29 avril 2025

≡ Le Désert Du Thar…

Le sable recule, mais est-ce une bonne chose ?

Sushmita balasubramani via Wikipédia


Alors que tous les déserts s'assèchent, celui du Thar reverdit, mais ce n'est pas une bonne nouvelle



Depuis 2001, ce désert indien défie les lois de la nature. Il gagne en végétation grâce aux moussons renforcées et à l'irrigation. Un phénomène unique à l'échelle mondiale, qui soulève de nouvelles menaces.



Le désert du Thar est une anomalie.


Depuis 2001, cette région autrefois stérile voit sa végétation progresser à un rythme inédit, à l'opposé de la tendance mondiale. Selon une nouvelle étude, deux facteurs principaux expliquent ce verdissement : l'intervention humaine à travers l'agriculture et une augmentation de 64 % des précipitations annuelles, soit une moyenne de 4,4 mm de pluie en plus par an.


Cette hausse est principalement liée aux moussons estivales, qui favorisent la pousse de végétation sauvage, explique le média en ligne Live Science. « C'est un cas unique parmi les grands déserts mondiaux, explique Vimal Mishra, chercheur à l'Institut indien de technologie Gandhinagar. Aucun autre désert ne combine une hausse des précipitations, une expansion agricole et une densité démographique aussi élevée. »


Le changement climatique semble avoir modifié les schémas météorologiques dans la région.


Les pluies de mousson, essentielles pour la survie des écosystèmes du Thar, sont devenues plus abondantes ces vingt dernières années. Des précipitations supplémentaires qui permettent aux plantes de s'étendre dans des zones où elles étaient auparavant absentes et à avancer sur le sable.


En parallèle, l'activité humaine a joué un rôle déterminant dans cette transformation. L'irrigation intensive, rendue possible par des infrastructures comme le canal Indira Gandhi, a permis d'exploiter les eaux souterraines pour cultiver des terres autrefois arides. Entre 1980 et 2015, les terres agricoles ont augmenté de 74 %, transformant le paysage du Thar en un patchwork de cultures.


Plus De Vert, Plus De Monde… Moins D'eau


Aujourd'hui, le Thar abrite plus de 16 millions d'habitants,

Ce qui en fait le désert le plus peuplé au monde. Cette densité démographique a accéléré l'urbanisation et poussé à une exploitation accrue des ressources naturelles.


Le verdissement du désert du Thar est porteur d'espoir, mais repose sur un équilibre fragile. La surexploitation des nappes phréatiques menace déjà ces réserves vitales, mettant en péril l'avenir de l'agriculture dans la région. Les éleveurs nomades voient leurs terres réduites par l'expansion agricole et urbaine, bouleversant leurs modes de vie ancestraux adaptés aux conditions désertiques.


Dans ce désert hors du commun, la nature et l'homme semblent avoir trouvé un terrain d'entente, pour le moment. Ces transformations écologiques offrent des opportunités de développement dans une région autrefois considérée comme inhospitalière, mais, derrière cette apparente victoire contre l'aridité se cache une menace.


Les précipitations supplémentaires ne sont pas sans conséquences.


Les scientifiques avertissent que ces pluies pourraient se manifester sous forme d'événements extrêmes, comme des inondations soudaines, menaçant les infrastructures et les communautés locales. La même eau qui fait reverdir le désert pourrait bien devenir son nouveau fléau.



—Source : Slate

—Lundi 21 avril 2025




Émilie Staeger —