14 octobre 2025

≡ Un Médecin Français En Chine…

Augustin Bussière, un médecin français connu en Chine sous le nom de « Bèi Xiyè » Xinhua



⛩️ Les Glorieuses Années D’un Médecin Français En Chine Pendant La Guerre De Résistance



Sur une photo jaunie, un homme âgé, un Occidental, pose aux côtés de jeunes soldats chinois. Il s’agit de Jean Augustin Bussière, un médecin français connu en Chine sous le nom de « Bèi Xiyè ». 

Au dos de la photo, on peut lire cette mention en français : « 1939. Les Palou (Balou, la VIIIe armée de route, NDLR) à Pei an Ho (Bei’anhe, NDLR) ».



« Mon père aidait les soldats de cette armée en lutte », explique son fils, le cardiologue Jean-Louis Bussière, dans une interview qu’il a accordée à Xinhua. 


En mars 2014, le président chinois Xi Jinping fit une visite en France pour célébrer le 50e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux nations. Lors de la cérémonie commémorative, il prononça un discours important, dans lequel il évoqua notamment le Dr Bussière, qui, « au risque de sa vie, a transporté à vélo de précieux médicaments vers les bases de lutte ». 


Les hauts faits du Dr Bussière ont été qualifiés de « Hump à vélo ». La "Route du Hump" désigne la voie aérienne de ravitaillement essentielle reliant l’Inde et la Chine à travers l’Himalaya pendant la Seconde Guerre mondiale.


Un héros au surnom de légende 


Fils d’un instituteur de campagne, Jean Augustin Bussière, naquit en 1872 dans la Creuse, au centre de la France. Il arriva en Chine en 1913 en tant que médecin militaire et y resta pendant plus de quarante ans. Grâce à ses compétences exceptionnelles, il devint rapidement un praticien français emblématique de la vie locale, occupant des postes dans des institutions telles que la légation (puis l’ambassade) de France, des universités et des hôpitaux. Il recevait aussi bien les Chinois que les étrangers, qu’ils fussent riches ou pauvres, illustres ou inconnus. En 1933, il ouvrit un dispensaire dans sa résidence secondaire (le Jardin Bussière) située sur les hauteurs des collines de l’Ouest (Xishan), dans la banlieue de Pékin, pour soigner bénévolement les paysans des alentours.


Jean Augustin Bussière (au centre, de dos) avec des villageois et des soldats chinois dans la banlieue de Beijing en 1939. Xinhua


« Il a prodigué des soins à d’innombrables villageois dans les environs du Jardin Bussière, non seulement en traitant leurs pathologies, mais aussi en distribuant gratuitement des médicaments. C’était un véritable dévouement. Même aujourd’hui, lorsque je retourne sur mon lieu de naissance, certaines personnes âgées me racontent encore son histoire », se souvient Zhang Wenda, chercheur à la Société d’histoire, de géographie et de coutumes populaires de Pékin, qui a grandi près des collines de l’Ouest. Et d’ajouter que les habitants ont même fait construire un pont à son nom pour exprimer leur gratitude envers le Dr Bussière.


« Ma mère disait toujours qu’il aimait les Chinois, comme il aimait les paysans de sa région en France. Il ne faisait pas de différence entre les gens riches et les gens pauvres. Il soignait tout le monde, raconte Jean-Louis Bussière. Les étrangers, dans les revues françaises et anglaises, disaient de lui qu’il était le “Robin des Bois de Pékin”. »


Dans la tourmente du conflit


Le 7 juillet 1937, les soldats japonais attaquèrent les forces chinoises au pont de Lugou, également connu sous le nom de « pont Marco-Polo », dans la banlieue ouest de Pékin, marquant le début de l’invasion totale de la Chine par le Japon et de la résistance de l’ensemble de la nation chinoise contre les Japonais. Le Dr Bussière se précipita vers le comté à proximité pour soigner les blessés. Les scènes dévastatrices de la guerre l’émurent profondément. Au nom des médecins étrangers à Pékin, il écrivit à la Croix-Rouge chinoise pour exprimer sa volonté de soutenir la guerre de résistance du peuple chinois.


L’apprenant, un membre clandestin du Parti communiste chinois (PCC) lui demanda d’utiliser son statut de diplomate français et de profiter de l’emplacement stratégique de son jardin, qui se trouvait près d’une route secrète aboutissant à une base de lutte contre l’armée japonaise, pour aider à transporter des médicaments. 


« C’était dangereux évidemment. Il n’a pas hésité, poursuit son fils. Mon père avait pris position tout de suite contre les agresseurs parce qu’il avait soigné beaucoup de rescapés du massacre de Nanjing et qu’il ne supportait pas l’initiative des Japonais d’envahir la Chine. »


Un homme admirable


Jean Augustin Bussière se déplaçait en vélo entre sa résidence dans le centre-ville de Pékin et sa villa dans les collines de l’Ouest Xinhua


La distance entre la résidence du Dr Bussière dans le centre-ville de Pékin et sa villa dans les collines de l’Ouest était d’environ 40 kilomètres. Au début, il put transporter des médicaments en voiture. Cependant, à mesure que la guerre s’intensifiait et que l’essence faisait l’objet de rationnements de plus en plus stricts, il n’eut d’autre choix que de se déplacer à vélo. « À cette époque, il n’y avait pas de routes dignes de ce nom — quant aux revêtements goudronnés, ils n’existaient pas — entre le centre-ville de Pékin et le Jardin Bussière. Seulement des pistes de terre. Au printemps, les lourds chariots les transformaient en chemins boueux, rendant le trajet particulièrement difficile », a rappelé M. Zhang.


« Imaginez un homme de près de 70 ans qui transporte des dizaines de kilos de matériel à vélo. C’est vraiment admirable », s’est-il exclamé. Le Dr Bussière a même secrètement soigné des soldats chinois blessés dans son jardin, les aidant à se rétablir et à retourner sur le champ de bataille. « Mon père a beaucoup aimé la Chine et il a donné un peu de sa vie, de son temps pour les Chinois, conclut avec fierté Jean-Louis Bussière. C’est l’histoire qui fait que, comme l’a dit le président chinois, c’est un héros, c’est un modèle pour la Chine. »



Contenu conçu et proposé par 14H, Agence éditoriale du Groupe Figaro en collaboration avec Xinhua. La rédaction n'a pas participé à la réalisation de cet article.




— 13 septembre 2025

— Source documentaire : Agence éditoriale Groupe Figaro




Aron O’Raney —