30 avril 2000

L'Épée, Tel Est Mon Sujet




Vénérable Maître,



La présence de l'épée se remarque dans toutes les traditions et remonte à l'origine des temps.

De nombreux extraits bibliques mettent en évidence, l'importance et le rôle prépondérant déjà accordés à l'épée à cette époque.

Dans le Deuxième Livre des rois, il est dit (ch. 19,35), c'est par l'épée cette nuit-là que l'ange du seigneur sortit et frappa dans le camp des Assyriens, terrassant les ennemis de Jérusalem.

Dans l'évangile selon Matthieu (Ch. 10, 34) sur l'épée apportée par le christ il est dit, «N'allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur terre, je ne suis pas venu apporter la paix, mais bien le glaive».

Dans la Genèse (Ch 23, 24), nous lisons, le Seigneur Dieu expulsa l'homme du jardin d'Eden, pour cultiver le sol d'où il avait été pris. Ayant chassé l'homme, il posta les chérubins à l'orient du jardin d'Eden avec la flamme de l'épée foudroyante pour garder le chemin de l'arbre de vie. 

L'apocalypse relate dans La femme et le dragon (Ch. 12, 1-9) que Michael et ses anges, combattirent et terrassèrent le dragon, pour protéger la vierge.

L'apocalypse révèle encore dans la Vision du fils de l'homme (ch. 1, 16) «Dans sa main droite il tenait sept étoiles et de sa bouche sortait un glaive acéré à deux tranchants».

Dans la théologie chrétienne, l'épée représente le verbe de Dieu deuxième personne de la trinité, l'arme du Logos, et du verbe lumière qui combat les ténèbres.

Ainsi l'épée intervient, comme une manifestation de la volonté de l'éternel.

Dans les sociétés anciennes, l'épée est l'apanage guerrier, majeur. En chevalerie foyer traditionnel des valeurs nobles et héroïques par excellence, et dans la tradition chrétienne, elle apparaît comme l'arme des chevaliers et des héros chrétiens.

L'épée était aussi le symbole de la guerre sainte, et les croisés disaient, «Elle est un fragment de la croix de lumière».

L'épée est indissociable de notre tenue vestimentaire, elle s'est imposée au début de la maçonnerie spéculative, comme le symbole de la fraternité, et d'une certaine idée de l'égalité prônée par les idéaux maçonniques. 

L'épée est un élément essentiel et fondamental de la maçonnerie, puisque sans elle rien ne peut se concevoir. Elle nous accompagne tout au long de notre cheminement maçonnique.

L'épée est constamment présente à nos côtés, avant et depuis l'ouverture de la loge, puis tout au long des cérémonies, où elle marque les étapes successives du cérémonial.

L'épée par ses deux tranchants représente en toute chose, le symbole d'un double pouvoir.

Lors de l'illumination d'ordre et ouverture de la loge, dans la main gauche du vénérable maître, l'épée est ce trait de lumière qui relie la terre et le ciel, là où elle capte et réfléchit la lumière divine dans l'enceinte sacrée de la loge. 

Posée sur la bible ouverte à l'évangile de Saint Jean, l'épée du vénérable maître symbolise ici, la présence du verbe lumière dans l'univers de la loge.

Par sa présence, l'épée solennise et transcende les événements de la loge, en dispensant sa lumière et son énergie à l'assemblée des frères.

Durant l'introduction du candidat dans la loge, celui-ci tient la lame de l'épée nue du 2e surveillant dans sa main droite, la pointe posée sur son cœur. Cet acte ne peut-il signifier au candidat «soit vigilant envers toi-même», ou exprimer encore l'antagonisme, et le combat incessant de l'homme renaissant, contre lui même l'être corrompu?

Pendant l'initiation, l'épée indique au profane qu'il entre dans un univers protégé. Les épées des frères pointées vers lui ont un double sens, lui signifier le respect et le silence sur ce qu'il découvrira, mais aussi lui insuffler force et courage en assurant sa protection dans la confrérie maçonnique.

Lors de la réception du candidat, la pointe de l'épée semble aussi évoquer, celle du compas du Vénérable Maître ouvert en équerre, dont la pointe posée sur le cœur, réalise l'illumination du cœur.

En apparence par le pouvoir qu'elle dégage, l'épée symbolise un état guerrier et donc la bravoure, la puissance, la protection, et ainsi la double capacité d'action et de maîtrise des éléments. 

Cependant au-delà de la force apparente qu'elle inspire, l'épée est avant tout un instrument de polarisation et de développement d'une spiritualité intense et rayonnante.

L'épée semble s'apparenter encore à la raison, qui réunit bonté et puissance, et c'est encore dans la bible, où l'on trouve que «C'est par la raison que Dieu est à la fois généreux et souverain» (de chérubim, 21-27).

L'épée, de par son double pouvoir destructeur et créateur, peut aussi représenter la mort de l'être corrompu et sa deuxième naissance.

La puissance de l'épée s'exprime par son tranchant, qui sépare le bien, des forces du mal qu'elle détruit.

La puissance peut détruire, mais lorsqu'elle s'applique au mal, à l'injustice ou à l'ignorance, elle devient alors bénéfique, en instaurant et protégeant la paix et la justice qu'elle rétablit.

L'épée dans son combat tranche l'obscurité de l'ignorance et le nœud de ses enchevêtrements, elle pourfend et perfore par la pointe les ténèbres de l'ignorance et de l'inconscience, pour y introduire sa lumière. 

L'épée c'est à la fois la Lumière, l'Eclair et le Feu céleste, mais aussi le rayon du soleil. Et il est encore écrit dans la bible que le visage apocalyptique d'où sort l'épée est brillant comme le soleil, qui est effectivement la source de la lumière.

L'épée concentre la lumière et la diffuse, agissant comme un élément d'embrasement, de transmutation, et de transmission de la connaissance.

L'épée c'est encore le symbole axial et polaire, qui peut s'apparenter à l'axe de la balance emblème de la justice.

L'épée par sa garde est un rempart, mais aussi une Equerre, elle est Triangle, mais aussi la Croix divine, elle est encore de sa garde à sa pointe, un Compas à rayon fixe.

J’ai Dit Vénérable Maître.

Lundi 1er Mai 2000 - Pyl



▲ Aron O’Raney —