du Temple fut d'emblée accueilli avec enthousiasme dans tout l'Occident : en France, en Espagne, au Portugal, en Italie, en Angleterre, en Écosse, en Allemagne et en Hongrie.


Les Templiers installèrent dans chacun de ces pays des Commanderies, de même qu'au Proche-Orient à Jérusalem, Tripoli, Antioche, la Petite Arménie.

  


En effet, les immenses donations que leur firent des chrétiens désireux de contribuer à la défense des Lieux Saints, mais ne pouvant y consacrer eux-mêmes leur vie, leur permirent d'acquérir ce patrimoine.


Les princes et les grands de ce monde soutenaient la cause des Templiers, d'autant plus que les Maures, déjà présents dans la Péninsule Ibérique, menaçaient l'Occident.


L'ordre devint l'un des plus grands propriétaires fonciers de la Chrétienté.


De fait, les moines-soldats furent aussi des administrateurs, des diplomates et des financiers.


En même temps que sa richesse, l'ordre acquit de nombreux privilèges.


Le fait de disposer en Occident d'importants revenus et de devoir transférer de fortes sommes vers la Terre Sainte, où le Temple avait ses principaux objets de dépense, conduit l'ordre à mettre au point une organisation financière dont il fit profiter le monde extérieur.


Il figurait au début du XIVe siècle parmi les principaux banquiers de la Chrétienté, notamment auprès des rois et des princes.


ORGANISATION DE L'ORDRE


L'ordre monastique se voulait un reflet de la société divisée en trois classes :


Les chevaliers, les sergents et les ecclésiastiques.


Chacun des Templiers se mettant à la disposition de l'ordre prononçait les vœux de pauvreté, de chasteté, d'obéissance et de combat pour la foi.



 
Les frères-chevaliers


La Règle des Templiers prévoyait l'envoi dans toute la chrétienté de frères chargés de recruter des chevaliers ayant été armés dans le siècle.


L'ordre avait besoin de combattants pour remplir sa mission en Terre Sainte. Les Chevaliers Templiers s'y distinguèrent par leur héroïsme.


Les chevaliers étaient distingués par le manteau blanc à croix rouge.


Les frères-sergents


À sa création, les besoins de l'ordre étaient exclusivement militaires. Puis avec la richesse territoriale et la construction de couvents nombreux et considérables se fit sentir la nécessité d'un personnel domestique et agricole important, qui fut recruté en même temps que les premiers sergents d'armes, et classé sous ce nom dans l'ordre.


Les sergents portaient le manteau noir à croix rouge.


Les sergents d'armes formaient les troupes légères de l'Ordre, et accompagnaient les chevaliers en Terre Sainte.


Ils bénéficiaient d'une considération plus grande que les sergents convers, qui étaient affectés au service intérieur ou agricole de la Commanderie.


Les frères-écclésiastiques


Ils paraissent n'avoir jamais été très nombreux et le recrutement des prêtres nécessaires au culte dans les églises de l'ordre était le plus souvent affectés par de simples engagements temporaires.


S'ils prononçaient les vœux monastiques de l'ordre, ils portaient également le manteau noir à croix rouge.


Les affiliés laïques


L'ordre admettait l'affiliation des laïques, moyen pour les chevaliers mariés de concourir aux buts de l'ordre et de s'assurer part aux mérites spirituels. Le port du manteau blanc leur était cependant interdit.


Toute personne qui s'affiliait à l'ordre lui faisait une donation. Aussi, les affiliés au Temple appartenaient-ils généralement à la noblesse ou tout au moins à la chevalerie.


GOUVERNEMENT DE L'ORDRE


L'ordre est gouverné par un Grand Maître depuis Jérusalem, lequel est assisté d'un Chapitre Général.


Jacques de Molay fut le dernier Grand Maître de l'Ordre du Temple.


Dans les pays de rapport, chaque province était divisée en région, ayant chacune à sa tête le Commandeur régional. Venaient ensuite les Commandeurs majeurs, qui supervisaient plusieurs maisons dans une région.


LES TEMPLIERS EN PROVENCE


Les Commanderies de Provence


Pour parvenir à la conquête puis à la défense des territoires en Palestine, l'ordre s'appuyait sur les richesses économiques produites par les Commanderies d'Occident.


Ainsi, la Provence était une terre de rapport pour l'ordre.


La Commanderie de Richerenches fut la première à être fondée en Provence, en 1136, sur les terres qu'Hugues de Bourbouton et plusieurs de ses parents donnèrent à l'Ordre du Temple. Ils les donnèrent en francs alleu, à Dieu et au Temple, et pour toujours, pour que Dieu soit propice à leurs péchés et à ceux de leurs parents.


La Commanderie de Richerenches resta pendant quelque temps la plus importante en Provence. Au même titre que celles d'Arles, d'Aix ou du Col de Cabres, la Commanderie de Richerenches fut chef de juridiction.


La Commanderie ne cessa de s'agrandir et de s'enrichir en terres et en droits sur celles d'une foule de seigneurs voisins, étendant considérablement la faculté de l'élevage.


À Richerenches, le Commandeur était un chevalier de marque : Hugues de Bourbouton fut l'un des premiers Commandeurs de Richerenches.


Au fur et à mesure des donations à l'ordre, les Templiers essaimèrent et fondèrent d'autres Commanderies dépendantes de Richerenches : à Orange, à Roaix, à Villedieu, à Montélimar. Comme la plupart des Commanderies de Provence, elles furent détruites durant les Guerres de Religion.


La Commanderie était à la fois une exploitation rurale productrice de ressources économiques et un lieu de séjour pour les jeunes Templiers en cours d'instruction ou pour de vieux Templiers devenus inaptes au combat. La vie de la Commanderie était une vie de prière et de travail, comme dans toute Commanderie, selon la règle de l'ordre.


