10 avril 2017

En Égypte, Le Calvaire des Coptes…

En Égypte Le Calvaire des Coptes


Un Égyptien tend une croix, originellement prévue pour la fête des Rameaux à Alexandrie, après l’attentat, le 9 avril 2017. (Mohamed El-Shaed - AFP)

Le Calvaire Des Coptes D’Égypte N’en Finit Plus D’énumérer Ses Victimes…

■  Le dimanche 9 avril, jour de la fête des Rameaux date-clé du calendrier chrétien et de la « Semaine Sainte » de Pâques, des terroristes de l’Etat islamique ont frappé deux grandes églises de la communauté copte orthodoxe qui compte 8 à 10 millions de personnes, sur 92 millions d’Égyptiens, tuant plus d’une quarantaine de fidèles et en blessant 130 autres. 

Au Caire, Le Président Al-Sissi A Décrété Un État D’urgence De Trois Mois Dans Tout Le Pays.

Que des chrétiens soient assassinés en pleine messe, dans une église pleine à craquer, relève d’une barbarie sans nom. 

■ Dans l’église Saint-Georges de Tanta, à cent kilomètres du Caire dans le delta du Nil, une bombe placée par des extrémistes islamistes sous un siège a explosé près de l’autel où des prêtres célébraient l’office. Une trentaine de fidèles ont été tués sur le coup. 

■ Peu après, un deuxième attentat-suicide a suivi dans la cathédrale Saint-Marc, berceau historique de l’Eglise copte à Alexandrie, la plus grande ville du nord du pays, faisant cette fois plus d’une vingtaine de victimes. L’édifice avait été pourtant placé sous haute sécurité pour la visite du « Pape » copte orthodoxe Tawadros II, une première à Alexandrie depuis 2012.

 Ces nouvelles attaques interviennent quatre mois seulement après un autre terrible attentat revendiqué par Daech qui avait frappé, le 11 décembre 2016 au Caire, l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul, faisant déjà pas moins de 29 morts. 

Plus récemment, après une série de meurtres et d’agressions, des dizaines de familles coptes ont dû fuir la région du Sinaï, théâtre d’une guerre implacable depuis des mois entre les djihadistes et l’armée égyptienne.

En Attendant Le Pape

C’est dans ce contexte terroriste aggravé que le pape François doit se rendre en Egypte, les 27 et 28 avril, pour renforcer les liens du Vatican, d’une part avec cette grande Eglise copte orthodoxe séparée des catholiques depuis des siècles, mais en voie de réconciliation; d’autre part avec l’Université Al-Azhar du Caire, le phare de l’islam sunnite, la plus prestigieuse institution théologique du monde musulman. 

Mais Cette Visite À Haut Risque Aura-t-elle Lieu?

Des hésitations commençaient lundi matin à se manifester au Vatican.

L’enjeu du voyage du pape François au Caire est pourtant capital. Sa visite est destinée à condamner solennellement l’entreprise djihadiste au Moyen-Orient et à montrer comment le dialogue entre chrétiens et musulmans, dans cette terre endeuillée et déchirée, peut être une précieuse contribution à la paix. 

Mais c’est précisément cette entreprise de reconnaissance et de dialogue entre les deux grandes religions que veulent détruire les fanatiques islamistes qui sèment la peur, la violence et la mort. Un renoncement du pape à cette visite en Egypte serait un terrible succès pour Daech!

Le Drame De Tous Les Chrétiens D’Orient

Si les croyants musulmans restent les principales victimes du terrorisme islamique, la malédiction qui poursuit les chrétiens minoritaires dans les pays arabes, forces de médiation et de modération en Orient antérieure à l’islam (7e siècle), devient aujourd’hui un enjeu pressant de civilisation. 

L’état des lieux y est dramatique : 

À Mossoul, se joue en ce moment le sort de centaines de milliers de chrétiens irakiens chassés, l’été 2014, de la plaine de Ninive par les combattants de l’Etat islamique. 

En Syrie, depuis le début de la guerre civile, la minorité chrétienne du pays se trouve tragiquement prise en tenaille, obligée, dit-elle, de soutenir le dictateur sanguinaire Bachar al-Assad, au risque de tomber sous la coupe de la majorité sunnite du pays et des factions terroristes qui se disputent le monopole du djihad.

En Egypte, les Coptes ne sont pas en reste. Ils représentent la plus ancienne, la plus grande et prestigieuse communauté chrétienne du monde arabe. Ils ont été, dans le passé récent, moins tentés et touchés par l’exil en Occident que les autres chrétiens libanais, syriens, irakiens ou palestiniens. 

Les Coptes restent presque la force vive du christianisme dans cette terre du Moyen-Orient qui l’a vu naître, il y a deux mille ans. 

Mais, devant la marée montante des courants musulmans extrémistes et le développement des actes djihadistes, la question de la survie des Coptes est désormais brutalement posée.

Un Peuple « de Martyrs Et De Saints » Dans La Citadelle De L’islamisme


— Lundi 10 avril 2017


▲ Aron O’Raney —