On ne connait pas avec certitude le rôle de ces structures.
Sudeep M via Wikimedia Commons
«La colline des nains»: ce mystérieux site mégalithique indien aurait été construit par un peuple disparu.
≈ C'est en tout cas ce qu'affirment les légendes locales, attribuant les étranges dolmens de ce plateau rocheux à de petites créatures à la force surhumaine.
•Au cœur de l'Inde du Sud, un site archéologique méconnu évoque, de par son atmosphère et les légendes qui l'entourent, un décor tout droit sorti de l'univers de Tolkien : à Hire Benakal, dans l'État du Karnataka, près de mille chambres mégalithiques tapissent un plateau rocheux surnommé «la colline des nains», rapporte un article de la BBC.
Depuis des siècles, les villageois racontent que ces étranges monuments, vieux d'au moins 2.500 ans, auraient été bâtis par un peuple surnaturel de «petits hommes», dotés d'une force prodigieuse.
•À première vue, Hire Benakal ressemble à bien des villages de la région : on y trouve des rizières luxuriantes, des manguiers, quelques briqueteries artisanales et des canaux agricoles. Mais après une heure et demie de marche vers les hauteurs, un plateau rocheux révèle d'énormes blocs formant des chambres de pierre alignées telles des maisons miniatures, presque à perte de vue.
Des cercles de pierres délimitent ce qui fut l'une des plus vastes nécropoles du pays.
Le décor, irréel, évoque un roman fantastique.
•D'imposants mégalithes tiennent en équilibre depuis l'âge du fer malgré leur construction et leur disposition apparemment chaotique. Certaines formations abritent encore des peintures rupestres rouge brique, où l'on devine des bisons stylisés, des sangliers, mais aussi des silhouettes humaines.
Si beaucoup d'archéologues y voient un complexe funéraire ou commémoratif, la véritable vocation du site reste aujourd'hui une énigme.
•La région de Hire Benakal n'a jamais connu l'engouement touristique des temples voisins de Hampi, classés au patrimoine mondial de l'UNESCO. Tandis que Stonehenge attire chaque année plus d'un million de curieux, seuls 20 à 30 visiteurs parviennent à Hire Benakal certains mois, et tout au plus une centaine à la saison fraîche.
Un désintérêt qui explique l'état de conservation incroyable du site.
Les hobbits indiens?
•Le mythe des «moriyars», tel que le rapportent les habitants de la région, ajoute à l'aura mystique du lieu : ces êtres minuscules de la taille d'enfants seraient dotés d'une force surhumaine qui leur aurait permis d'assembler ces monuments. Où sont-ils aujourd'hui?
•La légende raconte qu'ils auraient disparu dans une pluie de feu. Pour justifier cette théorie, certains pointent la précision incroyable des ouvertures circulaires taillées dans la pierre. Difficile, pour l'imaginaire local, d'y voir l'œuvre de simples humains.
Des légendes similaires existent sur d'autres sites mégalithiques du sud de l'Inde.
•Les folkloristes et certains chercheurs avancent l'hypothèse d'une mémoire lointaine d'une espèce humaine disparue, comparable à l'énigmatique Homo floresiensis, dite des «hobbits», retrouvée en Indonésie. Pourtant, toutes les analyses archéologiques disponibles confirment que les bâtisseurs de Hire Benakal étaient des humains comme nous.
La préservation du site n'est pourtant pas assurée.
•Héritage fragile, Hire Benakal subit depuis des années le passage de chercheurs de trésors, des troupeaux, mais aussi celui du temps.
Certaines tombes ont été pillées, d'autres mises à mal par la végétation ou l'érosion, et rien n'est mis en place au niveau local ou national pour protéger ce site rarissime.
— Un classement au patrimoine mondial pourrait en favoriser la conservation… tout en l'exposant à un potentiel nouveau fléau : le tourisme de masse.
≈ Aujourd'hui, la «colline des nains» reste un paradis secret, à la croisée de la légende et de l'archéologie, mais pour combien de temps encore?
— 22 juillet 2025
— Source documentaire : Slate France
—■ Clément Poursain —