Figures spirituelles très respectées, les moines sont plus de 300.000 dans le pays.
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≈ Le scandale secoue le bouddhisme thaïlandais. Vœux de chasteté bafoués, fortunes détournées, extorsions…
— Le scandale qui secoue Bangkok questionne le rôle et la moralité d'une institution censée incarner la sagesse et la sobriété.
•Phra Thep Wachirapamok était un moine respecté de son temple bouddhiste situé dans le centre de Bangkok, en Thaïlande. Pourtant, un jour, il a disparu sans que personne ne sache pourquoi. Récemment, la raison de son départ a enfin été révélée et elle lève le voile sur un scandale qui secoue tout le pays, indique le quotidien britannique The Guardian.
•L'enquête de la police thaïlandaise sur le sort du moine l'a amenée à révéler un scandale sexuel, notamment à la suite de la découverte d'une femme que les enquêteurs soupçonnent d'avoir eu des relations intimes avec plusieurs moines de haut rang. Elle les aurait ensuite fait chanter, les menaçant de tout révéler. Pour rappel, les moines bouddhistes observent (normalement) un vœu de chasteté et de célibat strict.
•Lors d'une perquisition au domicile de la jeune femme au début du mois de juillet, plusieurs téléphones portables ont été découverts, contenant des dizaines de milliers de photos et de vidéos compromettantes du moine disparu, mais aussi de plusieurs autres personnalités bouddhistes.
Ses comptes bancaires ont révélé de nombreux liens avec différents temples : environ 385 millions de bahts (environ 10,2 millions d'euros) lui auraient été versés au cours des trois dernières années. Mardi 15 juillet, cette femme, Wilawan Emsawat, a été arrêtée et inculpée pour extorsion, blanchiment d'argent et recel.
Une institution en crise
•Les scandales de moines aux comportements répréhensibles ne sont pas rares en Thaïlande, mais l'ampleur de cette affaire a choqué les citoyens du pays, suscitant des questions sur la façon dont les bonzes semblent s'être éloignés de leurs croyances. L'histoire a conduit à la défroquation (l'abandon de l'état monastique) et au renvoi d'au moins neuf moines de haut rang.
•L'un des moines impliqués fait face à deux chefs d'accusation : détournement de fonds et faute professionnelle. L'homme a admis avoir emprunté de l'argent au temple, mais a déclaré que c'était uniquement pour aider Wilawan Emsawat dans une entreprise commerciale.
•Une grande partie de la couverture médiatique s'est cependant concentrée sur la femme au cœur du scandale. «Lorsque la déchéance morale du temple est flagrante, c'est la femme qui en porte le chapeau, tandis que les moines sont présentés comme des victimes», a écrit la journaliste Sanitsuda Ekachai dans le Bangkok Post. L'influente éditorialiste thaïlandaise dénonce ce qu'elle qualifie de système féodal dans lequel les moines «vivent dans le privilège, entourés de richesse et de déférence».
•En Thaïlande, les moines reçoivent une petite pension mensuelle, selon leur rang. Cependant, ils peuvent percevoir de nombreux dons, qui s'élèvent parfois à plusieurs milliers de bahts. Un durcissement des lois est envisagé concernant les finances des temples bouddhistes. Le Bureau national du bouddhisme a déclaré que les moines feraient l'objet d'une enquête, quel que soit leur rang. Il a également suggéré de «relancer un projet de loi prévoyant des sanctions pénales pour ceux qui portent atteinte à la réputation du bouddhisme», rapporte également The Guardian.
— Source documentaire : Slate France
— 21 juillet 2025
—■ Lola Buscemi —