Le Silence Préexiste À Toute Action Humaine ; Il Est Pour Ainsi Dire Un Don Fait À L’humanité.
Lorsque, me promenant dans la nature, je me contente d’être attentif, j’entends le silence, qui me précède.
J’éprouve alors le mystère de l’existence ; l’essence humaine s’ouvre à moi.
Je n’ai qu’à me taire afin d’ouïr le silence qui m’est offert il m’incombe de ne pas le troubler par mes discours ou mon agitation.
Le silence n’est pas seulement l’absence de bruit et de paroles. Il possède une qualité qui lui est propre, celle de l’existence pure.
Ce qui est désintéressé se fait dans le silence ; l’ego, au contraire, est tapageur, se met en avant, prend la parole, ne peut se défendre de jouer un rôle et de s’exhiber.
Ce qui est pur, simple et sans mélange – exempt de desseins secrets – nous apparaît comme silencieux.
Le silence nous renvoie à la source de la vie, à ce qui est primitif, authentique et limpide.
Il laisse affleurer l’essence des choses.
À sa façon, il nous parle – et la vive émotion qu’il suscite est inversement proportionnelle à son volume sonore.
Apaisé, le vieil homme se tait.
De lui émane une douce tranquillité. Silencieux devant Dieu, il devient pour autrui un havre de paix.
De même que l’église où nous pénétrons est baignée Dans le silence ou qu’un paysage exhale celui-ci, le vieil homme calme et discret répand autour de lui une quiétude bienfaisante.
— Extrait « L’art de bien vieillir »
— Albin Michel
■— Anselm Grün – Le Moine Thérapeute –
