✝️ Une Découverte Relance Le Débat. Entre Foi Et Histoire, Cette Révélation Ouvre Un Champ Des Possibles Fascinant Et Inattendu.
• Sur le site énigmatique de Serabit el-Khadim, perché dans le Sinaï égyptien, une récente découverte archéologique vient bouleverser notre vision de l’Histoire.
— En effet, des inscriptions gravées dans la roche, il y a plus de 3.800 ans, pourraient constituer les plus anciennes références extra-bibliques à Moïse jamais retrouvées. Cette révélation, portée par l’archéologue israélien Michael S. Bar-Ron, ouvre un débat fascinant mêlant foi, Histoire et rigueur scientifique.
≈ Une découverte inédite
• Après huit années d’étude minutieuse, le chercheur israélien a analysé les parois rocheuses de Serabit el-Khadim grâce à des scanners 3D mis à disposition par le Harvard Semitic Museum. De cette enquête est ressorti un corpus de 23 mots en écriture proto-sinaïtique, une forme archaïque d’alphabet sémitique datée d’environ –1800 à –1500 avant Jésus-Christ. Certains de ces termes sembleraient renvoyer explicitement au Prophète de l’Exode : « zot mi’Mosche » (« de la part de Moïse ») ou encore « ne’um Mosche » (« une phrase de Moïse »).
• Le lien avec le peuple d’Israël est renforcé par la présence d’inscriptions évoquant « El », une divinité hébraïque primitive. Ce dernier aurait même supplanté d’autres mentions faites à Hathor, la déesse égyptienne de l’amour, de la sexualité, de la maternité, de la musique et de la joie, vénérée sur ce site minier. Cette découverte suggère ainsi une possible rupture théologique et culturelle.
• Toutefois, cette hypothèse reste controversée. Des égyptologues, comme Thomas Schneider, estiment que la lecture de Bar-Ron pourrait être erronée, car le déchiffrement du proto-sinaïtique reste difficile. Une mauvaise identification de certaines lettres pourrait fausser l’interprétation, donnant l’illusion d’un lien avec le prophète Moïse.
≈ Moïse et l’Exode
• Avant cette découverte, aucune preuve archéologique indiscutable n’établissait l’existence de Moïse ni celle de l’Exode en dehors du récit biblique. Le consensus actuel dans la communauté scientifique est que l’archéologie ne confirme ni n’infirme l’Exode, faute d’indices matériels.
• Un jalon important reste, toutefois, la stèle de Mérenptah, vers –1200, qui mentionne pour la première fois l’existence d’un peuple appelé « Israël » en Canaan. Si elle ne parle ni de Moïse ni de l’Exode, elle atteste qu’un groupe identifié comme israélite existait déjà à la fin du XIIIe siècle av. J.-C. Certains chercheurs ont même proposé que Mérenptah, plutôt que Ramsès II, pourrait correspondre au pharaon de l’Exode, mais cela reste une hypothèse.
• Moïse, pour sa part, demeure une figure fondatrice du judaïsme. Selon la tradition, ce premier prophète du peuple élu libéra les israélites de l’esclavage égyptien, reçut les Dix Commandements au mont Sinaï et guida son peuple pendant quarante ans à travers le désert jusqu’à la Terre promise. Mais pour nombre d’historiens, son existence historique est loin d’être établie. Certains voient en lui une figure composite, fruit du mélange de plusieurs récits et de souvenirs historiques, comme l’expulsion des Hyksôs, un peuple d’origine asiatique chassé d’Égypte vers –1550.
≈ Restons prudents
• Si les inscriptions de Serabit el-Khadim sont authentifiées, elles pourraient constituer la plus ancienne mention matérielle attribuée à Moïse, antérieure de près de deux millénaires à toute autre référence extra-biblique. Selon Bar-Ron, leur caractère personnel et poétique laisse penser qu’elles pourraient avoir été gravées par un scribe connaissant les hiéroglyphes égyptiens, mais préférant le proto-sinaïtique pour délivrer un message intime ou sacré.
• Néanmoins, Bar-Ron lui-même appelle à la prudence. Il souligne que tirer des conclusions sur la base d’une ou deux inscriptions isolées serait téméraire ; c’est l’ensemble du corpus qui doit être étudié, confronté et validé par ses pairs. Il déclare ainsi que « tirer des conclusions sur la base d’une ou deux inscriptions serait faible, effectivement, mais elles reposent plutôt sur ce que l’on comprend de l’ensemble complet découvert à Serabit el-Khadim. Je ne saurais trop insister sur l’importance de lire la protothèse que j’ai publiée. »
• Le champ des possibles reste donc ouvert. Cette découverte, si elle était confirmée, pourrait déclencher une nouvelle dynamique d’études interdisciplinaires mêlant épigraphie, égyptologie, histoire et théologie.
— Source documentaire : Boulevard Voltaire
— Samedi 30 août 2025
—■ Eric de Mascureau —
