28 octobre 2024

Un Jour Ordinaire…


Un Jour Ordinaire…


Ce matin, devant le clavier, les mots ont bien du mal à s’extirper de mes doigts gourds. 


Le regard perdu s’évade au plafond, me donnant ainsi, l’air et le fort sentiment de chercher l’inspiration, qui pourrait s’y cacher là, tapie à l’intérieur d’une fissure invisible.


Rien ne se passe ni vient à ma rencontre, à mon secours. 


Les souvenirs qui d’habitude s’animent dans le flot de mes pensées restent mystérieusement absents. Rien n’est là, point de souvenirs vivaces, aucun projet en instance, pas la moindre anecdote à ressusciter, pour amorcer un début de phrase.


Je demeure là, privé de mots, installé dans le douloureux et pesant silence de l’écriture. Dans l’abime de l’absence, le clignotement incessant et obsédant du point d’insertion, insiste sans relâche tel un métronome angoissant, exigeant des mots, des idées qui refusent de se frayer un passage à travers les pensées désordonnées.


Que faire, hormis attendre ? 


Attendre encore que quelque chose daigne enfin surgir, une phrase, un mot, une étincelle de pensée capable de rompre l’inertie. 


Mais en vain, car obstinément fermé le mental ne veut pas céder. Le temps passe, s’étire longuement, et l'angoisse de la page blanche fait son nid, s’installant confortablement, dans la chambre de l’angoisse.


Alors il ne reste plus en désespoir de cause, qu’une chose à faire : partir, en quittant la scène du combat muet, que je ne peux espérer gagner.


Dehors, la rumeur monte, la ville s’est réveillée…


Au feu rouge, sous le capot, les moteurs ronronnent impatients, certains murmurent à peine, d’autres rugissent comme des fauves. La horde sauvage des voitures marque le pas, et bat le pavé tels des prédateurs en chasse, régnant sur le bitume. Alignées en rangs serrés, les bêtes sont là, prêtes à bondir au signal vert.


La cité à présent éveillée, s’étire, se préparant à accueillir le flot déferlant des travailleurs, qui envahiront bientôt ses murs, dans le rituel quotidien. 


La vie, d’apparence ordinaire, reprend ses droits.


Pourtant, dans cette scène où tout semble prévisible, il y a parfois l’infime instant, où l’on peut ressentir l’étrangeté du quotidien. Comme si, derrière l’apparence évidente des choses, une vérité sous-jacente, vaste et mystérieuse, se dissimule.


Ce n’est qu’un jour ordinaire…



— Vendredi 18 octobre 2024




Aron O’Raney —