La manne est ce Réel qui surgit dans le silence du monde et qui le nourrit d'inquiétude dans sa hâte de nommer.
Si l'identité de l'homme est d'être une question (Adam : quoi ?), il ne peut être nourri véritablement que d'une autre question (manne — qu'est-ce ?).
Dire oui à cette question (Amen : oui, qu'est-ce que c'est ?), à la soif du jour, c'est ce qui nous tient en marche dans le désir de la source.
Cette question suffit (la manne : qu'est-ce ?), et malheureux ceux qui regrettent les réponses faciles ou les sensations subtiles (cailles et oignons), l'ail d'une terre où nous étions esclaves, en arrêt de pensée, dans les limites d'un vivre clos sans ailleurs et sans Autre.
Heureux les nomades et les pèlerins maintenus en état de question chaque jour, ils se rapprochent de leur nom d'origine (Adam : quoi ?), écho du Nom sacré de Celui qui est sans origine (YHWH : ?).
Tout cela bien sûr reste à développer, à mieux dire comment
— Un Mirage Perdu = Un Désert Retrouvé
— Une Illusion Perdue = Un Réel Retrouvé
— Une Explication De Perdue = Une Interprétation À Retrouver
— Une Mémoire De Perdue = Une Parole À Retrouver
— Une Répétition De Perdue = Un Avenir À Retrouver.
— Extrait de « Le Sens Ou La Parole Perdue »
— Manque Et Plénitude — Éditions Albin Michel
■ Jean-Yves Leloup —