仝 Les premières origines génétiques de l'Égypte antique enfin décryptées
— Grâce à l'ADN d'un simple potier qui a vécu il y a 4.600 ans, des chercheurs ont pu pour la toute première fois séquencer le génome complet d'un Égyptien de l'Ancien Empire.
—Les résultats de leurs analyses, publiés le 2 juillet dans la revue Nature, viennent de nous confirmer ce que les archéologues soupçonnaient depuis les grandes campagnes de fouilles des années 1970 : le sang de l'Égypte ancienne ne coulait pas dans les veines d'un seul peuple.
≈ Les origines de l'Égypte racontées par un seul homme
• Il vivait vers 2.600 avant notre ère, dans un royaume encore jeune, à peine sorti de ses premières convulsions politiques. L'Égypte entrait alors dans l'ère de l'Ancien Empire, sous la IIIe dynastie. Les querelles de lignées étaient terminées : un pouvoir royal fort s'imposait désormais depuis Memphis, avec une administration naissante, et surtout, une nouvelle idéologie : celle du pharaon, seul dieu vivant sur Terre.
• C'est à cette époque que commencèrent à se dresser les fondations de ce que nous appelons aujourd'hui la civilisation pharaonique : les hiérarchies sociales, les grands chantiers étatiques et les tout premiers tombeaux monumentaux en pierre. Une période très tumultueuse, dont notre homme fut témoin. Simple artisan, potier de son état, probablement doué, si l'on en juge par sa sépulture dans un vase funéraire de grande taille ; un privilège rare pour sa condition.
• C'est dans la nécropole de Nuwayrat, à 265 km au sud du Caire, qu'il a été retrouvé. Il avait été enterré bien avant que la momification ne soit normalisée au sein du peuple égyptien. Ce fut une chance, en réalité, car les produits utilisés pour embaumer les corps ; résines, huiles, natron (substance qui a d'ailleurs donné son nom à cet étrange lac) dégradent fortement l'ADN.
• N'étant pas momifié, les archéologues ont ainsi pu extraire une dent de sa dépouille, puis en analyser l'ADN pour en reconstituer un génome complet. Une première mondiale, car, jusqu'ici, la plupart des études génétiques s'intéressant à l'Égypte antique portaient sur des périodes plus récentes ou des échantillons d'ADN plus préservés.
• Même si les résultats des analyses de cette dent ne surprirent guère les archéologues, ils ont exhumé la première preuve matérielle confirmant leurs intuitions. L'homme de Nuwayrat était majoritairement issu des populations nord-africaines, mais environ 20 % de son patrimoine génétique venait du Moyen-Orient, en particulier de Mésopotamie (Irak et Syrie actuelles).
• Dès la fin de la période prédynastique, l'Égypte ancienne entretenait des échanges fréquents avec les cultures du Levant (Liban, Israël, Palestine, Jordanie) et de Mésopotamie. C'est grâce à des objets retrouvés lors de précédentes fouilles, les égyptologues le savaient déjà : poteries importées, techniques funéraires partagées ou styles artistiques métissés. C'est une réalité qui n'avait jamais été démontrée sur le plan biologique, que l'homme de Nuawayrat vient de nous confirmer.
• Il faut donc renoncer à l'image d'Épinal d'une Égypte antique ethniquement pure ou isolée, véhiculée pendant de longues années : les gènes de ce potier sont la preuve même de ce brassage génétique. Les auteurs soulignent néanmoins que ces résultats ne doivent pas être surinterprétés : une seule séquence ne suffit pas à tirer des conclusions globales sur une population entière.
• Il faudra analyser d'autres génomes encore pour confirmer ou infirmer la réelle fréquence de ces mélanges génétiques au sein du peuple égyptien. Au moins, l'homme de Nuawayrat nous a donné un premier élément de réponse à cette question, qui taraudait l'égyptologie depuis des décennies : les échanges avec l'Asie antérieure ont-ils laissé une empreinte durable dans le sang des Égyptiens ?
≈ Pour la première fois, le génome complet d'un Égyptien de l'Ancien Empire a pu être reconstitué à partir d'une dent vieille de 4.600 ans.
• L'individu, un potier, présentait une ascendance majoritairement nord-africaine, mais aussi moyen-orientale, témoignant de circulations humaines anciennes.
• Cette découverte confirme que les premières dynasties égyptiennes se sont construites dans un contexte de contacts régionaux et de brassage démographique.
— 26 juillet 2025
— Source documentaire : Presse Citron Net
—■ Camille Coirault —