Cet Amour est un Autre en nous,
Une Autre conscience,
Un Tout Autre amour que tous ceux
Que nous avions connu Précédemment
Et qu’on ne peut comparer à rien.
C’est en ce sens qu’il est Saint,
« Kadesh » en hébreu, veut dire :
« Incomparable »,
Qui ne ressemble à rien de ce qui existe.
Cet amour ne détruit rien,
Ni l’enfant en nous avec ses besoins,
Ni l’adolescent avec ses demandes,
Ni l’adulte avec ses désirs,
Mais il nous rend libres
De toutes les formes d’amour
Que nous avions pris pour l’amour.
À ce niveau de conscience,
Amour et Liberté s’embrassent,
Il n’y a plus de dualité,
L’homme est ouvert
Dans toutes les dimensions de son être :
« La hauteur, La largeur, La profondeur ».
Il demeure dans l’ouvert ; une porte,
Des bras se sont ouverts en lui
Et nul ne les ferme…
Dans cet amour humain
Gratuit et inconditionnel
Se révèle un Être qui est Agapè,
Non, un Acte pur d’exister
Un moteur immobile,
Mais un Sujet Aimant,
Ce qui ouvre l’Être…
Faut-il encore développer,
Comme le font certains Philosophes
Et phénoménologues contemporains,
Les conséquences de ce passage
« de cette Pâque »
D’une métaphysique de l’Être
À une métaphysique de l’Agapè,
Dépassement des ontothéologies,
Non vers l’insondable vacuité,
Mais vers les abîmes du Don.
Extrait de « Qui aime quand je t'aime ? »
Albin Michel, 2005 — P 160.
■ Jean-Yves Leloup — Catherine Bensaïd —