20 novembre 2024

Vous Avez Dit Vampires ?

 

Des archéologues découvrent des cadavres de vampires mutilés lors de leur inhumation en Irlande. — Capture d'écran Unearthed History via YouTube




Qui Étaient Ces « Vampires » Dont Les Squelettes Ont Été Retrouvés Et Pourquoi Les A-T-On Enterrés Ainsi ?



Après le dernier adieu à l'être cher, la suite de certains rites funéraires du passé était quelque peu… sinistre.


Pendant plus de 1.000 ans, à travers l'Europe, des pratiques funéraires intrigantes ont été organisées, suggérant une crainte viscérale : celle que certains défunts puissent se hisser hors de leur tombe et revenir semer la panique. Si le nom officiel de ces pratiques est celui de « rites funéraires apotropaïques » (c'est-à-dire « qui conjurent le mauvais sort »), d'un point de vue informel, elles portent un nom bien plus effrayant : « enterrement vampirique ».


Tous les experts ne s'accordent pas à dire que ce type de rituels implique une croyance dans les vampires. L'historien et archéologue David Barrowclough a rédigé en 2014 un article dans lequel il affirme que d'autres interprétations sont valables, puisque certaines sépultures sont antérieures à l'idée de mort-vivant telle que nous la connaissons. ScienceAlert revient sur quelques-unes de ces sépultures, et les mesures prises pour s'assurer que le corps de l'être aimé repose en paix… ou plutôt qu'il y reste.


Le vampire de Lugnano


À Lugnano, en Italie, se dresse la triste « Nécropole des enfants », un cimetière datant du Ve siècle de notre ère où reposent les jeunes victimes – tous morts avant l'âge de 10 ans – d'une épidémie dévastatrice : le paludisme. Mais une tombe attire particulièrement l'attention, c'est celle d'un enfant enterré avec un caillou logé délibérément dans sa mâchoire, comme le laissent penser les traces de dents sur la pierre. Aussi horrible soit-il, il s'agissait d'empêcher à son âme de s'échapper et de revenir hanter les vivants, selon les chercheurs.


Le vampire de Venise


Il y avait peut-être d'autres raisons de placer une pierre à cet endroit du corps d'un mort. C'est ce que suggère la découverte du squelette d'une femme avec une pierre dans la bouche retrouvée à Venise, et datant du XVIe ou XVIIe siècle. Les anthropologues pensent qu'il s'agit d'une sépulture de vampire, la brique étant placée de manière à empêcher le corps de manger les cadavres qui l'entourent et de retrouver suffisamment de vitalité pour quitter la tombe et propager la peste (qui faisait fureur à l'époque). Cependant, il se pourrait que la brique soit simplement tombée dans la bouche du cadavre, celle-ci s'ouvrant au fur et à mesure que le tissu conjonctif se décompose.


Le vampire de Pień 


La Pologne possède un folklore riche en « vjesci » et en « upiór », des mythes sur les vampires, et de tels rites funéraires étaient courants au Moyen Âge. À Pień, une jeune femme du XVIIe siècle a été enterrée avec une faucille tranchante placée en travers de son cou. De fait, plusieurs sépultures de cette époque, dans le cimetière de Drawsko, ont révélé des corps enterrés avec des faucilles ou des pierres placées contre la gorge et l'abdomen, pour empêcher les cadavres de se relever.


Selon les experts chargés de l'étude de ces squelettes, « les individus au physique étrange, ceux nés hors mariage, non baptisés, et tous ceux dont la mort était inhabituelle – prématurée, violente, suicide, ou même le premier à mourir lors d'une épidémie – étaient tous considérés comme susceptibles de se réanimer après la mort ». En réalité, si elle se traduit différemment de ces horribles funérailles, aujourd'hui encore, la peur du retour des morts est sans aucun doute inscrite dans nos sociétés (en partie) à travers les meilleurs films de zombies.



— Slate FR

— Mardi 5 novembre 2024



Solveig Blakowski —