13 octobre 2025

≡ L’Exorcisme Catholique

Détails du Saint-François de Borgia et le Moribond impénitent de Goya.

 via Wikimedia Commons



⛪️ L’Église catholique n’a pas inventé les exorcismes : on luttait déjà contre des forces invisibles en Mésopotamie



Bien avant d’inspirer le cinéma d’horreur, l’exorcisme catholique s’est construit au fil des siècles, héritier des purifications mésopotamiennes et des luttes théologiques du Moyen Âge. Loin du spectaculaire, il demeure un rituel religieux codifié.



— 24 septembre 2025



Les exorcismes catholiques fascinent le cinéma depuis des décennies, mais leur histoire et leur rituel sont bien plus anciens et nuancés que ne le suggère la pop culture. Dépouillé de ses artifices — des prêtres armés de crucifix et d’eau bénite invoquant la puissance du Christ pour chasser des forces obscures —, il reste un acte religieux structuré, héritier d’une lignée rituelle millénaire et d’un combat complexe contre le mal, rappelle un article du National Geographic.


La pratique de l’exorcisme existe sous différentes formes selon les religions et les sociétés. Dans la tradition catholique, le rituel vise à expulser des démons, mais le mal peut aussi s’incarner comme une tentation ou une souillure spirituelle. Ce rapport à l’adversité et au mal s’est structuré au fil des siècles : des rituels de purification en Mésopotamie, où des prêtres, les « ašipu" (Incantateur), luttaient contre les esprits malveillants; à la Grèce antique, où le « daimôn » désignait aussi bien des forces bénéfiques que mauvaises.


Les textes judaïques relatent également des histoires d’exorcisme, comme celle d’Éléazar, qui extrayait des démons par le nez, invoquant le nom du roi Salomon comme bouclier spirituel. Avec l’essor du christianisme, exorcismes et possessions se sont consolidés, jouant un rôle rassembleur de cohésion communautaire. L’abandon des croyances païennes devint presque un rite obligatoire pour tout nouveau baptisé, parfois accompagné d’exorcismes collectifs et d’onction d’huile consacrée.


✝️ Eau Bénite Et Petite Écharpe Violette


Durant le haut Moyen Âge, chaque chrétien pouvait en théorie « s’auto-exorciser » en priant une sainte figure ou en allant le faire sur une relique sacrée. Mais, sous l’effet des tensions religieuses et des hérésies, l’Église catholique formalise le rite et lui donne un cadre institutionnel. Avec la montée des Cathares et autres cultes dualistes, exorciser devenait aussi un moyen de désavouer la « mauvaise » doctrine, renforçant le lien entre orthodoxie et purification spirituelle.


La publication du Rituel Romain en 1614 marque une étape majeure, codifiant le rite selon des étapes précises qui resteront en vigueur jusqu’aux années 1960 (certaines portions n’étant révisées qu’en 1999). Le prêtre doit revêtir une aube et une étole violette, confesser ses propres péchés, puis diriger le traditionnel « exorcisme » en récitant psaumes, prières et invocations, notamment la Liturgie des Saints et la fameuse formule: « Je t’ordonne, esprit impur, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ… ».


L’utilisation de l’eau bénite, du signe de croix et la visualisation du crucifix rythment ce cheminement, ponctué d’adjurations adressées tant à Dieu qu’au démon lui-même, ce dernier étant sommé de quitter le corps du possédé. Le ritualiste peut adapter certaines formules selon la résistance de l’esprit malin, et la durée totale d’une session varie de l’heure à la journée selon les cas les plus complexes. À la fin, une prière d’action de grâce clôt le rituel, censée garantir la libération et la protection de la personne exorcisée.


✝️ Aujourd’hui, l’exorcisme conserve une place ambiguë au sein de l’Église. 


En 1999, le Vatican publie une version révisée du Rituel, maintenant le lien entre le baptême et la purification, et ouvrant le rite à une lecture moins spectaculaire. La formation des exorcistes et la vérification des possessions supposées sont aujourd’hui des étapes obligatoires. La prudence reste de mise, la pratique devant éviter tout glissement vers le sensationnalisme ou la superstition.




— Source documentaire : Slate Fr




Clément Poursain —