03 janvier 2025

≡ Les Émeus…

 Émeus et armée, la drôle de guerre de 1932 en Australie…

Cette histoire a permis aux oiseaux de s'inscrire davantage dans le patrimoine culturel et écologique du pays.


Les émeus sont les seuls oiseaux possédant des mollets, leur permettant d'être très rapides. (David Clode via Unsplash)


— Dans les années 1930, après la Première Guerre mondiale, une autre bataille a fait rage à l'opposé du globe.


Celle-ci a eu lieu en Australie, où le gouvernement a cherché à installer plus de 5.000 soldats devenus fermiers dans l'État le plus à l'ouest du pays, en Australie-Occidentale, pour développer les terres. Malheureusement, les conditions pour cultiver quoi que ce soit se sont avérées désastreuses, avec un sol médiocre et des pluies irrégulières.


Lorsqu'une grande sécheresse a touché ces zones agricoles en 1932, les fermiers ont vu débarquer pas moins de 20.000 émeus sur leurs exploitations. Les oiseaux brisaient les clôtures en cherchant de quoi manger, ouvrant également la porte aux plus petits animaux et aux insectes. 


Comme nous le raconte un article de National Geographic, ce fut la goutte de trop et le début d'une guerre entre les émeus et les fermiers.


Le 2 novembre 1932, après avoir appelé des renforts, trois soldats du régiment royal d'Artillerie australienne arrivent sur place avec des mitrailleuses. Mais les émeus se dispersent et deviennent des cibles difficiles à atteindre. À la surprise générale, les soldats ne parviennent pas à accomplir leur mission d'« éliminer les émeus et protéger les cultures ». Pour Sarah Comacchio, gardienne au zoo de Taronga à Sydney, « à l'époque, ils ont sous-estimé l'espèce et ils ont échoué parce que les émeus sont des oiseaux très rapides et agiles ».


Cinq jours après leur arrivée, alors qu'ils s'apprêtent à tirer sur des milliers d'émeus rassemblés à un point d'eau, la mitrailleuse s'enraye et perd toute son efficacité. Plus la « guerre » fait rage, plus elle est médiatisée et plus le public en est fasciné. La population est intriguée par ces oiseaux survivants qui sprintent jusqu'à 50 kilomètres par heure sur des terrains accidentés afin d'échapper à leurs tireurs.


Quarante-cinq jours après le début du conflit, les soldats n'ont tué qu'environ 2.500 émeus sur les 20.000 répertoriés. Finalement, l'opération prend fin à la suite de réclamations pour un meilleur traitement des émeus. Ces derniers sortent vainqueurs de l'opération, et auront en outre fait connaître leur incroyable résilience.


Vitesse et force


L'émeu, qui mesure près d’un mètre 80, est un oiseau descendant des dinosaures. S'il est incapable de voler, il est le seul oiseau à posséder des mollets, l'aidant à se propulser vers l'avant et à atteindre une vitesse et une endurance exceptionnelles. Il est capable de marcher jusqu'à 24 kilomètres par jour à la recherche de nourriture, seul ou en petit groupe.


En plus d'être incroyablement rapides et tenaces, les émeus contribuent à la régénération végétale du pays en dispersant des graines sur de longues distances. Selon Sarah Comacchio, ils propagent notamment le quandong du désert, une espèce de pêche dont de nombreux animaux raffolent. 


Les émeus portent aussi une signification culturelle: ils font partie de plusieurs récits aborigènes où ils représentent la force et le lien profond avec la terre.


Les émeus et l'Australie sont si liés que ces gros oiseaux figurent sur les armoiries du pays, sur la pièce de 50 centimes, et même sur les logos d'équipes sportives. 


Depuis 1999, les émeus sont protégés par une loi environnementale australienne; plus personne ne peut leur déclarer la guerre. Ils sont maintenant une grande armée (pacifique) de 600.000 spécimens sauvages parcourant le continent.



— Slate—Fr

— Lundi 9 décembre 2024



■— Héloïse Robert –