N’est-il pas vrai que le but de toutes nos actions,
C’est de fuir la douleur et l’inquiétude,
Et que lorsque nous sommes arrivés à ce terme,
L’esprit est tellement délivré de tout ce qui le pouvait tenir dans l’agitation, Que l’homme croit être au dernier période de sa félicité,
Qu’il n’y a plus rien qui puisse satisfaire son esprit et contribuer à sa santé !
La fuite du plaisir fait naître la douleur,
Et la douleur fait naître le plaisir ;
C’est pourquoi nous appelons ce même plaisir
La source et la fin d’une vie bienheureuse,
Parce qu’il est le premier bien
Que la nature nous inspire dès le moment de notre naissance ;
Que c’est par lui que nous évitons des choses,
Que nous en choisissons d’autres,
Et qu’enfin tous nos mouvements se terminent en lui ;
C’est donc à son secours,
Que nous sommes redevables de savoir discerner toutes sortes de biens.
La frugalité est un bien que l’on ne peut trop estimer ;
Ce n’est pas qu’il faille toujours la garder régulièrement,
Mais son habitude est excellente,
Afin que n’ayant plus les choses dans la même abondance,
Nous nous passions de peu,
Sans que cette médiocrité nous paraisse étrange ;
Aussi faut-il graver fortement dans son esprit,
Que c’est jouir d’une magnificence pleine d’agrément
Que de se satisfaire sans aucune profusion.
—Lettre à Ménécée.
—Traduction : Jacques Georges Chauffepié.
—Lefèvre, 1840 (pp. 487-493).
—■ Épicure —