Certains des manuscrits, comme le Livre de Daniel ou l'Écclésiaste, pourraient même avoir été recopiés du vivant de leur auteur original. | Towfiqu barbhuiya via Unsplash
📜 Les manuscrits de la mer Morte seraient bien plus anciens qu'on ne le pensait et ça change tout
—Retrouvés en 1947, ces textes hébreux seraient en réalité, selon l'intelligence artificielle, plus vieux d'environ un siècle par rapport aux estimations des spécialistes.
Ces dernières années, les techniques pour étudier des textes anciens, mal conservés, ou parfois indéchiffrables humainement, se sont développées avec l'aide, notamment, de l'intelligence artificielle.
C'est ce qu'il s'est passé récemment avec les parchemins carbonisés par l'éruption du Vésuve, qui ont pu être déroulés numériquement, puis lus par les spécialistes. Désormais, c'est au tour de plusieurs manuscrits retrouvés près de la mer Morte de révéler leurs secrets.
Découverts en 1947, ils ont d'abord été datés de 150 av. J.-C. Puis, en 1990, certains spécialistes ont estimé leur datation entre le Ier et le IIIe siècle avant notre ère. Ces hypothèses viennent finalement d'être bouleversées à nouveau grâce aux avancées de l'IA, relate New Scientist dans un article.
Ces 900 manuscrits, qui comprennent les plus anciennes copies connues de livres de l'Ancien Testament et d'autres textes juifs anciens, avaient été retrouvés dans une grotte sur la rive nord-ouest de la mer Morte.
Ils ont depuis été analysés, au fil des années, grâce à plusieurs techniques: imagerie multispectrale, dépliage virtuel et paléographie, c'est-à-dire l'étude des éléments de leur style d'écriture. Mais les datations émises jusqu'ici reposaient, en grande partie, sur la paléographie –une méthode qui est intrinsèquement subjective et repose sur l'expérience de chaque chercheur.
➤Des résultats «révolutionnaires»
Finalement, une équipe de scientifiques a ainsi combiné la datation au radiocarbone de 24 échantillons de parchemins et l'analyse graphologique basée sur l'apprentissage automatique pour créer son propre programme d'intelligence artificielle, baptisé Enoch. L'objectif était d'obtenir des estimations de date plus précises.
Ils ont d'abord daté 27 des manuscrits au carbone 14, chacun représentant différents styles d'écriture. Ils ont ensuite entraîné un système d'IA à associer les styles d'écriture à des dates spécifiques pour 24 des manuscrits testés.
Enfin, pour voir si l'IA avait été correctement entraînée, les chercheurs l'ont utilisée pour dater les trois restants. Ils ont ainsi constaté que ses réponses correspondaient à la datation au carbone, et qu'elle était capable d'estimer les dates à environ 30 ans près.
•L'équipe a ensuite utilisé l'IA pour en analyser 135 autres et a découvert que la plupart d'entre eux étaient plus anciens qu'on ne le pensait.
Un style d'écriture ancien, dit asmonéen, pourrait avoir débuté vers 200 av. J.-C., soit un siècle plus tôt que ce que pensaient les spécialistes. Le style hérodien, plus récent, semble également remonter à 80 ans plus tôt que prévu.
•Cela signifie que les deux styles se sont probablement chevauchés pendant plusieurs décennies, contrairement aux hypothèses traditionnelles.
«Les premiers résultats obtenus sont tout simplement révolutionnaires», s'enthousiasme Travis Williams, de l'Université Tusculum, dans le Tennessee. Si la tendance se poursuit parmi les manuscrits restants, ajoute-t-il, cela pourrait «forcer à repenser» la façon dont les gens considéraient l'écriture à l'époque. Certains des manuscrits, comme le Livre de Daniel ou l'Écclésiaste, pourraient même avoir été recopiés du vivant de leur auteur original.
— Source documentaire : Slate Fr
— Vendredi 6 juin 2025
—■ Elena Gillet —
