Les récentes découvertes philosophiques révèlent que la compréhension de la conscience humaine est bien plus complexe et mystérieuse que ce que nous pensions. Est-ce vraiment une surprise ?
Ω La Conscience est un mystère encore plus profond que nous le croyions
• L’énigme de la conscience humaine, loin d’être une simple thématique reliée au cerveau, est une pierre angulaire de notre être et continue de confondre scientifiques et penseurs. Depuis l’aube des années 1990, grâce aux réflexions novatrices du philosophe australien David Chalmers, le débat sur la dichotomie entre les « problèmes faciles » et les « problèmes difficiles » de la conscience a pris de l’envergure.
• Les problèmes faciles font référence aux explications des comportements et des fonctions cognitives, tels que la discrimination, la catégorisation ou la réaction aux stimuli, par exemple. Ils sont dits « faciles », car ils peuvent être abordés par des mécanismes scientifiques standards. Les problèmes difficiles de la conscience, en revanche, portent sur la question de savoir pourquoi et comment ces processus cognitifs sont accompagnés d’une expérience subjective. C’est-à-dire, pourquoi y a-t-il une expérience consciente associée aux fonctions cérébrales, et pourquoi ne se déroulent-elles pas simplement « dans le noir » sans conscience.
À l’heure actuelle, l’émergence de nouvelles perspectives ne fait qu’approfondir le mystère entourant la conscience, le rendant plus impénétrable que jamais.
• Le problème difficile de la conscience : un défi philosophique persistant
• Pour illustrer la complexité de ce paradoxe, Chalmers a forgé le concept de « zombie philosophique », une entité se comportant de manière identique à un être humain, avec des réactions et des processus cognitifs similaires, mais dépourvus de toute conscience. Un tel zombie pourrait hurler de douleur suite à une blessure, sans pour autant éprouver réellement cette sensation.
• Cette notion soulève une interrogation fondamentale : si notre comportement peut s’expliquer entièrement par des mécanismes physiques, d’où vient notre capacité à ressentir ? Chalmers soutient que notre nature humaine (non-zombie en quelque sorte) indique nécessairement l’existence d’un élément supplémentaire dans notre constitution, seul à même d’expliquer notre conscience.
• La controverse entourant ce problème ardu divise la communauté philosophique. Chalmers et ses disciples postulent l’existence d’une dimension de la conscience irréductible à de simples processus physiques. À l’opposé, des penseurs tels que Daniel Dennett considèrent cette distinction entre ressenti et comportement comme dénuée de sens. Selon lui, appréhender la conscience revient à élucider le comportement, y compris les mécanismes internes du cerveau. Il réfute ainsi l’existence d’un « problème difficile » distinct de ces explications comportementales.
• Les développements récents : une division encore plus profonde ?
• Récemment, un nombre croissant de philosophes ont commencé à considérer que la dissociation entre « ressentis » (expériences subjectives) et « comportements » (réactions observables) soulève un défi encore plus complexe que celui initialement envisagé par David Chalmers.
• Certains penseurs ont poussé la réflexion encore plus loin que Chalmers, en proposant des concepts encore plus radicaux pour éprouver cette distinction. Prenons l’exemple des inversions chromatiques. Imaginons un individu qui, face à une banane, perçoit la teinte que nous associons habituellement à une tomate, et inversement. Bien que cet individu se comporte de manière identique à autrui (affirmant, par exemple, que les bananes sont jaunes et les tomates rouges), son vécu subjectif des couleurs est inversé.
• Un autre exemple frappant est celui des inversions plaisir-douleur. Imaginons l’existence d’êtres vivants éprouvant du plaisir là où ils devraient ressentir de la douleur et vice versa. Ainsi, une blessure leur procurerait du plaisir, mais ce plaisir les pousserait à crier et à fuir, exactement comme quelqu’un ressentant de la douleur. De même, l’acte de manger ou boire leur infligerait une douleur, qui paradoxalement les inciterait à poursuivre ces activités.
• Ces concepts démontrent que, si l’on admet la possibilité de dissocier comportements et expériences subjectives (comme le suggèrent les zombies philosophiques), alors ces êtres inversés devraient être concevables. Cela remet en question la cohérence même de cette séparation entre comportement et ressenti.
— En d’autres termes, si nous pouvons envisager des inversions plaisir-douleur comme plausibles, cela signifie que notre compréhension actuelle de la conscience et de son lien avec le comportement est lacunaire et nécessite une réévaluation en profondeur.
• L’harmonie psychophysique
• La notion d’harmonie psychophysique s’impose comme un concept pivot dans ce débat, selon lequel la conscience et le comportement sont coordonnés de manière cohérente et rationnelle dans notre Univers, contrairement à des scénarios hypothétiques où ces deux aspects seraient désalignés. Si nous évoluions dans un monde où plaisir et douleur étaient inversés, la sélection naturelle aurait dû nous façonner pour éprouver du plaisir face aux dommages corporels et de la douleur en nous alimentant.
— Ceci met en lumière que les explications évolutionnistes de notre conscience présupposent déjà notre non-appartenance à la catégorie des inversions plaisir-douleur, tout comme elles postulent l’existence de la vie auto-réplicative.
• Certains penseurs voient dans cette harmonie psychophysique une preuve de l’existence divine. D’autres estiment qu’elle nous incite à remettre en question nos postulats les plus fondamentaux sur la réalité. Depuis l’avènement de la révolution scientifique, nous avons conçu les lois naturelles comme opérant du passé vers le présent. Autrement dit, les événements actuels sont le résultat direct des événements passés, selon une chaîne causale continue.
• La conscience reste encore une énigme, qui nous invite à repenser les fondements mêmes de notre compréhension de la réalité. Au-delà des débats philosophiques actuels, cette quête pourrait bien nous mener vers des horizons inexplorés de la science, remettant en question notre conception du temps, de la causalité et de l’existence elle-même.
— Peut-être que la clé de ce mystère réside-t-elle dans une approche radicalement nouvelle, transcendant les limites de notre pensée actuelle et ouvrant la voie à une révolution conceptuelle aussi profonde que celle initiée par la mécanique quantique au siècle dernier.
— 5 juillet 2024
— Source documentaire : Presse Citron Net
■— Camille Coirault —