27 mai 2017

Les Hogueras De La Saint Jean

 
 Quelque part à Oran, Un feu de la Saint-Jean
 
― Les Hogueras (1) Une Vieille Tradition Oranaise… 
 
Chaque Année Au Mois De Juin, Le Grand Feu De Joie De La Saint Jean, saluait L’arrivée Des Beaux Jours.
 
Nous vivions avec ma famille dans le quartier « Miramar » à Oran, et nous habitions au numéro 21 de la Rue Moncey, juste à l’angle de la Rue Général Bedeau qui s’achevait à cet endroit, au rez-de-chaussée d’un immeuble de cinq étages sans ascenseur.  
 
Notre rue comme beaucoup d’autres dans le quartier, n’était pas asphaltée, juste un trottoir et la terre battue. De l’autre côté, enclavé entre le dernier bâtiment de la rue, et deux autres bâtisses un grand champ s’étendait jusqu’à la rue supérieure, c’était en ce lieu que s’édifiait l’immense bucher.
 
Dés Le Début Du Mois De Juin, La Rue Moncey Était En Ébullition, Tout Le Monde Désirait Participer, Nul Ne Voulait Manquer L’Événement de L’Année.
 
 
C’était la razzia sur tout ce qui pouvait servir de combustible, petits et grands partaient à la recherche du bois qu’il fallait pour l’édification du grand feu traditionnel de la Saint-Jean de l’Été. 
 
On partait à la chasse au bois, les plus courageux, ceux qui ne craignaient pas l’épuisement partaient le chercher très loin, jusqu’au port d’Oran, certains longeaient la voie du chemin de fer, et d’autres exploraient les chantiers de construction. 
 
Tout ce qui pouvait se consumer était récupéré : les madriers trainant aux abords des chantiers, les broussailles des champs avoisinants, arrachées et fagotées, des planches, les cartons, des claies, des roseaux et les palmes sèches ramassées aux pieds des palmiers, du Boulevard « Front De Mer ».
 
Tout ce petit monde revenait alors exhibant fièrement ses trophées, c’était à qui en avait le plus, car il fallait absolument, quel que soit le prix des efforts fournis, que la « Hoguera » puisse durer le plus longtemps possible, et s’élever haut dans le ciel ! 
 
Les quartiers de la ville qui le pouvaient, faisaient ce grand feu de joie, et chaque participant, avait à cœur d’apporter le plus de choses possibles, pour que le bois amassé au fil des jours soit plus imposant, que celui des autres quartiers. 
 
Je me souviens du mannequin dressé au faîte du bucher, il était vêtu de bric et de broc avec de vieux vêtements récupérés un peu partout. Lorsqu’il se consumait, les cris joyeux fusaient de toutes parts, et quand il se disloquait, l’excitation était à son paroxysme.
 
Dans la rue en folie, ainsi qu’autour du feu les « Carétillas » ces pétards au format de cigarettes, crépitaient et sautaient ici et là, surprenant très désagréablement, ceux qui ne les avaient pas vues tomber prés de leurs pieds.
 
Nous Étions Imprudents Et Téméraires. 
 
La rue était obstruée, car il n’était pas rare de voir arriver les pompiers. On les empêchait d’intervenir pour éteindre le feu, et tous les moyens étaient bons pour s’y opposer, mais notre violence se limitait cependant à des  affrontements verbaux. 
 
Nous étions heureux, c’était la fête, et j’ai encore en mémoire les cornets de fèves cuites, saupoudrées de sel et de cumin, ainsi que les petits cornets de crème, et les « Piroulis » glacés aromatisés à toutes sortes de parfum. 
 
 
La Vie Était Tellement Simple À Cette Époque…
 
 
(1)  En Espagnol, « Hoguera » signifie Feux de joie, à cette époque dans les années 1950 à Oran, ce mot était transcrit  phonétiquement par «Fourgueras » , c’est ainsi tout au moins que je l’ai toujours entendu. 
 
 

 
Aron O’Raney
Samedi 27 mai 2017