ÉLÉMENTS ARCHITECTURAUX


Les Templiers étaient des soldats : ils n'étaient dépositaires d'aucun secret de construction. Ils bâtissaient dans le style de la région ou de l'époque.


La première enceinte fortifiée était à l'origine sans doute plus petite que celle du village actuel. Un important village se groupa à l'abri de cette maison puissamment fortifiée. Le bourg actuel est la reproduction de l'ancienne Commanderie, sauf côté sud où l'enceinte a été agrandie.


Il ne reste de la chapelle templier que l'abside, qui est le chevet de l'église actuelle.


L'architecture du monument montre qu'il a été conçu comme une forteresse. Le caractère fortifié de la construction se constate par la présence de piles massives renforçant l'ensemble du bâtiment : par les mâchicoulis sur arcades disposés tout autour ; par l'existence d'une meurtrière conservée au premier étage sur le mur nord ; par l'épaisseur des murs, dans la partie la plus orientale de l'édifice et par l'étroitesse des fenêtres hautes.


À l'origine, le bâti comportait deux niveaux. L'étage inférieur était occupé par une salle. L'étage supérieur était occupé par une salle haute, vaste et soignée, en grande partie conservée. Celle-ci était voûtée d'un berceau brisé scandé d'arcs à doubleaux. Le rez-de-chaussée voûté en berceau a par contre été complètement détruit, seuls subsistent les arrachements. L'architecture du niveau le plus bas ne permet pas d'en deviner la fonction.


L'édifice a subi d'importants remaniements au XVIIIe siècle ( cloisonnement intérieur, percement de baies, construction de la Maison des Notaires ).


LA VALORISATION AGRICOLE DE LA RÉGION


Les terres données à l'ordre par Hugues de Bourbouton étaient incultes, n'étant que garrigues, harmas, étang ou marais.


Les moines convers travaillèrent à la fertilisation des terres en asséchant les marécages. Ils y créèrent une importante exploitation agricole. En effet, l'Ordre s'approvisionnait en Occident des fournitures que l'état de guerre permanent ne permettait pas de produire en Palestine.


La Commanderie était devenue une véritable ferme modèle, consacrée à l'élevage des chevaux et des moutons, à la culture du blé et de la vigne.


Le haras de la Commanderie était incomparable pour ce qui est des chevaux de combat, l'élevage y était très hautement perfectionné. On y produisait des destriers ayant la taille et la force recherchées pour soutenir le poids de l'armure du chevalier et la rudesse des chocs.


Les besoins de chevaux d'armes étaient immenses ; la plupart des chevaux étaient envoyés en Palestine.



LA CHUTE DE L'ORDRE DU TEMPLE



Depuis la prise d'Antioche ( 1098 ) jusqu'à la chute d'Acres ( 1291 ), les chrétiens assujettirent des territoires en Palestine. L'élite des chevaliers Templiers périt pour une bonne part dans les derniers combats d'Acres.


L'Ordre du Temple dans son ensemble se replia alors définitivement en Occident.


Cependant, au lieu de déployer leur vaillance dans la Péninsule Ibérique, où les Maures étaient toujours présents, les Templiers se concentrèrent en France où ils n'avaient pas de raison d'être. 


Dans la société de Philippe Le Bel, on assista au déclin spirituel de l'ordre, dont les chevaliers survivants étaient peut-être les moins vaillants.


Vendredi 13 octobre 1307, Philippe Le Bel, roi de France, fait arrêter tous les Templiers de France. 


La justice du roi les accuse d'être des renégats qui crachent sur la Croix, des idolâtres qui adorent une tête et des sodomites qui multiplient entre eux les gestes inconvenants.


Le Pape Clément V tarde à entreprendre une enquête sur le comportement des Templiers. Celle-ci ne parvient finalement à aucune conclusion : 


la justice de Dieu ne se prononce pas.


En 1310 et en 1314, le roi envoie au bûcher les Templiers de Paris et les dignitaires de l'ordre. Dans toute la France, beaucoup de Templiers avaient été contraints sous la torture d'avouer.


En 1312, le Pape décrète la pure et simple suppression de l'Ordre du Temple.


Il en excommunie ses membres. Coupable ou non, l'ordre est devenu cause de scandale : Clément V le supprime sans le condamner.


Ainsi, Clément V limite l'affaire du Temple à des procès contre des personnes en supprimant l'ordre lui-même, sans le laisser juger en tant que tel.


L'Angleterre, l'Espagne, le Portugal, l'Allemagne, l'Écosse reconnurent l'innocence du Temple et de ses membres.


Partout, l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem héritèrent des biens du Temple. 


Ils doublèrent ainsi leur puissance et leur fortune. Ordre de chevalerie rival des Templiers, et également présent en Orient, cet ordre s'était, lui, replié à Chypre après la perte des territoires d'Orient.


Sources Documentaires:

Le Cartulaire de la Commanderie de Richerenches, publié et annoté par le Marquis de Ripert-Monclar — Éd. : Mémoires de l'Académie de Vaucluse — 1909.

Bourbouton, Richerenches — L'Abbé E.Malbois — Feuillets de l'Académie.

Le Descriptif de la Commanderie des Templiers de la DRAC ( Elizabeth Sauze, Conservatrice du Patrimoine ).

Les rapports de sondages de la Commanderie de Richerenches — Service d'Archéologie du Conseil Général de Vaucluse — 1988.

Les Templiers en Provence — Laurent Daillez — Alpes Méditerranée Éditions, Impres'sud.

Encyclopédie Universalis.

Dictionnaire de la France Médiévale — Jean FAVIER — Éd. : Fayard.


— 30 Avril 1999



▲ Aron O’Raney —