Entre les guerres et l'inaction face au changement climatique, difficile de savoir quoi faire. Alex Shuper via Unsplash+
≡ Entre Donald Trump, les guerres ici et là, le réchauffement climatique et notre impuissance à le combattre, il n'est guère aisé de trouver des motifs d'optimisme.
※ Le monde ne va pas bien.
De toutes parts, on entend monter ces mugissements qui sont ceux des tambourins de l'enfer, prélude au chaos et à la guerre. La guerre traditionnelle telle qu'elle se déroule actuellement au Proche-Orient ou en Ukraine, mais aussi la guerre de la bêtise contre la raison, de l'ignorance contre la connaissance, du mensonge contre la vérité.
Ne nous y trompons pas, comme naguère celle d'Adolf Hitler, l'arrivée au pouvoir de Donald Trump marque un point de bascule dans l'histoire de l'Occident.
※ Nous sommes à la veille d'un carnage,
d'une déflagration tellurique dont les secousses se feront sentir bien au-delà des frontières de l'Amérique. Il faut prendre la mesure de ce bouleversement, de cette prise du pouvoir par un homme dont la soif de revanche n'a d'égale que son appétence à marcher sans vergogne sur la démocratie.
※ Trump ne fera aucun cadeau.
Il s'affranchira de toute mesure pour arriver à ses fins. Cette fois, il a toutes les cartes en main; aussitôt de retour à la Maison-Blanche, il les abattra avec la violence qui le caractérise. Le fascisme arrive en Amérique. Un populisme fiévreux, incandescent, brouillon et tumultueux qui n'hésitera pas à employer tous les moyens pour imposer sa loi. Il suffit de lire la liste des nominations aux postes clés de la future administration pour comprendre que nous sommes à l'aube d'un mode de gouvernance similaire dans sa radicalité à celle d'une dictature.
※ Ailleurs, le monde gémit
Sous le poids de ses antagonismes et de ses haines cuites et recuites. Dans les rues d'Amsterdam, on tabasse des juifs avec la même allégresse que celle d'antan. Avant cela, on avait entendu des supporters israéliens chanter des slogans fielleux contre les communautés arabes ou brûler un drapeau palestinien.
※ Où est donc passée la sagesse juive,
La grandeur d'un peuple qui toujours a su opposer à la barbarie du monde le docte visage de la loi et des enseignements bibliques? Que sont-ces vagissements qui dénigrent à l'autre le droit d'exister? Et ceux qui ont traqué le juif, de quelle légitimité se réclament-ils si ce n'est celle de la violence aveugle, d'un assentiment à nier aux Israéliens le droit de vivre dans la paix et dans la sécurité? Quand donc ces frères ennemis comprendront-ils qu'ils sont condamnés à s'entendre, à s'accepter dans leur diversité respective pour offrir à chacun de leur peuple la paix et la prospérité qu'ils méritent?
※ En Europe, aux confins de l'Ukraine et de la Russie,
La mort continue sa sale besogne. Une guerre absurde où un tsar qui s'ennuyait a cru bon de ressusciter de vieilles chimères, d'un empire qui étendrait encore un peu plus loin ses frontières. Folie, douce folie qui voit des hommes s'affronter pour défendre ou conquérir quelques kilomètres carrés, guerre vaine et sanglante où l'on se bat comme on se battait aux temps premiers de l'humanité, dans des querelles de voisinage dépourvues de toute grandeur et qui enlaidissent encore un peu plus chaque jour l'idée même de civilisation.
※ Et au-dessus de tout ce vacarme,
Aux quatre coins de la Terre, des cieux agités nous rappellent à notre devoir premier, celui de respecter l'ordre naturel de cette planète. Le changement climatique est là, il nous oblige à changer d'une manière radicale nos comportements mais trop infatués de nous-mêmes, trop amoureux d'un mode de vie qui détruit pourtant faune et flore, nous continuons à agir comme si de rien n'était, à peine émus quand un déluge survient avant de retomber bien vite dans nos travers.
※ Cette inertie partout répandue, cette impossibilité de répondre présents face aux dangers climatiques qui nous menacent, renforcent d'autant plus cette idée que nous ne sommes pas à la hauteur de l'événement. Que nous sommes lâches et veules, indécis et vains. Nous vivons dans l'ignorance d'un avenir dont on nous dit pourtant que si nous ne changeons rien à nos habitudes, il sera d'autant plus sombre et tragique, un aveuglement aux accents de renoncement.
※ Ainsi allons-nous, ballotés dans un monde qui se déchire de partout.
L'Europe apparaît sans ressort, la France ressemble de plus en plus à un vaisseau fantôme où l'on joue du budget comme on jouerait avec un volant de badminton, le complotisme avec l'aide des réseaux sociaux débauche les individus les uns après les autres, l'intelligence artificielle s'apprête à asphyxier nos cerveaux, la raison semble devenir une denrée rare, la Terre se dérègle, et nous restons là, immobiles, les pieds figés sous le poids vacillant de nos certitudes.
※ De tous les sentiments qui m'animent face à ces drames actuels ou en devenir, c'est la honte qui prédomine.
Oui, j'ai honte de ce monde, de cette comédie mortuaire dont il semble se repaître. Je ne sais quoi faire pour le réparer, si ce n'est de me replier encore un peu plus sur moi-même. D'aspirer à ne rien d'autre qu'à lire, à écouter de la musique, à vivre dans le clos carré de mes passions. Loin, très loin de la fureur du monde dont la violence n'en finit pas de m'épuiser.
— Vendredi 15 novembre 2024
— Slate fr
■ Laurent Sagalovitsch —