≡ À Nice, Slava exerce ce métier très rare : ils ne sont qu'une soixantaine en France
Depuis quatre ans, Slava est peintre en lettres. Concrètement, elle décore les devantures des magasins, entre autres. Un métier devenu très rare en France qu'elle veut perpétuer.
Été comme hiver, Slava se déplace toujours avec sa petite caisse en bois et ses pinceaux, incontournables à son activité. À Nice (Alpes-Maritimes), cette Slovaque fait un métier méconnu et devenu très rare en France : peintre en lettres.
Avec son coup de pinceau légendaire, elle décore les devantures de magasins ou d’immeubles. Elle a lancé son entreprise il y a quatre ans sur la Côte d’Azur et ne se verrait pas l’exercer ailleurs.
❚ Avec la technologique, un métier qui s’est perdu
Elle était une profession ô combien importante entre le XIXe siècle et le XXe siècle. Ils habillaient les façades, dessinaient la publicité et décoraient l’intérieur des magasins dans toutes les villes de France. Mais avec l’arrivée de la technologie, de l’imprimerie et des panneaux lumineux, le métier a peu à peu disparu. Il n’en reste qu’une petite soixantaine dans le pays.
C’est le cas de Slava Jevcinova, 38 ans, à Nice. Originaire de Slovaquie, elle est arrivée dans la cité azuréenne il y a près de 7 ans, puis s’est lancée en 2020. Son travail ? Peintre en lettres. « J’ai étudié la création de polices de caractères. J’ai regardé un film documentaire qui s’appelle Sign Painters et j’ai découvert le métier grâce à ça », retrace-t-elle.
Elle participe ensuite à des ateliers qui lui donnent envie de l’exercer.
Ici, elle avait pour mission de réaliser ce lettrage devant une résidence privée du centre-ville de Nice. (© Manon Reinhardt/actu Nice)
« Si je voulais commencer, ici c’était parfait »
L’environnement niçois, dont elle raconte être rapidement « tombée amoureuse » lors d’une visite chez des amis, lui insuffle également cette volonté d’essayer :
❝ Je suis tombée amoureuse de cette ville, avec toutes ces couleurs, le soleil, la montagne. Quand je marchais dans la rue, je voyais énormément d'anciennes enseignes. Je me suis dit que, si je voulais commencer à faire ce métier, c'était ici, c'était parfait. Je me suis entraînée à la maison.❞
Slava Jevcinova
Peintre en lettres
Désormais, elle se bat pour « préserver le métier ». S’il a connu des heures difficiles, il est de nouveau très recherché. « C’est une vraie renaissance en ce moment. » Lorsqu’elle travaille sur un nouveau projet dans la rue, « beaucoup s’arrêtent pour me dire que leurs parents faisaient ça. Ils sont contents de voir ça et que ça revient ».
Passionnée de typographie et de lettres, Slava conçoit chaque police qu’elle peint pour ses clients. Parfois sur des façades, des panneaux ou encore des vitres.
❚ Plusieurs jours de chantier parfois
« Être peintre en lettres m’inspire pour de nouvelles polices. Ces deux passions se rejoignent », explique cette Niçoise de cœur. « Il faut prendre du temps, s’entraîner. Tout est fait à la main. Sur certains chantiers, ça peut durer plusieurs jours s’il y a des ombrages avec un effet 3D, cela peut être complexe. » Car le travail est minutieux, voire parfois, chirurgical.
Elle a notamment travaillé sur des commerces emblématiques de Nice : le coffee shop « La Fabrik des Garçons », le glacier « Azzurro », le restaurant « Les Epicuriens » ou le brunch « Edmond ».
Et Slava attise souvent la curiosité : « L’avantage, c’est que je travaille dans la rue, donc c’est très visuel. On voit ce que je fais. Les gens viennent me voir pour me dire qu’ils voudraient que je le fasse pour leur commerce ». Une belle vitrine pour cette activité traditionnelle.
« Les gens sont fatigués des autocollants »
Cette artiste se déplace sur toute la Côte d’Azur, selon les demandes. Et il y en a beaucoup, se réjouit-elle. « Les gens sont fatigués des autocollants et du plastique. » Ils veulent de l’authentique. À Nice, ils sont deux à exercer ce métier, rapporte-t-elle. Il faudra donc encore un peu de temps pour séduire de nouveau.
D’ici là, Slava continuera de sillonner les rues pittoresques du Vieux-Nice et de redonner vie aux façades des commerces.
Contact : 06 41 49 83 10 ou enseignesnice@gmail.com
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— Publié le 5 novembre 2024
■ Manon Reinhardt —