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仝 Pour La Plus Grande Gloire De Dieu
■— Saint Ignace incarne un des âges d'or de l'histoire de l'Église : celui de la Réforme catholique. Il est fêté le 31 juillet.
C'est à Paris que l'aventure des jésuites a commencé.
Le 15 août 1534, Ignace et six autres compagnons se rendent dans la petite chapelle des Martyrs, au pied de la butte Montmartre. Tous désireux d'être religieux et de vivre dans la pauvreté, ces compagnons promettent de suivre le Christ et d'évangéliser les musulmans. Ignace est leur chef. Il a alors 43 ans. C'est un étudiant attardé qui a gagné le cœur de ses condisciples avec cette phrase tirée de l'Évangile : «Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il vient à perdre son âme?» (Mt 16, 26).
En réalité, sa vie a basculé treize ans plus tôt, lors du siège de Pampelune en Espagne. Hidalgo, brillant officier, Ignace rêve de la vie de cour, parmi les grands. C'est une forte personnalité, un mondain, bagarreur, dispendieux et coquet. Mais un boulet de canon tiré par les troupes françaises lui brise la jambe et le rend boiteux à vie. Il doit dire adieu à ses rêves de gloire… Lors de sa longue convalescence, il lit des romans de chevalerie, qui le laissent insatisfait, et, en parallèle, dévore la vie du Christ et des saints.
C'est l'illumination, la conversion soudaine et radicale.
Désormais, il veut imiter les plus grands ascètes, et décide même de ne plus se couper les cheveux et les ongles, pour rompre avec sa coquetterie naturelle.
Dès qu'il peut marcher, il se rend dans une grotte à Manrèse, non loin de l'abbaye bénédictine de Montserrat. C'est là qu'Ignace rédige ses fameux Exercices spirituels, qui constituent en quelque sorte l'armature spirituelle de la Compagnie de Jésus — les jésuites —, fondée quelques années après l'expérience de Paris. Avec une organisation militaire et cette devise : «Ad maiorem Dei gloriam» - tout faire «pour une plus grande gloire de Dieu».
À la mort d'Ignace, les jésuites connaissent un développement fulgurant.
Conseillers des papes — on appelle le général des jésuites «le pape noir» —, confesseurs des rois, créateurs d'universités et de séminaires, ils sont sur tous les fronts et dans le monde entier. En 1740, les jésuites dirigent plus de 650 collèges en Europe, 24 universités et plus de 200 séminaires. Leur succès attire des jalousies et des haines féroces, dues surtout à leur soutien inconditionnel au pape et à leur redoutable efficacité.
En France, ils subissent les attaques des jansénistes gallicans, puis des philosophes de l'Encyclopédie. Ils sont bannis en 1763, et deux cents de leurs collèges sont fermés.
En 1773, même le pape Clément XIV décide de la suppression de la Compagnie de Jésus partout dans le monde. Mais, terrorisé par cette décision, il prophétise : «Cette suppression causera ma mort.» Un an après, il meurt ! La Compagnie ne sera rétablie qu'en 1814, avant de connaître à la fin du XX° siècle sa plus grave crise interne.
Reste cependant un héritage spirituel précieux.
Avec les Exercices spirituels, Ignace a livré une méthode éprouvée de combat intérieur pour discerner le bien du mal, se vaincre soi-même et faire la volonté de Dieu - préalable à toute réforme de l'Église et du monde. Il fut aussi un formidable missionnaire plein de zèle :
«Ce n'est pas assez que je serve le Seigneur, disait-il, il faut que tous les cœurs l'aiment et que toutes les langues le bénissent.»
— Samedi 9 août 2025
— Source documentaire : Le JD News
—■ Aymeric Pourbaix —
