Des Sud-Coréens participent à la «Space-out competition», durant laquelle ils doivent rester assis sans rien faire, sans parler, sans dormir, sans manger ni utiliser d'appareils électroniques, à Séoul, le 22 mai 2016. | Jung Yeon-je/AFP
❖ Seriez-vous capable de ne rien faire pendant 90 minutes ? En Corée du Sud, un concours vous y encourage.
≈ À Séoul, la «Space-out competition» récompense chaque année celles et ceux qui peuvent rester immobiles et silencieux pendant une heure et demie. Cette année, un musicien punk a remporté ce défi atypique, transformé en rituel méditatif.
• En mai dernier, Byung-jin Park, musicien punk et entrepreneur à Séoul (Corée du Sud), est devenu le grand gagnant du concours Space-out. Le principe de cet événement atypique ? Rester immobile et silencieux pendant 90 minutes, sans téléphone, sans bavardage et sans s'assoupir. Les participants doivent simplement être présents à eux-mêmes, attentifs à chaque seconde qui passe, plongés dans un calme profond.
• Comme le raconte le magazine «National Geographic», qui a fréquenté le vainqueur, ce concours a été créé en 2014 par l'artiste Woopsyang et se déroule désormais chaque année comme un rituel, le long du fleuve Han, qui traverse la capitale sud-coréenne. Chaque concurrent est équipé d'un moniteur de fréquence cardiaque et évalué à la fois sur son calme physiologique et par les votes du public. Pour Byung-jin Park, l'enjeu est bien plus qu'un simple défi amusant, c'est aussi l'occasion de se reconnecter entièrement à lui-même.
≈ Redécouvrir l'inaction
• Le gagnant de l'édition 2025 du concours Space-out explique avoir utilisé une respiration abdominale lente et une concentration fixe sur un point précis, afin de laisser s'évanouir ses pensées parasites. «L'errance mentale ne résout pas tous vos problèmes, mais elle transforme vos pensées, c'est extrêmement rafraîchissant», A-t-il confié au National Geographic.
• Selon Hanson Park, psychiatre et professeur à l'université nationale de Séoul, «prendre le temps de réfléchir à ses émotions permet de mieux contrôler ses pensées et ses actions. Cela réduit les hormones liées au stress et peut soulager l'anxiété ou la dépression.» Dans un monde saturé de notifications et d'écrans, ne rien faire devient presque un acte de résistance, une pause salutaire pour l'esprit.
• Byung-jin Park déplore notamment la place omniprésente des smartphones qui «jouent un rôle énorme. Je tripote constamment le mien, surtout dans le métro. C'est amusant de poser son téléphone de temps en temps et d'observer les gens autour de soi, tous rivés sur leurs écrans.» Dans une société sud-coréenne réputée pour sa culture hyper performative, l'inaction est perçue comme une perte de temps. «Nous avons oublié comment ne rien faire», se désole-t-il.
• Pour l'artiste punk, cette pratique de l'inaction à des résonances très concrètes, y compris dans sa vie familiale : «J'ai deux enfants : 10 et 6 ans. En grandissant, je n'ai pas fréquenté beaucoup d'instituts parascolaires. Mais aujourd'hui, mes enfants sont inscrits à plusieurs. Ma femme et moi nous disputons parfois à ce sujet. […] Cela me rend triste de les voir si accaparés par les devoirs, alors qu'ils devraient être créatifs et joueurs. Cela reflète le malaise plus large de la société face à l'oisiveté .»
— Jeudi 21 août 2025
— Source documentaire : Slate France
■— Anaëlle Phu —