La fraternité comme l'amitié était pour Albert Camus le fil directeur de son existence,
quelque chose d'indéfectible. STF / AFP
Le Festival Albert Camus célèbre la fraternité à Lourmarin
Pour Son Édition 2024, Qui Se Tient Du 27 Au 29 Septembre Dans Le Luberon, La Manifestation Reçoit, Entre Autres, Abd Al Malik, Enrico Macias Et Amin Maalouf.
Chaque année, Albert Camus donne rendez-vous à Lourmarin, dans le Luberon, aux Rencontres méditerranéennes.
Cette année, les organisateurs ont souhaité mettre en exergue un thème cher à l'écrivain : la fraternité. C'est un mot qui colle parfaitement à l'homme et à son œuvre, au journaliste, à l'essayiste et au dramaturge qu'il était également.
Au programme de ces trois journées nourries de conférences, spectacles, ateliers, lectures musicales, débats, expositions et projections de films adaptés des œuvres de Camus.
Impossible de citer tous les invités. Sont prévus, entre autres Amin Maalouf, Enrico Macias, Abd Al Malik (un fidèle de ces rencontres), Eric Fottorino, Vincent Duclert, Frédéric Pierrot (superbe Docteur Rieux dans la série La Peste)…
La fraternité comme l'amitié était, pour l'auteur de L'Homme révolté le fil directeur de son existence, quelque chose d'indéfectible. Ses textes, notamment sa correspondance, en attestent, celle entretenue avec René Char et Louis Guilloux est une ode à la fraternité.
Les lettres échangées avec André Malraux, Jean Grenier et Roger Martin du Gard marquent le respect. Le lien naît de valeurs intellectuelles et morales que l'on partage, et peu importe si nous ne sommes pas issus du même monde, si nous n'avons pas appris les mêmes codes ni la même langue: ces liens invisibles, cette estime sans communauté sont au-dessus de tout. Et s'il peut exister une distance, le sentiment de fraternité n'en est pas moins profond.
Très souvent, chez Camus, la fraternité trouve un prolongement dans le travail ou dans un projet commun. L'amitié et l'amour, aussi. Cela n'est pourtant jamais évident, de travailler avec des amis ; il faut croire qu'il y a souvent réussi. Peut-être que le football, le journalisme et le théâtre – ces trois sports collectifs – lui ont-ils beaucoup appris. Ne disait-il pas que les scènes de théâtre et les stades de football restaient ses véritables universités?
La fraternité va bien plus loin que le lien – déjà important – entre deux ou plusieurs êtres. Elle a quelque chose de philosophique : une façon de combattre l'absurdité du monde. Pour Camus, la fraternité comme l'amitié sont de véritables vertus.
Les Temps Forts Des Rencontres
Le vendredi 27 septembre, à 20 heures, au Temple de Lourmarin, le public pourra assister à la lecture musicale par Lyes Salem & Abd Al Malik d'extraits de textes de Camus sur la Fraternité, accompagnés à la guitare par Izo Diop.
Abd Al Malik a écrit un livre pour dire tout son amour pour l'écrivain algérien et ce qu'il lui doit.
Dans Camus, l'art de la révolte, il dit:
« J'ai rencontré Albert Camus dans les pages de “L'Étranger”. Cette rencontre, littéraire, est de celles qui ont forgé mon devenir d'artiste, de musicien, d'écrivain. Elle est de celles qui ont déterminé le chemin qu'a pris ma création. »
Aujourd'hui, Abd Al Malik est un artiste et un fabuleux porte-parole de Camus. Il le joue au théâtre, il le lit partout, et pour tous.
Les autres temps forts sont :
— Projection du moyen métrage adapté de l'œuvre d'Albert Camus, La Pierre qui pousse, réalisé par Matheus Benitos et Daniel de la Riva.
— Un autre film adapté de la nouvelle L'Hôte, Loin des hommes de David Oelhoffen avec Viggo Mortensen et Reda Kateb.
— Une discussion entre Amin Maalouf et Eric Fottorino autour du thème de la fraternité.
— Vincent Duclert, Camus, un monde d'amitié, et présentation dans la foulée, et en avant-première, d'Actuelles IV par Vincent Duclert et Anne Prouteau, présidente de la Société des études camusiennes, qui vient de publier Camus chez les Justes : Le Chambon-sur-Lignon, 1942-1943 (éditions Bleu autour), avec le témoignage de Catherine Camus et les dessins de Jacques Ferrandez.
Ce livre, nécessaire, raconte comment, entre août 1942 et novembre 1943, Camus soigne sa tuberculose sur le haut plateau de Chambon-sur-Lignon, où il est témoin de la protection de milliers de juifs cachés par les habitants.
Cela provoque en lui un changement aussi personnel que littéraire. Anne Prouteau revient sur cette période méconnue de sa vie qui l'oriente vers le réseau et journal Combat.
— Jeudi 26 septembre 2024
■ Le Figaro —