08 août 2025

≡ Le Concile de Nicée

Fresque représentant les évêques assemblés à Nicée, 

Église du monastère de l'Église du monastère Stavropoleos, XVIIIe siècle.



1.700 ans d'un christianisme organisé



À Nicée, des évêques de tout l'Empire romain se sont réunis pour débattre et définir la foi chrétienne.



«Nous croyons en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre…» Ces mots résonnent depuis dix-sept siècles dans les églises chrétiennes du monde entier. Ils sont nés à Nicée, petite ville de Bithynie - aujourd'hui İznik, en Turquie, lors d'un concile convoqué par un empereur romain converti au christianisme : Constantin. 


En 2025, l'Église célèbre les 1.700 ans de ce premier concile œcuménique, événement fondateur qui a défini la foi chrétienne dans sa structure essentielle et qui continue d'influencer la liturgie, la théologie et même les relations œcuméniques contemporaines.


Le besoin d'unité

 

Au début du IVe siècle, dès lors que la foi chrétienne obtint la liberté et la fin des persécutions, avec l'édit de Milan en 313, un autre péril surgit : la division doctrinale. 


N'étant plus occupés à penser à leur survie, les premiers chrétiens pouvaient désormais consacrer plus de temps à réfléchir à leur foi, au Christ et à son message. Ainsi, de nombreux courants de pensée commencèrent à voir le jour, notamment celui d'un certain prêtre alexandrin : Arius. Ce dernier enseignait que le Christ n'était pas Dieu de toute éternité, mais une créature élevée par Dieu, plus noble que toutes les autres, mais non consubstantielle au Père. Cette position, que l'on nommera bientôt arianisme, rencontra un certain succès, notamment auprès de certains évêques d'Orient, mais suscita également une violente opposition.


Conscient du danger de ces divisions pour l'unité de l'Église et, par ricochet, pour la stabilité de l'Empire, Constantin convoqua un concile général à Nicée, en 325. C'était une première : environ 300 évêques, venus de tout le monde chrétien connu, furent invités à se réunir sous l'égide impériale pour débattre et réfléchir sur les fondations de l'Église chrétienne.

 

La foi de Nicée

 

Au terme du concile se terminant, selon la tradition, le 25 juillet 325, ce dernier condamna l'arianisme et proclama le Credo de Nicée, qui affirmait clairement la pleine divinité du Christ : «engendré, non pas créé, de même nature que le Père».


Le concile ne se contenta pas de ce seul point dogmatique. Il adopta également un calendrier unifié pour la célébration de Pâques, mit en place une première structure disciplinaire avec des canons, dont le III interdit notamment aux membres du clergé d'habiter avec des femmes, à moins qu'il ne s'agisse de membres de leur famille. Le concile de Nicée renforça l'autorité des grands sièges épiscopaux, notamment ceux de Rome, d'Alexandrie et d'Antioche.


Néanmoins, l'arianisme ne disparut pas pour autant et fut même soutenu, pendant plusieurs décennies, par certains empereurs. L'histoire de l'Église fut ensuite marquée par un long combat, mené par des figures nicéennes comme saint Athanase, saint Hilaire de Poitiers ou les Pères cappadociens (Basile de Césarée, Grégoire de Nazianze, Grégoire de Nysse), pour défendre la foi de Nicée jusqu'à sa réaffirmation au concile de Constantinople en 381. Ce second concile développa également la doctrine de la Trinité.

 

Un héritage pour les siècles

 

Encore aujourd'hui, le Credo de Nicée-Constantinople est récité chaque dimanche par des centaines de millions de chrétiens, catholiques, orthodoxes et protestants. Il est l'un des rares textes véritablement œcuméniques, commun à la quasi-totalité des confessions issues des premiers grands conciles de l'Église. Sa solennité, sa rigueur doctrinale et sa sobriété en font un pilier théologique et liturgique, transmis sans discontinuer depuis le IVe siècle.


Pour cette raison, les 1.700 ans du concile revêtent une portée symbolique forte. Le pape Léon XIV a ainsi souligné, dans plusieurs interventions, son souhait de célébrer cet anniversaire à Nicée même, avec des représentants des Églises orientales et orthodoxes, dans un esprit de dialogue et de fidélité à cet héritage commun. À ce sujet, il s'est entretenu avec le patriarche de Constantinople Bartholomée, qui lui a proposé la date du 30 novembre, fête de Saint-André, apôtre du Christ.



— 25 juillet 2025
— Source documentaire : Boulevard Voltaire



Eric de Mascureau —