Sur La Côte D’azur, Le Risque D’un Tsunami Dans Les Prochaines Décennies Est Pris Au Sérieux Par l’UNESCO
Des « zones refuges » à 200 mètres du littoral cannois ont été identifiées.
Patricia De Melo Moreira/AFP
≈ Un plan de prévention des tsunamis concerne la ville de Cannes, la seule du pays considérée comme « prête à réagir » face à une telle catastrophe, selon l’Organisation des Nations unies.
• Une délégation de l’UNESCO est venue évoquer, jeudi à Cannes (Alpes-Maritimes), le risque d’un tsunami sur la Côte d’Azur, considéré comme important dans les prochaines décennies.
• Selon les scientifiques et un rapport qui date d’il y a déjà dix ans, une déferlante serait quasi inévitable sur le littoral du sud-est de la France dans les 30 années à venir, en lien avec une activité sismique intense et régulière dans cette région entre mer et montagnes.
« Les failles sont actives en Méditerranée, elles bougent régulièrement », a confirmé Bernardo Aliaga, le chef du programme tsunami de l’UNESCO, qui parle de « probabilités hautes » d’un tel événement. Pas plus tard que lundi, un séisme d’une magnitude 4,3 a été enregistré dans les Alpes-de-Haute-Provence et de légères secousses ont pu être ressenties jusqu’à Nice.
• Face à ce phénomène, l’UNESCO a lancé un plan de prévention partout dans le monde, y compris en France et sur sa façade méditerranéenne, où la ville de Cannes se prépare avec sérieux à un possible raz-de-marée.
• Considérée comme « Tsunami Ready » (prête à réagir) par l’Organisation des Nations unies depuis l’an dernier, la municipalité continue de sensibiliser ses habitants pour qu’ils réagissent en conséquence.
« Pour que le dispositif soit efficace, il faut que la population participe », a insisté Bernardo Aliaga, qui recense 44 autres villes, bordant principalement l’océan Indien et les Caraïbes, labellisées par l’UNESCO.
• Cannes reste aujourd’hui la seule ville de l’Hexagone à posséder cette certification quand d’autres, comme Marseille et Nice, s’y intéressent et y travaillent, selon l’organisation mondiale.
• Une vague pourrait mettre un peu plus d’une heure à déferler sur une ville azuréenne en cas de séisme détecté au Maghreb, mais à peine dix minutes si une activité sismique soudaine était signalée sur les côtes de Sanremo, en Italie.
• Lors d’une simulation, des lycéens cannois ont été invités à suivre des marquages au sol depuis la Pointe Croisette après la diffusion d’un message sonore en français et en anglais d’évacuation du bord de mer. Une signalétique permanente (macarons sur les trottoirs, autocollants sur le mobilier urbain, panneaux) pour rejoindre une « zone refuge » en cas d’alerte tsunami a été déployée sur 80 % de la commune.
« Pas De Petit Tsunami »
• Ces zones se situent au minimum à 200 mètres du littoral et pour d’autres, à cinq mètres de hauteur, comme le parvis de la gare. « Ils ont compris qu’un tsunami n’était pas forcément une vague spectaculaire, mais surtout qu’elle ne s’arrêtait pas et que le courant pouvait tout emporter », s’est satisfaite la professeur de sciences de cette classe de troisième à l’issue de cet exercice de prise de conscience.
« Il n’y a pas de petit tsunami ni de saison particulière », a rappelé le responsable de l’UNESCO, en expliquant qu’un fort courant puissant et continu de 30 à 50 centimètres d’eau pouvait s’avérer mortel.
• En 2021, une réserve communale de sécurité civile a été formée et préparée à cette possible catastrophe. En plus d’une cartographie fine des zones submersibles de la ville, îles de Lérins comprises, une charte est aussi distribuée dans les écoles et auprès des séniors.
≈ Plus de 380 haut-parleurs couvrent désormais la cité et la Croisette.
• Les nombreux kiosquiers du boulevard, en première ligne, ont reçu des consignes spécifiques. « La population commence à s’approprier ce risque », assure Yannick Ferrand, le responsable des risques majeurs de la collectivité, conscient que cela n’est pas forcément facile à imaginer.
• L’entreprise Thales Alenia Space, qui compte 2.000 salariés sur son site cannois, a décidé elle-même d’installer une signalétique d’évacuation en cas de tsunami alors que ses locaux sont situés en front de mer.
En 2015, de tragiques inondations dans l’ouest des Alpes-Maritimes et notamment à Cannes ont servi « d’électrochoc », selon Yannick Ferrand, pour l’appréhension des risques majeurs par les pouvoirs publics, tsunami compris.
■ La délégation de l’UNESCO l’a tristement rappelé : il y a près de vingt ans jour pour jour, un tsunami en Asie du Sud-est avait emporté les vies de plus de 220.000 personnes.
— Dimanche 15 décembre 2024
■ Lucas Hélin —