Des scientifiques prédisent une éruption volcanique massive qui plongerait le monde dans le chaos
Ça va vraiment être tout noir. | Yosh Ginsu via Unsplash
≈ D'après les chercheurs, nous ne sommes pas assez préparés pour faire face à ce phénomène rare et dévastateur
L'humanité a déjà dû faire face à des éruptions volcaniques massives et des catastrophes rarissimes, comme celle de l'explosion du mont Tambora en 1815. Mais nous n'en sommes pas débarrassés, si l'on en croit Markus Stoffel, professeur de climatologie à l'Université de Genève. Une éruption colossale pourrait semer le chaos sur notre planète, affirme le chercheur, perturbant le climat à l'échelle mondiale et causant le déplacement de plusieurs millions de personnes. Sommes-nous prêts à affronter les conséquences d'une telle catastrophe ? Pas sûr.
L'éruption du mont Tambora en Indonésie est considérée comme la plus violente jamais enregistrée dans notre histoire. D'énormes quantités de cendre, de soufre et de débris avaient été projetées dans l'atmosphère, et les conséquences s'étaient fait ressentir sur toute la planète, rappelle un article de Daily Galaxy. Les températures mondiales avaient baissé d'au moins 1 °C, ce qui avait « perturbé les modèles météorologiques mondiaux, entraînant des récoltes perdues, des pénuries alimentaires et une famine généralisée ».
Baptisée « l'année sans été », 1815 a marqué les esprits : il a neigé en juin en Amérique du Nord, les récoltes ont été catastrophiques en Europe, et la famine qui a suivi a aggravé le bilan humain mondial, qu'on estime aujourd'hui entre 100.000 et 200.000 morts. Quelques siècles plus tôt, en 1257, l'éruption de Samalas (toujours en Indonésie) aurait eu des conséquences encore plus visibles sur le climat, contribuant à l'avènement d'une période de refroidissement mondial, le petit âge glaciaire. D'après les scientifiques, de telles éruptions se produisent tous les 600 ans environ.
Si un volcan décidait de se réveiller dans de telles proportions aujourd'hui, il découvrirait une tout autre planète que celle d'il y a plusieurs siècles : plus chaude, plus peuplée, mais aussi plus interconnectée et aux populations beaucoup plus interdépendantes. Une éruption massive aurait des conséquences bien plus importantes qu'en 1815. Pour le chercheur Markus Stoffel, la question n'est pas de savoir si, mais quand une telle éruption aura lieu. « L'humanité n'a aucun plan », alerte-t-il.
— Quelles conséquences aujourd'hui ?
En quoi l'éruption d'un volcan en Californie, en Islande ou en Indonésie pourrait aujourd'hui perturber la déjà précaire stabilité mondiale ?
Les destructions immédiates : c'est le premier danger d'un tel cataclysme. Des villes entières pourraient être anéanties par des coulées de lave, des chutes de projectiles et des nuages de cendres.
L'approvisionnement alimentaire mondial : en refroidissant les températures et en perturbant les précipitations et l'ensoleillement, le volcan dévasterait la production agricole, notamment dans les grandes régions céréalières.
L'effondrement économique : le marché de l'assurance britannique Lloyds of London estime qu'une éruption telle que celle de Tambora pourrait aujourd'hui entraîner des pertes dépassant les 3,6 milliards de dollars (3,4 milliards d'euros environ), uniquement au cours de la première année.
Les déplacements de population : Aujourd'hui, plus de 800 millions de personnes vivant à moins de 100 kilomètres de volcans actifs seraient probablement évacuées en cas d'éruption.
Des gaz comme le dioxyde de soufre (SO₂), libérés lors des éruptions, ont un effet direct sur le climat, formant des particules aérosol dans la stratosphère qui opèrent comme un bouclier thermique, renvoient la chaleur dans l'espace et provoquent un refroidissement à la surface de la Terre. D'après Alan Robock, professeur de climatologie à l'Université Rutgers dans le New Jersey, ces particules « se dispersent à travers le monde et durent quelques années ». L'éruption du mont Pinatubo aux Philippines en 1991 avait envoyé près de 15 millions de tonnes de SO₂ dans la stratosphère, occasionnant un refroidissement de la planète d'environ 0,5 °C pendant plusieurs années.
Notre action sur la planète depuis plusieurs siècles pourrait aussi nous jouer des tours en cas d'éruption massive : un climat réchauffé par l'activité humaine accélèrerait la circulation de l'air, et donc la dispersion des aérosols volcaniques. La fonte des glaciers, en réduisant la pression sur les systèmes volcaniques, pourrait d'ailleurs potentiellement augmenter la fréquence des éruptions. Michael Rampino, professeur à l'Université de New York, met en garde contre cet enchaînement dangereux : « Le monde est plus instable aujourd'hui. Les effets pourraient être encore pires qu'en 1815. » Réjouissant comme programme, non ?
Une chose est sûre : l'homme n'est pas en mesure d'empêcher ces éruptions. Certaines précautions pourraient cependant nous permettre de mieux nous préparer et d'être parés le jour où elles surviendront. La surveillance est évidemment un aspect clé de cette préparation, mais il faut voir plus loin : d'après les scientifiques il faut planifier la catastrophe, mettre en place des plans d'évacuation des populations, ainsi que des protocoles de crise pour garantir un approvisionnement en nourriture et en eau potable. Tout ça, évidemment, devra être fait à l'échelle mondiale, en coordonnant les efforts entre les États. « Nous commençons tout juste à comprendre ce qui pourrait se produire », affirme Stoffel qui, décidément, a le don pour nous rassurer.
— Lundi 30 décembre 2024
■— Clément Poursain —