Amour, amour, à la tour du ciel
Les nuages montèrent
Telles de triomphantes lavandières,
Et tout brûla en bleu d'azur,
Tout fut étoile :
La mer, la nef, le jour s'exilèrent ensemble.
Viens voir les cerisiers dans leur eau constellée
Viens voir la ronde clef de l'univers rapide,
Viens toucher le feu de l'azur instantané,
Viens avant que ses pétales soient consumés.
Il n'est ici que lumière, quantités, grappes,
Il n'est qu'espace ouvert
Par les vertus du vent
Jusqu'à livrer
Les derniers secrets de l'écume.
Et parmi tant de bleus célestes,
Submergés, nos yeux se sont perdus,
Ils devinent à peine
Les puissances de l'air
Et les clefs de la mer.
—Extrait de «La Centaine d’Amour»
■—Pablo Neruda—