27 octobre 2024

Entre La Vie Et La Mort

 


Il existerait un «troisième état», situé entre la vie et la mort


Certaines cellules semblent capables non seulement de survivre, mais aussi de se transformer après la mort d'un organisme.


Des facteurs tels que l'âge, la santé, le sexe et le type d'espèce influencent le «troisième état».


À la vaste question «Qu'est-ce que la mort?», la plupart des scientifiques ont une réponse plutôt simple:


il s'agit de l'arrêt irréversible du fonctionnement d'un organisme dans son ensemble. Cependant, certaines cellules peuvent continuer de fonctionner même après la mort et c'est d'ailleurs ce que prouve la pratique du don d'organe.


En partant de ce constat, une équipe de chercheurs dirigée par Peter A. Noble, de l'Université de Washington, s'est intéressée dans sa dernière étude à ce qui se passe à l'intérieur des organismes après leur mort.


Dans une synthèse publiée dans The Conversation, ces chercheurs montrent que certaines cellules, quand elles sont nourries avec des nutriments, de l'oxygène, de la bioélectricité ou encore des signaux biochimiques, peuvent se transformer après leur mort en des organismes multicellulaires dotés de toutes nouvelles fonctions.


Elles seraient alors l'incarnation d'une forme de «troisième état», situé au-delà des frontières traditionnelles entre la vie et la mort.


L'équipe de scientifique a par exemple découvert que des cellules cutanées, extraites d'embryons de grenouilles décédés, étaient capables de s'adapter aux nouvelles conditions d'une boîte de Petri en laboratoire. Ces dernières parvenaient à se réorganiser spontanément en organismes multicellulaires, appelés xénobots.


Ces nouveaux organismes ont ensuite adopté des comportements allant bien au-delà de leurs rôles biologiques d'origine. Par exemple, ils utilisaient leurs cils, soit des petites structures ressemblant à des poils, pour naviguer et se déplacer dans leur environnement. Pourtant, chez un embryon de grenouille vivant, ces mêmes cils servent généralement à déplacer le mucus.


Les conditions du «troisième état»


Plusieurs facteurs agissent sur la survie et le fonctionnement de certaines cellules après la mort d'un organisme, notamment des conditions environnementales, l'activité métabolique et les techniques de conservation.


Ainsi les cellules actives, qui nécessitent un apport énergétique continu pour maintenir leur fonction, sont plus difficiles à cultiver que les cellules ayant des besoins énergétiques plus faibles. Aussi, des techniques de conservation comme la cryo-conservation peuvent permettre aux échantillons tels que la moelle osseuse de fonctionner de manière similaire à ceux des sources de donneurs vivants.


Les mécanismes de survie inhérents jouent également un rôle clé dans la survie des cellules. Par exemple, les chercheurs ont observé une augmentation significative de l'activité des gènes liés au stress et de ceux liés au système immunitaire après la mort de l'organisme.


Enfin, des facteurs tels que l'âge, la santé, le sexe et le type d'espèce influencent le «troisième état». 


Il est important de noter d'ailleurs que ces organismes multicellulaires ont une durée de vie limitée et se dégradent naturellement au bout de quatre à six semaines.


Les chercheurs ne savent pas encore comment l'interaction de ces variables permet à ces cellules de continuer à fonctionner après la mort d'un organisme, mais le «troisième état» ouvre néanmoins des perspectives prometteuses pour de nouveaux traitements médicaux.



— Source : Slate Fr 

— 16 Septembre 2024




Nina Bailly —