30 janvier 2018

Regrets, Et Rancune…



Oran, Fronton Du Palais De JusticePalais Justice png

Je viens de l’autre rive de la Méditerranée, et au crépuscule de ma vie, à l’âge où les projets de l’à venir, laissent place aux souvenirs, j’exprime mon ressenti au Pays France.

Comme la plupart de mes compatriotes, après l’indépendance de l’Algérie ma terre natale, j’ai du me réfugier en France. Ce pays n’est pas le mien, et je n’oublie pas que je suis né sur l’autre rive, de parents et grands-parents venus d’ailleurs.

J’ai cru à mon arrivée en France, être Français à part entière, mais j’ai déchanté, car l’on m’a fait comprendre que je n’étais pas le bienvenu. J’ai supporté les attitudes méprisantes, entendu des propos offensants, et ressenti l’hostilité larvée affichée vis-à-vis du « Pied Noir », ce vil exploiteur venu d’Algérie.

Louis JOXE, Conseil des ministres du 18 juillet 1962 « Les Pieds-Noirs vont inoculer le fascisme en France. ― Dans beaucoup de cas, il n’est pas souhaitable qu’ils retournent en Algérie ni qu’ils s’installent en France où ils seraient une mauvaise graine. ― Il vaudrait mieux qu’ils aillent en Argentine ou au Brésil » —.

Aujourd’hui encore, certains médias publient des informations et témoignages à charge, sur la guerre d’Algérie, et l’Histoire de Cent Trente-Deux Années de présence française dans ce pays. De nombreux auteurs et bien-pensants marquent cette époque, du sceau de l’infamie.

Il résulte de cette propagande, une fresque abondamment garnie des pires exactions qui soient ; une histoire travestie et défigurée, avec des mentions caricaturales, comme :

La présence de la France en Algérie fut de tout temps illégitime. ― Les Français d’Algérie ont exploité les Arabes, ils ont volé leur Terre. ― Les soldats français ont torturé les patriotes qui libéraient leur Pays. ― Certains Français ont eu raison d’aider les fellaghas à combattre l’armée française, ils peuvent s’enorgueillir d’avoir contribué à la libération de l’Algérie… 

Nul ne peut comprendre un pays, un peuple, et son histoire, s’il n’a auparavant appris au moins à les connaitre, et peut être tenté de les aimer un peu, pour parvenir à discerner le vrai du faux…

― À Mon Approche, Vous Changiez Souvent De Conversation, Car Vous Connaissiez Mes Origines.

J’ai remarqué au fil du temps que l’exode Arménien, celui des Juifs, et aujourd’hui l’accueil des Immigrants vous tenaient particulièrement à cœur. 

En revanche l’exil d’un million de « Pieds Noirs » ne vous a jamais inspiré beaucoup de compassion, hormis vos réactions épidermiques sur ce sujet.

Gaston DEFERRE Paris-Presse 22 juillet 1962 « Français d’Algérie, allez-vous faire réadapter ailleurs…. ― Il faut les pendre, les fusiller, les rejeter à la mer…― Jamais je ne les recevrai dans ma cité. ».

Le mot « Colon » est honni, et vidé de son vrai sens, et de sa part de noblesse. Dans votre esprit et votre langage courant, cette colonisation s’apparente aux génocides, à l’injustice, à la souffrance d’un peuple, ou à des actes criminels.

Les natifs de France, ces soldats tués en Algérie, n’ont jamais eu un vrai droit d’asile dans votre mémoire nationale, car ils étaient engagés dans une « sale guerre » honteuse !

Il est vrai, alors que leur sacrifice est digne de mémoire, qu’il est plus louable, et dans l’air du temps, d’honorer les « vainqueurs », plutôt que ces soldats morts inutilement.

Bien inspirés, pour dénoncer les tortures et exactions de l’armée française en Algérie, vous êtes étrangement muets, quant aux massacres et atrocités perpétrés par les fellaghas, sur la population européenne et musulmane.

Vous n’êtes pas avares de fictions, montrant toujours les mêmes clichés « Oppresseurs — Opprimés », la population arabe oppressée, vivant sous le joug des riches colons français, exploiteurs, arrogants, méprisants et dominateurs.

― Vous Ignorez, La Grandeur De L’œuvre Française En Algérie ; Nulle Information, Aucun Ouvrage, Ni D’émission Télévisée ; Silence Radio À Tous Les Niveaux.

― Vous Oubliez Aussi Sciemment, La Masse De La Population Européenne Laborieuse.

― Il est vrai que pour vous l’Algérie n’était peuplée que de riches Colons et de Capitalistes. Mais qu’en est-il des travailleurs, employés, commerçants, artisans, petites professions, et métiers, un peuple d’hommes et de femmes qui a construit, et donné la beauté et la prospérité à l’Algérie ?

― Nul Ne Songe Au Million D’êtres Humains Qui N’a Connu Et Aimé Que Sa Terre Natale; Un Peuple Contraint À L’exil, En Terre Inconnue Et Hostile...

Gaston DEFERRE interview Le Figaro 26 juillet 1962 « Voyez-vous une solution au problème des rapatriés de Marseille ? » — « Oui ! Qu’ils quittent Marseille en vitesse ». ― À l’Assemblée nationale, il crie « il faut les pendre, les fusiller, les rejeter à la mer... »

Il y a des intellectuels français, des militants politiques, et d’autres sbires gouvernementaux, fiers d’avoir aidé le Front De Libération National Algérien. Nul ne songe cependant, à les accuser d’avoir été des collaborateurs ou des criminels ; pourtant certains, ont armé des égorgeurs, et ont souvent été des « Porteurs de Bombes »…

La France « Patrie des Droits de l’Homme », se référe à l’Accueil des Populations persécutées, tels les Russes chassés par la Révolution bolchévique de 1917, les Espagnols fuyant Franco, les Arméniens victimes d’un Génocide…

Cette France, n’a pourtant pas fait preuve d’humanisme, quand elle accueillit avec hostilité et réticence, ces exilés qui n’avaient eu aucun autre choix que « la valise ou le cercueil ». En effet, pour une majorité de métropolitains, les Pieds-Noirs et Harkis n’étaient pas Français comme eux.

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Le Figaro du 23 Août 1962 « Les Français d’Algérie Sont De Riches Colons… »

Je n’ai pas choisi de naître Français sur la Terre d’Algérie que l’on m’a appris à aimer, comme un morceau de France. 

L’Algérie  n’est plus française, mais elle reste ma seule et vraie patrie, la terre de mes parents et grands-parents.

■ Je n’attends rien de vous Français de France, mais respectez mon Histoire, même si elle n’est pas la votre, ou celle que vous rabâchent les médias, les pseudo-intellectuels, et les Moutons De Panurge.

■ Je ne vous dois rien ! Bien au contraire, vous êtes toujours redevables des peines et souffrances endurées par un million de rapatriés.

 Respectez l’histoire de l’Algérie Française, dans la lumière de son époque, de ses valeurs, et dans la vérité de ses réalisations matérielles, intellectuelles et humaines.

 Respectez la mémoire de ceux, dont les sépultures dégradées et souillées, sont toujours là-bas, ceux nombreux dont la vie fut faite de dur labeur, d’abnégation et souvent d’héroïsme.



Aron O’Raney —
Mardi 9 janvier 2018